LE CARCINOME CANALAIRE IN SITU PLUS FRÉQUENT CHEZ LES SUJETS ÂGÉS
LUNDI 26 OCTOBRE 2015
Une étude allemande publiée dans la revue Radiology montre que la fréquence de survenue d'un carcinome canalaire in situ augmente avec l'âge. La stratégie thérapeutique pour cette pathologie nécessite donc d'être plus précise.

Le taux de détection d'un cancer du sein de stade précoce par mammographie, mais potentiellement invasif augmente avec l'âge, selon une vaste nouvelle étude allemande publiée en ligne dans la revue Radiology.
Une stratégie thérapeutique controversée
Le carcinome canalaire in situ (CCIS), un type de cancer du sein confinée aux conduits lactaires, est un diagnostic classique en mammographie. Le traitement du CCIS, généralement par chirurgie et radiothérapie, est controversé, car certains types de CCIS détectés par dépistage peuvent ne jamais progresser pour devenir cliniquement symptomatique pour le restant de la vie de la patiente, entraînant des coûts thérapeutiques importants et des complications possibles.
Le CCIS est classé selon l’aspect des cellules cancéreuses des échantillons de biopsie au microscope. Alors que les CCIS de haut grade, de grade intermédiaire et de bas grade peuvent tous se développer en cancer invasif s’ils ne sont pas traités, les CCIS de haut grade se développent plus rapidement et deviennent plus agressifs. La recherche a montré que l'intervalle entre la détection d'un CCIS et l'apparition d'un cancer invasif est en moyenne de cinq ans dans ce cas.
Le CCIS de haut grade est plus fréquent à un âge avancé
Pour l'étude rétrospective, les chercheurs ont réparti dans 4 groupes d’âge 733.905 femmes âgées de 50 à 69 ans participant pour la première fois à un programme de dépistage. Ils ont ensuite déterminé des taux de détection de CCIS de haut grade, de grade intermédiaire et bas grade. 989 d’entre elles, soit 1,35 %, présentaient un CCIS, dont 419 de haut grade, 388 de grade intermédiaire et 182 de bas grade.
"Le taux de détection de CCIS de haut grade dans notre collectif a montré une augmentation statistiquement significative avec l'âge, avec un taux maximum pour le groupe d'âge de 65 à 69 ans," a déclaré l'auteur de l'étude, le Dr Stefanie Weigel, de la Hôpital universitaire de Münster, en Allemagne. Les résultats soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur l'efficacité de la thérapie standard CCIS chez les femmes âgées de plus de 60 ans, un groupe pour lequel il existe peu de données, selon le Dr Weigel. “La possibilité de surdiagnostic lié au CCIS doit être mise en concurrence avec les éléments de preuve solides selon lesquels le CCIS de haut grade est susceptible de se reproduire et d'évoluer vers un cancer invasif”, a-t-elle poursuivi.
Obtenir une caractérisation pronostique plus détaillée
“Les thérapies pour CCIS non symptomatiques de haut grade détectés lors du dépistage doivent être mieux évaluées, dans le cadre de la prévention d’un cancer du sein invasif et agressif, chez les groupes plus âgés», a déclaré le Dr Weigel. "En termes de surdiagnostic et de surtraitement, il est nécessaire d’obtenir une caractérisation pronostique plus détaillée des CCIS, ainsi que leur pondération selon l'âge des patientes."
Les résultats fournissent également plus d'informations à prendre en compte dans la discussion sur le dépistage chez les femmes âgées. L'American Cancer Society conseille aux femmes d'obtenir un dépistage annuel pour aussi longtemps qu’elles sont en bonne santé, tandis que le Preventive Services Task Force des États-Unis (USPSTF) recommande aux femmes de stopper le dépistage annuel à l’âge de 74 ans.
"La discussion sur les limites d'âge supérieures et les intervalles minimaux de mammographie de dépistage devrait être axée sur efficacité de la détection des cancers invasifs,”, conclut le Dr Weigel.
Bruno Benque avec RSNA