Littérature scientifique : les femmes radiologues sous-représentées au niveau international
MERCREDI 17 MARS 2021
Une étude française publiée dans la Revue Radiology objective une sous-représentation des radiologues femmes dans les postes clés de la littérature scientifique de la spécialité. Les disparités identifiées sont notamment présentes dans les revues de référence et le premier confinement n’a semble-t-il pas atténué ces différences.

Aujourd'hui, dans de nombreux pays, les femmes représentent la moitié des étudiants en médecine et le nombre d'étudiantes qui choisissent de poursuivre leur carrière en imagerie médicale (radiologie et médecine nucléaire) est en augmentation.
Les femmes radiologues sous-représentées dans la littérature scientifique
Mais les femmes sur le terrain sont confrontées à des défis, tels que la culture et les réseaux dominés par les hommes, le manque de mentors féminins et les préjugés sexistes dans le recrutement, le financement de la recherche, les relectures par les pairs ou les citations. Dans une étude française publiée le 16 mars 2021 dans la Revue Radiology, les chercheurs ont étudié l’évolution de ces contraintes pour voir si la pandémie de COVID-19 avait eu un impact sur la publication scientifique par des femmes médecins en imagerie médicale.
Pour se faire, ils ont effectué une analyse bibliométrique descriptive du genre du premier et du dernier auteur des articles soumis aux 50 meilleures revues d'imagerie médicale, selon leur impact factor, de mars à mai 2020 (n = 2480) par rapport à la même période de l'année 2018 (n = 2238) et 2019 (n = 2355). Le titre du manuscrit, la date de soumission, le prénom et le nom des premiers et derniers auteurs, l’impact factor de la revue et le pays de provenance de l'auteur ont été enregistrés.
Des disparités selon la notoriété de la revue qui n’ont pas été atténuées par le premier confinement
Ce travail a montré qu’en imagerie médicale, un premier auteur sur trois (31,6%) et un dernier auteur sur cinq (19,3%) étaient des femmes. Cet écart entre les sexes a été retrouvé pour les articles soumis lors du premier confinement de 2020. À l’inverse, les femmes placées comme premier et dernier auteurs d'articles liés au COVID-19 étaient surreprésentés dans les revues de rang inférieur.
Aucun rapprochement n'a été trouvé entre le genre du premier et du dernier auteur, l'année de publication et le continent de provenance. D’autre part, le premier et le dernier auteur d'articles de haut rang n'étaient pas en faveur des femmes nord-américaines quelle que soit l'année, alors que des taux plus élevés de dernier auteur féminin d'articles de haut rang ont été observés en Europe en 2018-2019, en augmentation en 2020. En Asie enfin, le sexe féminin comme premier auteur d'articles de faible rang était bien représenté en 2020, de même que les femmes premier et dernier auteurs d'articles liés au COVID-19 étaient surreprésentées pour les articles de rang inférieur.
Des taux en rapport avec la population féminine de radiologues
« La domination masculine dans les cas de premier et de dernier auteur des publications d'imagerie était évidente dans le top 50 des revues d'imagerie médicale au cours des années 2018 à 2020, résument les chercheurs. Le premier confinement dû à la pandémie COVID-19 en 2020 n'a pas substantiellement modifié ce déséquilibre. Les décideurs et les médecins doivent être conscients des préjugés sexistes explicites et implicites qui affectent les publications scientifiques dans notre spécialité. »
Ils remarquent toutefois que les pourcentages de femmes premières et dernières auteurs évoqués ici se retrouvent dans la disparité entre les sexes dans les ressources humaines d'imagerie médicale dans le monde. Les études portant sur ce problème montrent en effet que les femmes représentent 33,5% des radiologues dans le monde, avec de grandes disparités entre les pays. En Europe, cet écart est moindre pour les jeunes générations, comme en témoigne les adhésions à l’European Society of Radiology (ESR).
Bruno Benque avec RSNA