Prédire le cancer du sein avec le gradient-echo spectroscopic imaging
VENDREDI 10 JUIN 2016
Une étude publiée dans la revue "Radiology" élabore, grâce aux nouvelles techniques d'IRM, un lien possible entre les acides gras dans la poitrine et le cancer du sein chez les femmes ménopausées.

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue "Radiology", les acides gras dans la poitrine peuvent être des indicateurs sérieux de cancer chez les femmes ménopausées. Les résultats pourraient aider les chercheurs à déterminer les mécanismes qui sous-tendent le développement du cancer du sein chez certains patients.
L'indice de masse corporelle comme indice de prévalence
Le rôle de la graisse dans le développement du cancer du sein et de la croissance a été largement étudié en utilisant l'indice de masse corporelle (IMC) et la consommation de graisses alimentaires. "L'IMC est un indice important pour étudier le développement du cancer du sein a déclaré le Dr Sungheon du Centre médical de l'Université de New York Langone (NYUL). L’augmentation de l'IMC peut agir comme un effet protecteur chez les femmes pré-ménopausées. En revanche, les femmes ménopausées ont quant à elles un risque accru de développer un cancer du sein avec l'augmentation de l'IMC".
Mesurer les sécrétions du tissu adipeux avec le gradient-echo spectroscopic imaging
Le mécanisme exact qui régit cette évolution n’est pas entièrement compris. Une des possibilités est la production augmentée d'oestrogène et/ou d’adipokines, qui sont des protéines de signalisation cellulaire sécrétées par le tissu adipeux. Mais il y a eu peu d'études qui s’intéressent spécifiquement au rôle de la graisse du sein dans le développement du cancer. "Grâce au développement d'une nouvelle méthode d’IRM, nous avons pu mesurer directement la production d'oestrogène et/ou d’adipokines dans le tissu où le cancer du sein commence dans l'espoir de comprendre comment le tissu adipeux est en corrélation avec le cancer" précise le Dr Melanie Freed, chercheur principal de l'étude. Des chercheurs de la NYUL ont développé une méthode d'IRM intitulé "gradient-echo spectroscopic imaging" qui permet d'estimer les fractions de différents types de graisses dans le tissu adipeux du sein.
Des résultats qui tendent à valider les hypothèses
Quatre-vingt-neuf patientes ont été incluses dans l'analyse finale. La taille et le poids de chaque patiente ont été mesurés au moment de l'examen et leur IMC a été calculé. Cinquante-huit femmes étaient pré-ménopausées et 31 étaient ménopausées. L’état d’avancée du cancer du sein a été déterminé par un examen du dossier médical des patientes. Quarante-neuf patientes présentaient des tissus bénins du sein, 12 avaient un carcinome canalaire in situ, et 28 avaient un carcinome canalaire invasif.
Les résultats ont montré qu'une plus grande proportion d'acides gras saturés et une proportion plus faible d'acides gras mono-insaturés sont présents dans le tissu mammaire des femmes ménopausées atteintes d'un cancer canalaire invasif. Parmi les femmes avec des lésions bénignes, les femmes ménopausées présentaient des acides gras polyinsaturés significativement plus élevés dans leurs seins que les femmes pré-ménopausées.
Une étude à approfondir
La recherche n’a montré aucune corrélation entre l'IMC et les fractions d'acides gras dans les tissus mammaires, ce qui suggère que le type d’acides gras qui composent le tissu adipeux du sein donne de nouvelles informations au-delà de la quantité de graisse corporelle globale. "Notre recherche est en cours, a déclaré le Dr Kim. Nous avons besoin d’étudier plus en profondeur ces niveaux plus élevés de graisses saturées et leur corrélation directe avec les niveaux d'oestrogène dans les tissus et le développement du cancer. Les résultats pourraient mettre en évidence un nouveau facteur de risque dans le cancer du sein".
Pauline Mayol avec RSNA