Cancer du poumon : nouvelles preuves de la pertinence du dépistage précoce par TDM aux USA
LUNDI 03 JANVIER 2022
Une nouvelle étude parue dans le JAMA objective une baisse du taux de cancer du poumon de 4% par an pendant dix ans. Ce résultat est en partie dû au dépistage précoce, notamment par TDM low dose. Mais les chercheurs estiment que les patients cibles ne sont pas toujours réceptifs aux appels à dépistage. Ils souhaiteraient, par ailleurs, étendre celui-ci à d’autres populations.

Une nouvelle étude initiée au Mount Sinai Health System de New York (USA) confirme la tendance selon laquelle le dépistage précoce du cancer du poumon par scanner low dose fait baisser significativement le nombre de décès dus à cette pathologie depuis plusieurs années.
Le cancer du poumon en forte baisse aux USA
Cette étude, publiée en décembre 2021 dans le Journal of American Medical Association (JAMA) Network Open, détermine la détection plus précoce du cancer du poumon par un dépistage accru par tomodensitométrie (TDM) low dose ainsi que par des TDM de suivi des cancers d'autres organes ou d’autres maladies. Une fois ces nodules précancéreux et précoces détectés, ils peuvent être retirés par chirurgie, souvent curative selon l'étude.
« C'est la première fois qu'une grande étude basée sur la population a démontré une diminution de la mortalité par cancer du poumon grâce à une détection précoce lorsque les tumeurs sont plus petites et plus curables, précise l'auteur principal de l'étude, le Dr Raja M. Flores, Président de chirurgie thoracique au Mount Sinai Health System. Cette étude met l'accent sur l'impact du dépistage suivi d'une intervention chirurgicale pour sauver des vies chez les personnes à haut risque de cancer du poumon."
Le cancer du poumon est diagnostiqué chez plus de 200 000 personnes chaque année et reste l'une des principales causes de décès par cancer aux États-Unis. Les programmes de sevrage tabagique après le rapport historique du Surgeon General de 1964 ont contribué à une certaine baisse de l'incidence du cancer du poumon, mais cela n’est pas suffisant pour faire disparaître cette maladie mortelle. Le dépistage précoce de la maladie semble pertinent dans ce cadre, c’est la raison pour laquelle les chercheurs du Mount Sinaï ont exploré ce champ.
Une étude objective une baisse de 4% chaque année pendant dix ans
Ils ont réalisé une analyse rétrospective de 312 382 patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules, qui représente la grande majorité des cas de cancer du poumon, du programme Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER), une cohorte faisant autorité pour les statistiques sur le cancer. En utilisant des données de 2006 à 2016, les chercheurs ont découvert qu'en moyenne, les décès par cancer du poumon diminuaient d'environ 4 % chaque année, ce qui est conséquent.
Au cours de la même période, les diagnostics à un stade précoce sont passés de 26,5% à 31,2% tandis que les diagnostics à un stade avancé ont diminué de 70,8 à 66,1. Les deux sont considérés comme des changements importants, confirmés par les taux de survie qui en résultent et qui montrent que la durée médiane de survie des patients atteints d'un cancer du poumon à un stade précoce était de 57 mois, tandis que la médiane pour un cancer à un stade avancé était de sept mois.
Des patients cibles pas toujours réceptifs aux appels au dépistage
En 2013, au cours de la période d'étude, l’U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF) a recommandé que les personnes à risque soient dépistées chaque année pour le cancer du poumon par TDM low dose, qui détecte le cancer dans 24,2% des examens contre 6,9% pour la radiographie pulmonaire. « Ces résultats, dans le contexte d'études antérieures, semblent suggérer que la sensibilisation au dépistage du cancer du poumon par TDM est associée à une détection plus précoce du cancer du poumon non à petites cellules, mais malheureusement, l'adhésion des patients aux directives de l'USPSTF reste faible, à environ 5% des personnes qui répondent aux critères, ajoute l'auteur de l'étude, le Pr Emanuela Taioli, Directrice de l'Institut d'épidémiologie translationnelle et directrice associée pour la science de la population au Tisch Cancer Institute du Mont Sinaï. Cela signifie que nous ne pouvons pas seulement attribuer le dépistage par TDM à une diminution de la mortalité, mais nos résultats renforcent l'importance du dépistage dans la détection précoce, l'intervention et le traitement efficace du cancer."
Un programme pour élargir le nombre de personnes éligibles au dépistage par TDM low dose
Le Pr Claudia Henschke, Professeure de radiologie diagnostique, moléculaire et interventionnelle à l'école de médecine Icahn du Mont Sinaï, dirige l'un des plus grands programmes de dépistage du cancer du poumon aux États-Unis et supervise un registre international de plus de 80 000 dépistages du cancer du poumon. Elle souligne la nécessité de s'assurer que les personnes éligibles au dépistage y adhèrent et que des recherches soient menées pour étudier notre capacité à élargir le nombre de personnes éligibles étant donné l'augmentation du nombre de patients non-fumeurs atteints de cancer du poumon détecté plus tardivement.
« Si toutes les personnes éligibles au dépistage faisaient l’objet d’une TDM low dose, nous pourrions sauver jusqu'à 80% de ces personnes, conclut le Pr Henschke. Notre programme de dépistage du cancer du poumon est ouvert à toutes les personnes à risque de cancer du poumon, à toute personne âgée de 40 ans et plus, qu'elle n’ait jamais fumé, ou qu’elle soit fumeuse actuelle ou ancienne. »
Bruno Benque avec Mount Sinaï Health System