Étude randomisée italienne sur la tomosynthèse vs mammographie numérique
MERCREDI 06 JUIN 2018
La combinaison de la mammographie numérique et de la tomosynthèse détecte 90% de cancers du sein de plus que la mammographie numérique seule, selon une étude publiée en ligne dans la revue Radiology. Mais la tomosynthèse est cintraignante si l'on veut l'appliquer au dépistage du cancer du sein.

La tomosynthèse est une technologie d'imagerie qui utilise une série d'expositions mammographiques à faible dose pour fournir une reconstruction 3D du sein.
Les surdiagnostics liés à la tomosynthèse
Dans les études comparant cette technologie à la mammographie numérique sur les mêmes femmes, elle s'est révélée plus sensible pour la détection des cancers. Mais malgré cela, elle est souvent accusée de fournir des surdiagnostics. Pour en savoir plus sur l'impact de celle-ci sur la sensibilité et sur le taux de rappel, ou sur le taux de rappel des femmes pour un complément au dépistage basé sur des résultats suspects, une équipe italienne de chercheurs a comparé 9 777 femmes randomisées à la mammographie numérique et à la tomosynthèse dans une étude publiée dans la revue Radiology.
D'excellents résultats selon une étude italienne récente
La combinaison de la mammographie numérique et de la tomosynthèse a permis de détecter 8,6 cancers par 1 000 cas, avec une prévalence pour les lésions de petite et de moyenne taille, soit un taux presque deux fois plus élevé que celui des 4,5 pour 1 000 détectés par mammographie seule. Le taux de rappel était de 3,5% dans les deux groupes. La tomosynthèse seule a détecté 72 des 80 cancers détectés dans le groupe mammographie / tomosynthèse combinés. "La tomosynthèse et la mammographie numérique sont beaucoup plus sensibles que la mammographie numérique, a déclaré le chercheur principal de l'étude, le Dr Pierpaolo Pattacini, radiologue et directeur du département de radiologie de l'AUSL de Reggio Emilia, en Italie. Et la tomosynthèse seule montre d'excellents résultats."
Mesurer l'impact de cette sensibilité sur son incidence vis à vis de la mortalité
Alors que la sensibilité de la tomosynthèse semble en faire un choix logique pour les programmes de dépistage du cancer du sein, le co-auteur, le Dr Paolo Giorgi Rossi, directeur de l'unité d'épidémiologie de l'AUSL Reggio Emilia, a déclaré que plus de recherches sont nécessaires pour évaluer le pronostic et la réduction de la mortalité liée au cancer du sein obtenus par tomosynthèse, contre tout effet indésirable. "Si ces petits cancers ne mettent jamais la vie en danger, alors nous augmentons le surdiagnostic et n'affectons pas la mortalité, a-t-il dit. Ainsi, nous devons obtenir une mesure de l'impact de ce taux de détection plus élevé sur l'incidence des cancers avancés et des cancers d'intervalle dans les années suivantes."
Les contraintes pratiques de la tomosynthèse pour les campagnes de dépistage
Selon le Dr Giorgi Rossi, le temps de lecture supplémentaire requis par les images de tomosynthèse est un autre aspect de la technologie qui doit être pris en compte. "Pour les programmes de dépistage financés par l'État, cette augmentation du temps de lecture serait un gros problème, qui contraindrait leur durabilité, a-t-il déclaré. La mise en œuvre de la tomosynthèse dans les programmes de dépistage public nécessiterait de repenser les protocoles et les technologies de lecture pour réduire ou éliminer les coûts supplémentaires." La nouvelle recherche représente une analyse préliminaire de l'essai Reggio Emilia Tomosynthesis (RETomo), une étude plus vaste dans laquelle les chercheurs se pencheront sur les cancers d'intervalle, ou ceux détectés entre les examens de dépistage, et l'incidence cumulative des cancers avancés.
Pour avoir des estimations plus précises et plus fiables de ces résultats, les chercheurs font la promotion d'un réseau d'essais en cours sur la tomosynthèse avec un modèle d'étude similaire à travers l'Europe. "Une fois que nous aurons cette preuve, les conséquences pour le dépistage pourraient être encore plus importantes qu'un simple passage de la mammographie numérique à la tomosynthèse, a déclaré le Dr Giorgi Rossi. Par exemple, il pourrait être approprié d'adopter des intervalles plus longs entre les campagnes."
Bruno Benque