Téléradiologie : les freins au développement
SAMEDI 25 MAI 2013
Bien que ce soit un sujet majeur, la téléradiologie peine à trouver sa vitesse de déploiement. Il existe encore des freins technologiques et financiers, des obstacles liés aux changements des organisations, à l'évolution des pratiques et, peut-être, encore quelques résistances « humaines »… Entretien avec le Docteur Jean-Philippe Masson et le Professeur Alain Rahmouni, Coordonnateurs du groupe SFR-G4-Téléradiologie
DSIH : Quelle est votre analyse sur ces freins ? Sont-ils uniquement financiers ?
Jean-Philippe Masson / Alain Rahmouni : Ils ne sont pas uniquement financiers, mais aussi techniques, humains et organisationnels. Le développement de la téléradiologie passe par le développement de PACS intégrant la gestion des images et des comptes rendus issus du SIR, en lien avec le dossier médical patient. Quand les systèmes sont performants « en interne », le développement de solutions de télétransmission entre structures d’imagerie peut alors être envisagé plus sereinement. Pour la SFR et le Conseil Professionnel de Radiologie (G4), mettre en avant les recommandations médicales de bon usage de la téléradiologie est capital. Notre conception est d’abord celle d’un développement d’outils de télétransmission et de communication locaux et territoriaux. Entre plateaux d’imagerie d’établissements différents, les freins à l’utilisation d’outils de télétransmission concernent l’interopérabilité entre les matériels, l’identification du patient et l’aspect financier. Les obstacles organisationnels sont liés à la nécessité d’impliquer les radiologues d’un même territoire dans un projet médical commun. Celui-ci, avec comme partenaire l’ARS, devrait surmonter les « barrières » conçues à une époque où la télémédecine n’existait pas.
DSIH : Comment les débloquer ? Par plus de communication ? Plus de pédagogie ?
- : Il n’y a pas réellement de blocage à partir du moment où les radiologues élaborent un projet médical de qualité, incluant tous les professionnels de santé concernés. Si les établissements de santé et les ARS acceptent de travailler avec les radiologues des territoires, surmontant les interprétations réglementaires anciennes et les difficultés de financement, les obstacles seront franchis. Beaucoup d’organisations de téléradiologie fonctionnent. Notre préoccupation concerne certaines expériences de téléradiologie où les appels d’offres des MOA n’incluent pas les radiologues locaux, n’ont pas de projet médical et sont plus basées sur une prestation de service à bas coût, sans critère de qualité, que sur une prise en charge radiologique. La pédagogie réalisée par le G4 national est basée sur ses recommandations. Elle se fait auprès des radiologues, des ARS et de la DGOS, qui a inclus les recommandations de bonne pratique élaborées par le G4 et le CNOM, ainsi que la charte de téléradiologie écrite par le G4 dans son guide du déploiement de la téléradiologie.
DSIH : Quel est le message du G4 ?
- :Il est d’abord destiné aux radiologues afin qu’ils utilisent la téléradiologie selon les bonnes pratiques précisant ces règles de bonne prise en charge radiologique du patient aux partenaires (ARS, industriels…), à savoir qu’il s’agit d’un acte médical associant des équipes soignantes. Pour les ARS, les G4 régionaux doivent être des interlocuteurs privilégiés pour ces nouvelles organisations à bâtir. La bonne organisation de la téléradiologie impose bien souvent un travail commun des radiologues du bassin de vie, libéraux et publics, surmontant les barrières réglementaires parfois obsolètes. C’est d’ailleurs dans ce cadre que le G4 est en attente des décrets concernant l’expérimentation des plateaux d’imagerie mutualisés, qui pourraient déjà être promus par les ARS puisque l’article 33 de la loi dite Fourcade les définissant est paru le 11 août 2011.
L’objectif est simple et sans corporatisme : défendre la qualité de la prise en charge dans un contexte économique et démographique difficile et développer une téléradiologie territoriale de qualité.
Marie-Valentine Bellanger