L'IRM identifie les effets des injections d'antalgiques sur la santé du genou arthrosique
MARDI 27 MAI 2025
Des chercheurs ont comparé deux types d’injections – corticostéroïdes et acide hyaluronique – couramment utilisées pour soulager la douleur du genou liée à l'arthrose. Dans un article publié dans la Revue Radiology, ils remarquent que les injections de corticostéroïdes étaient associées à une progression plus rapide de la maladie, contrairement à l'acide hyaluronique, associé à une progression ralentie à l'IRM jusqu'à deux ans après l'injection.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’arthrose du genou touche environ 365 millions de personnes dans le monde et de nombreux patients qui en souffrent recherchent un traitement non invasif pour soulager la douleur par injections de corticostéroïdes ou d'acide hyaluronique.
Des injections intra-articulaires très répandues pour réduire les douleurs liées à l’arthrose du genou
Une étude publiée dans la Revue Radiology s’attache à évaluer l’association entre les injections intra-articulaires et la progression de l’arthrose à l’aide d’une évaluation semi-quantitative par IRM de l’ensemble de l’organe (WORMS) et des résultats cliniques sur une période de deux ans. Les données ont été analysées auprès de 210 participants de l’Osteoarthritis Initiative, une étude observationnelle multicentrique longitudinale menée auprès de près de 5 000 hommes et femmes atteints d’arthrose du genou, financée par les National Institutes of Health (NIH), et actuellement dans sa 14e année de suivi.
« Notre étude remet directement en cause une pratique clinique courante : le recours aux injections de corticostéroïdes pour soulager les symptômes de l’arthrose du genou, explique le Dr Upasana Upadhyay Bharadwaj, chercheur associé au département de radiologie de l’Université de Californie à San Francisco (USA) au moment de la recherche. Elle apporte des preuves solides que les corticostéroïdes accélèrent la dégénérescence structurelle du genou, même après une seule injection. »
Une étude compare les effets des corticostéroïdes et de l'acide hyaluronique sur la santé articulaire
L'équipe de recherche a étudié 70 participants ayant reçu une injection intra-articulaire de corticostéroïdes ou d'acide hyaluronique. Des IRM du genou ont été réalisées avant, pendant et deux ans après l'injection. Ils ont utilisé le score WORMS pour évaluer l'étendue des lésions observées dans différentes parties de l'articulation du genou au fil du temps. Ces scores ont été comparés à ceux d'un groupe témoin de 140 personnes présentant des caractéristiques similaires et n'ayant reçu aucune injection.
« Cette étude est la première à utiliser le score WORMS pour évaluer la progression de l'arthrose du genou après une seule injection intra-articulaire de corticostéroïdes ou d'acide hyaluronique, avec un suivi de deux ans, ajoute le Dr Upadhyay Bharadwaj. Les études précédentes s'appuyaient principalement sur des radiographies ou des IRM quantitatives avancées nécessitant un post-traitement spécialisé. Contrairement à ces dernières, notre étude utilise un score semi-quantitatif réalisable en milieu clinique et isole les patients n'ayant reçu qu'une seule injection. »
L’acide hyaluronique mieux que les corticostéroïdes pour préserver l’intégrité de l’articulation
L'étude a révélé que les injections de corticostéroïdes ont entraîné davantage de lésions articulaires du genou sur la période de deux ans, comparés au groupe témoin ou aux patients ayant reçu des injections d'acide hyaluronique. En revanche, les injections d'acide hyaluronique ont été associées à une progression moindre des lésions articulaires et ont même semblé ralentir les lésions par rapport à la période précédant l'injection. Les deux types d'injections ont contribué à réduire la douleur au genou, mais seul l'acide hyaluronique a semblé efficace sans aggraver les lésions articulaires.
« Le résultat le plus frappant est qu'une seule injection de corticostéroïde a entraîné des lésions structurelles significativement plus importantes l'articulation du genou sur deux ans, en particulier au niveau du cartilage, tandis que les injections d'acide hyaluronique ont non seulement évité ces lésions, mais ont même montré une réduction de la détérioration articulaire après l'injection », poursuit-elle. Avec le temps, cela peut entraîner une fragilisation du cartilage et une sensibilité accrue aux lésions, accélérant ainsi la progression de l'arthrose.
Vers une utilisation plus prudente des corticostéroïdes dans les stratégies thérapeutiques
Il existe également des preuves de modifications de l'os sous-chondral et de risques de fractures par insuffisance liés aux injections de corticostéroïdes, selon le Dr Upadhyay Bharadwaj. Cette étude pourrait conduire à une utilisation plus judicieuse des injections de corticostéroïdes, en particulier chez les patients atteints d'arthrose légère à modérée qui ne sont pas encore candidats à la chirurgie.
« Compte tenu de leur utilisation répandue, ces résultats pourraient influencer les recommandations cliniques et les décisions de soins des patients, en encourageant une utilisation plus prudente et une meilleure prise en compte d'alternatives comme l'acide hyaluronique, conclut-elle L'impact public est significatif, car l'arthrose est une cause majeure d'invalidité dans le monde, et des millions de personnes reçoivent de telles injections chaque année. »
Bruno Benque