La télé-échographie en routine au CH de Lannemezan
MERCREDI 05 AVRIL 2017
Un symposium organisé par AdEchoTech lors des 58èmes Journées scientifiques de l’AFPPE a permis à un manipulateur et un radiologue d’intervenir pour exprimer les atouts de la télé-échographie au CH de Lannemezan. Professionnels et patients sont enthousiastes au sujet de cette technologie.

À l’occasion des Journées scientifiques de l’AFPPE, qui se sont tenues à Bordeaux les 30 et 31 mars 2017, AdEchoTech organisait un symposium pour présenter une organisation de télé-échographie mise en place à Lannemezan (65).
Moins de deux radiologues pour faire fonctionner le service
Dans cette région rurale, le Centre Hospitalier ne peut compter que sur moins de 2 ETP de radiologues. L’activité d’échographie y représente 1/3 de l’activité, ce qui pose problème pour assurer une continuité de la prise en charge des patients pour cette modalité. Si les examens en coupe font l’objet de vacations de téléradiologie et ne nécessitent pas le transfert des patients vers d’autres centres d’imagerie, ce n’est pas le cas pour l’échographie. Parmi les solutions envisagées, le recrutement d’un nouveau radiologue ou l’obtention d’un DIU d’échographie par les manipulateurs n’ont pas abouti. Aucun praticien n’a été trouvé et la pratique de l’échographie par les manipulateurs nécessite la présence d’un radiologue.
Une délégation de tâches et non de compétences
La télé-échographie a donc été adoptée dans cet établissement. AdechoTech a donc été choisi pour piloter ce projet et mettre à disposition son dispositif Melody. Lors du symposium, M.Costa, manipulateur, a témoigné de cette expérience, lui qui se trouve auprès du patient lorsque cet examen lui est pratiqué. ”La télé-échographie ne remplace pas le radiologue, a-t-il précisé. Elle lui permet d’intervenir à distance. Il s’agit d’une délégation de tâches, et non de compétences.” Tous types d’échographies sont possibles avec cette technologie, sauf les endocavitaires, et 8 à 9 patients peuvent être explorés au cours d’une vacation. ”Lors de l’accueil du patient, notre premier travail est de bien lui expliquer le déroulement de l’examen et de le mettre en contact, via nos outils vidéos, avec le médecin qui le rassure et le met en confiance, poursuit-il. Les patients sont pour la plupart curieux et enthousiastes au sujet de cette technologie. Nous n’avons essuyé que deux refus en deux ans et 700 examens.”
9 manipulateurs formés à cette pratique
Ce sont seulement les échographies abdo-pelviennes qui sont pratiquées de la sortes à Lannemezan. 9 manipulateurs ont été formés à cette discipline et le radiologue est très investi, ce qui permet de constituer à chaque session un binôme efficace. ”L’ensemble de l’appareillage, support de sonde et robot notamment, est très ergonomique et facile à mouvoir, remarque M. Costa. L’examen ne dure pas plus longtemps qu’une exploration classique, mais le radiologue tient à garder le contact avec le patient après celui-ci pour lui donner les premiers résultats et dédramatiser, si besoin. Il sélectionne ensuite, à distance, les images qu’il souhaite grader et les envoie au PACS du CH de Lannemezan. Il ne lui reste plus qu’à dicter son compte rendu par reconnaissance vocale.”
Un radiologue investi, qui prend plaisir à participer à cette expérience
C’est le Dr Dabadie qui est chargé de réaliser, à distance, les examens du CH de Lannemezan. Il a fait part, lors de ce symposium, de son plaisir de participer à une telle expérience par la complicité qui se crée entre lui et les patients durant ces vacations. ”Cela ne pose aucune difficulté pour le radiologue que je suis, précise-t-il. Voilà 18 mois que je travaille sur le dispositif Melody pour le CH de Lannemezan, et, avec le recul, je dois dire que les patients en sont enchantés. Cette technologie est très fiable techniquement. Le manipulateur positionne le robot sur le patient et applique une pression si je la lui demande, et c’est moi qui, en faisant bouger ma sonde factice depuis mon bureau, manipule la sonde d’échographie sur le patient. le coût du matériel est, de plus, largement équilibré par les économies réalisées en gardant les patients dans l’établissement.”
Du coup, un autre projet est en préparation, qui concerne les détenus du centre pénitentiaire voisin. Ceux-ci font l’objet d’une extraction à chaque fois qu’ils doivent subir une échographie. La télé-échographie pourrait, dans ce cas, permettre de faire baisser le nombre d’extractions et réduire les coûts de transferts et de mobilisation de forces de l’ordre.
Bruno Benque