La TDM pour le diagnostic opportuniste de la sarcopénie
LUNDI 19 MAI 2025
Selon une revue systématique et une méta-analyse publiées dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), les valeurs de référence et les seuils d'index du muscle squelettique (IMS) et de densité musculaire squelettique (DMS) peuvent renforcer l'intérêt de l'imagerie par TDM opportuniste pour le diagnostic de sarcopénie.

La santé musculaire squelettique est un indicateur positif essentiel de l'état de santé général. Chez les patients atteints de sarcopénie, la déplétion musculaire est un facteur de risque qui peut être atténué par des interventions personnalisées - exercice physique, nutrition -. De même, la « pré-réadaptation » peut réduire les effets indésirables postopératoires et la durée d'hospitalisation.
Une pathologie qui allie faible force musculaire et qualité des muscles en baisse
Initialement définie en 1989 comme une perte chronique et progressive de la masse musculaire (myopénie) chez les personnes âgées, la sarcopénie a évolué vers des mesures de la qualité musculaire ainsi que des critères - faible force, une faible performance physique -. Les critères diagnostiques largement utilisés du Groupe de travail européen sur la sarcopénie chez les personnes âgées définissent la sarcopénie comme la présence à la fois d'une faible force musculaire - force de préhension < 27 kg chez les hommes et < 16 kg chez les femmes - et d'une faible masse ou qualité.
L'indice de masse musculaire squelettique (IMS - calculé comme la surface transversale totale du muscle squelettique divisée par le carré de la taille du patient -) et la densité musculaire squelettique (DMS - mesurée comme l'atténuation moyenne [en unités Hounsfield] de tous les pixels inclus dans la surface transversale totale du muscle squelettique -) sont des mesures tomodensitométriques (TDM) largement utilisées pour mesurer la masse et la qualité musculaires. Cependant, aucune valeur de référence ni seuil normal n'a été adopté pour ces mesures dans les huit recommandations sociétales et consensuelles sur la sarcopénie.
Des scores T qui suggèrent des différences de DMO entre sujets jeunes et population moyenne
Le consensus de 2024 de la Global Leadership Initiative in Sarcopenia a conclu que la sarcopénie devait être définie comme une maladie potentiellement réversible caractérisée par une faible masse musculaire et une faible force musculaire. D’autre part, l'adoption clinique de la mesure de la densité minérale osseuse (DMO) par ostéodensitométrie (DXA) pour le dépistage de l'ostéoporose a été facilitée par la publication uniforme des scores T, reflétant la différence d'écart-type entre la DMO d'un individu et la DMO moyenne des jeunes adultes du même sexe.
Le dépistage opportuniste de la sarcopénie et de la myostéatose par TDM bénéficierait de la disponibilité de seuils standardisés pour l'IMS et la DMS, comparables aux seuils de T-score utilisés pour la mesure de la DMO. Ces seuils pourraient guider la stratification individualisée du risque. C’est pour aller plus loin que des chercheurs ont entrepris une méta-analyse de la littérature scientifique sur ce thème qu’ils ont publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR).
Une méta-analyse qui évalue la pertinence de la TDM comme mode de découverte opportuniste
« Cette méta-analyse d'études réalisées chez de jeunes adultes en bonne santé fournit des valeurs moyennes de référence et des seuils standardisés analogues à un T-score de -2 pour l'IMS et la DMS au niveau L3 sur la TDM abdominale », explique l'auteur correspondant, le Dr Robert D. Boutin, du département de radiologie de la faculté de médecine de l'université Stanford à Palo Alto (Californie – USA).
Le Dr Boutin et ses collègues ont effectué des recherches dans les bases de données PubMed, Embase, Cochrane Library, Web of Science et Scopus jusqu'au 1er janvier 2025 pour trouver des études rapportant l'IMS et/ou la DMS sur la TDM au niveau vertébral L3 chez de jeunes adultes en bonne santé (âgés de 18 à 45 ans).
Des recherches qui confirment l’intérêt de la TDM pour identifier l’hétérogénéité des densités et des index de muscles squelettiques
Pour l'IMS et la DMS chez les hommes et les femmes, l'équipe a utilisé une méta-analyse à effets aléatoires pour estimer l'écart-type inter-études et les valeurs moyennes pour une population mondiale théorique de jeunes adultes en bonne santé. La présence d'une hétérogénéité significative entre les moyennes des études individuelles a été évaluée par la statistique Q. Les valeurs seuils pour la population globale théorique des auteurs de l'AJR, correspondant à un T-score de -2, ont été calculées en intégrant les résultats de la méta-analyse et la variance intra-étude groupée.
Les chercheurs ont retiré de l'analyse groupée des études réalisées auprès de jeunes adultes en bonne santé, provenant de sept pays, des valeurs seuils correspondant à des T-scores de -2 pour le SMI (16 598 individus) de 36,3 et 27,5 respectivement, pour les hommes et les femmes, et pour le SMD (11 175 individus) de 36,4 UH et 28,1 UH respectivement, pour les hommes et les femmes.
Paco Carmine