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Rencontre avec un enseignant DTS imagerie médicale

11/04/2016
De Bruno Benque

En marge des Journées scientifiques de l'AFPPE, nous avons rencontré Pascal Durand, un ancien manipulateur et cadre de santé devenu enseignant de l'Éducation nationale par le biais du DTS d'imagerie médicale. Récit d’un parcours atypique dans un contexte désormais soumis à la réforme LMD.

Thema Radiologie: Comment vous êtes-vous retrouvé à la tête d'un Institut de formation de manipulateurs ?

Durand Pascal: J'intervenais, en tant que cadre en service d'imagerie à l'hôpital de Valence, dans la formation DTS des manipulateurs du Lycée Montplaisir dont nous pilotions la filière, avec deux collègues, depuis l'hôpital. Cela posait des problèmes au quotidien pour les étudiants et j'ai proposé d'intégrér le Lycée afin de mieux formaliser les programmes de formation et de suivre les étudiants au jour le jour. 

"Je suis désormais enseignant de l'Éducation nationale"

T.R.: Vous dépendez donc du Ministère de l'Enseignement supérieur désormais ?

D.P.: Effectivement, et j'ai dû passer un CAPET, un concours de recrutement qui permet d'intégrer l'échelle de rémunération des enseignants, après m'être mis en disponibilité de l'hôpital. Le DTS imagerie médicale a pris place il y huit ans au sein de l'Institut Supérieur Technologique (IST) Montplaisir, sur le même site que le Lycée, et j'intervient en tant que Directeur délégué à la formation. Cette structure forme aujourd’hui des manipulateurs DTS, donc, mais aussi deux autres formations paramédicales, des podo-orthésistes qui fabriquent des semelles et chaussures orthopédiques et des ortho-prothésistes, qui conçoivent et fabriquent des prothèses de membres, des corsets, etc.

T.R.: Avez-vous des projets d'intégration d'autres formations au sein de cet institut ?

D.P.: Nous avons un projet de formation de dosimétristes, mais cela risque d'être compliqué, un autre, peut-être dès l'année prochaine, une année complémentaire sur de l'appareillage du handicap à visée humanitaire internationale et d'autres idées non concrétisées aujourd'hui. Nous avons un problème de recrutement d'étudiants à la sortie de la terminale, si bien que nous pensons à créer une sorte de prépa pour l'ensemble des formations de l'Institut avec des enseignements de base en anatomie et physiologie notamment.

T.R.: Depuis la réforme, le DTS d'imagerie médicale et le DE ont un socle de formation commun. Mais alors, pourquoi avoir gardé deux diplômes distincts ?

D.P.: Le référentiel de formation est effectivement commun, mais la différence se fait sur le recrutement, avec un concours pour les DE et un portail admission couplé à un entretien post-bac pour nous, sur la gouvernance des instituts, avec un Directeur de soins obligatoire pour les IFMEM, deux points sur lesquels les ministères n'arrivent pas encore à s'accorder.

"Nous avons dû communiquer auprès des tuteurs de stages pour l'utilisation du portfolio"

T.R.: Dans quels établissements de santé les étudiants sont-ils orientés pour leurs stages ?

D.P.: Nous les orientons vers les Centres Hospitaliers de Valence et d'Avignon principalement, mais aussi les hôpitaux régionaux de Montélimar, Romans, Privas ou Annonay, des centres de radiologie privés, ainsi que l'Institut Ste-Catherine d'Avignon avec lequel nous avons un contrat de collaboration. Le pré-requis, pour ces hôpitaux, c'est la qualité de l'encadrement, la présence de tuteurs formés et le suivi régulier des étudiants. Il existe d'ailleurs un problème de formation des tuteurs manipulateurs dans notre région, si bien que nous projetons d'assurer bientôt cette mise à niveau.

T.R.: Depuis la réforme également, les étudiants ont leur portfolio. Comment ce changement est-il perçu par les professionnels ?

D.P.: Ce document n'a pas été considéré comme un outil de formation au départ et s'est souvent retrouvé dans le tiroir des cadres de services. Après un peu de communication de notre part, nous avons obtenu que les tuteurs l'utilisent pour ajuster les pratiques de l'étudiant en fonction des objectifs du stage. De plus, il comprend les fiches d'appréciation à compléter par le tuteur sur l'acquisition des compétences et des actes à réaliser. Mais nous rencontrons des problèmes, à l'instar de nos collègues infirmiers, depuis la réforme LMD, sur le plan du suivi des enseignements qui sont saucissonnés en UE. En pratique, lorsque les étudiants ont validé une UE, en première année par exemple, ils en ont oublié l'essentiel en troisième année. Et lorsqu'ils arrivent en stage de spécialité étudiée en première année, ils ne revoient pas forcément, en amont du stage, ce qu'ils ont appris et se retrouvent quelque peu en difficultés. Cela n'arrivait pas dans l'ancien système où une évaluation finale sanctionnait tout le cursus de formation.

T.R.: Comment agissez-vous pour pallier à ce dysfonctionnement ?

D.P.: Nous fondons beaucoup d'espoir sur les unités d'intégration, des endroits où l'étudiant prend  le temps de la réflexion sur des cas concrets ramenés du terrain. Depuis l'année dernière, nous créons des cas qui contraignent les étudiants à aller chercher des enseignements dans plusieurs spécialités différentes. Et comme ils font aujourd'hui 16 stages tout au long des trois années de formation, toutes spécialités confondues, le champ des sujets à traiter nous offre beaucoup de possibilités et une grande variété.

"Nous avons mis une forte pression sur les étudiants de la première promotion LMD"

T.R.: Vous avez fait un cycle de formation depuis la réforme et la première promotion est désormais opérationnelle. Quel est le retour de ces nouveaux professionnels ?

D.P.: Nous avons des retours  très positifs de cette première promotion. Il faut dire que nous leur avons mis beaucoup de pression tout au long des trois ans de formation afin qu'ils acquièrent un maximum de compétences, et cela a porté ses fruits. Mais nous avons relâché l'étreinte pour la promotion suivante et il semble que l'implication des étudiants actuels et leurs connaissances en stage s'en ressente. Il nous faut dès lors trouver un juste milieu et améliorer nos enseignements pratiques. Nous avons d'ailleurs instauré cette année un système de simulation d'incidences, dans lequel deux étudiants sont filmés lorsqu'ils réalisent des examens dans la salle de TP et au cours duquel les autres prennent des notes. Ensuite, nous organisons une projection de la session, avec une discussion collégiale pour améliorer les pratiques.

T.R.: Comment votre institut est-il équipé ?

D.P.: Nous avons une salle de radiologie classique, deux salles informatiques équipées de logiciels spécifiques dont un logiciel de dosimétrie, un simulateur de radiothérapie, un laboratoire de soins, une console de post-traitement, un atelier de thermoformage de contentions pour radiothérapie, un échographe et une plateforme collaborative sur laquelle se trouvent tous les cours pour des sessions de e-learning, en présentiel ou en décalé. Nous avons un partenariat avec la faculté de médecine de Grenoble pour les enseignements de sciences humaines et d'anatomie-physiologie et nous travaillons, à partir de ces support, avec les étudiants sans les laisser livrés à eux-mêmes. Ainsi, avec la simulation et l'e-learning, nous arrivons à donner plus de dynamisme à nos enseignements, ce qui participe de l'implication de cette génération d'étudiants. 

 

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