Bactéries et champignons intestinaux apportent une réponse différente à la radiothérapie
LUNDI 30 AOûT 2021
Le système immunitaire joue un rôle majeur dans le cadre d’un traitement oncologique. Une équipe de chercheurs américains a identifié la différence entre l’effet des bactéries et celui des champignons sur l’impact de la chimiothérapie sur les cellules cancéreuses. Cela pourrait améliorer encore l’efficacité de la radiothérapie associée à l’immunothérapie.

Une étude publiée dans la Revue Cancer Cell complète des travaux antérieurs centrés sur le rôle des bactéries intestinales pour influencer les réponses immunitaires à la chimiothérapie et à l'immunothérapie. Ici, les chercheurs ont exploré le rôle des bactéries et les champignons de l'intestin dans la réponse à la radiothérapie.
Des réponses immunitaires différentes selon les champignons ou les bactéries intestinaux
Les micro-organismes dits commensaux sont des bactéries et des champignons « amicaux » présents dans l’intestin, qui aident à traiter les nutriments et jouent un rôle clé dans la régulation du système immunitaire. Une équipe du Cedar-Sinaï Cancer, menée par le Pr Stephen L. Shiao et le Pr Dan Theodorescu, a découvert que la réduction des niveaux de champignons commensaux dans les intestins améliorait la réponse immunitaire anti-tumorale chez les souris après une radiothérapie. A l'inverse, ils ont montré que l'épuisement des bactéries commensales réduisait la réponse anti-tumorale.
« Les scientifiques savent depuis longtemps que les bactéries dans l'intestin influencent le système immunitaire, remarque le Pr Stephen L. Shiao, Professeur agrégé de radio-oncologie et de sciences biomédicales au Cedars-Sinai Cancer. Nous pensons maintenant qu'il existe une relation yin-et-yang entre les bactéries intestinales et les champignons. Si vous épuisez les bactéries avec l'utilisation d'antibiotiques, par exemple, cela perturbe l'équilibre du microbiome. L'effet est de créer un espace pour que les champignons prolifèrent et atténuent la réponse immunitaire anti-tumorale.
Des recherches animales expérimentées sur des cas cliniques
L'impact potentiel de cette découverte est de grande envergure car près de la moitié des patients diagnostiqués avec un cancer font l’objet d’un traitement de radiothérapie. Il peut sembler étrange que les bactéries et les champignons de l'intestin puissent affecter la réponse à la radiothérapie dirigée contre les cancers d'autres organes. Ce lien est en fait enraciné dans la relation entre la biologie du cancer et le système immunitaire. Certains types de cellules immunitaires patrouillent en effet dans le corps pour identifier et détruire les cellules tumorales. Cette réponse immunitaire est façonnée par le microbiome. Des capteurs sur les cellules immunitaires détectent des microbes spécifiques qui stimulent différentes réponses.
Les chercheurs ont découvert qu'un de ces capteurs, Dectin-1, détecte un sucre présent uniquement à la surface des champignons qui déclenche un signal de freinage de la réponse immunitaire. En revanche, les bactéries envoient des signaux qui renforcent les réponses immunitaires. En réduisant le nombre de champignons dans les intestins des souris, l'équipe d'étude a pu renforcer l'attaque du système immunitaire contre la tumeur après une irradiation.
Des promesses pour une radiothérapie encore plus efficace
Bien que les principales expériences de l'étude aient été réalisées sur des souris, l'équipe du Cedars-Sinai a également examiné le niveau de Dectin-1 chez des patientes atteintes de tumeurs mammaires. Ils ont découvert qu'une expression plus élevée de Dectin-1 était associée à une plus mauvaise survie. Au cours de leurs prochains travaux, les chercheurs espèrent caractériser la diversité des micro-organismes intestinaux chez les patients cancéreux sous traitement afin de mieux comprendre les mécanismes par lesquels le microbiote intestinal, comme les bactéries et les champignons, influence les thérapies contre le cancer.
« La radiothérapie a toujours été une partie importante du traitement du cancer. Aujourd'hui plus que jamais, l'administration précise du rayonnement et sa combinaison avec l'immunothérapie rendront cette thérapie encore plus efficace pour nos patients, poursuit le Pr Dan Theodorescu, Directeur du Cedars-Sinaï et Professeur de chirurgie. Cette étude représente une avancée significative dans le domaine du cancer."
Bruno Benque avec Cancer Cell