La Norvège, champion de la reconnaissance vocale en radiologie
SAMEDI 25 MAI 2013
La Norvège est connue pour avoir réussi à informatiser les dossiers médicaux dans la totalité de ses hôpitaux et 98% des cabinets de généralistes en à peine deux décennies. On le sait moins, mais elle bat aussi un autre record mondial avec son taux d’adoption de la technologie de reconnaissance vocale.
Près de 90% des radiologues norvégiens, dans le privé comme à l’hôpital, utilisent aujourd’hui la reconnaissance vocale au quotidien. Un score qui place sans doute le pays au premier rang mondial dans l’adoption de cette technologie. Comment s’explique cette performance ? Une étude de cas publiée par Nuance Healthcare International en 2010 en résume les facteurs clés de succès : un environnement technologique approprié, grâce au déploiement des dossiers médicaux électroniques et du réseau national de santé, le soutien des managers hospitaliers et un accompagnement structuré en matière de formation à l’utilisation. Sans oublier les objectifs fixés par le gouvernement, en 2005, soucieux de réduire les délais de production des comptes rendus hospitaliers à moins de 7 jours. Cette success story, c’est aussi celle d’une entreprise norvégienne, Max Manus (du nom de son fondateur), qui a commencé à diffuser sa propre technologie de dictée numérique auprès du système de santé dès 1993. En 2001, elle ajoutait la reconnaissance vocale à son offre, avec la solution SpeechMagic de Nuance. Elle collabore avec les éditeurs majeurs de Systèmes d’Information Radiologiques, mais s’est aussi spécialisée dans l’intégration de la reconnaissance vocale aux SIH et aux systèmes de dossiers patients. Après avoir remporté un appel d’offres pour équiper les hôpitaux de la région sud en 2005, Max Manus a décroché le contrat cadre national destiné à encourager le déploiement de la technologie dans tous les hôpitaux intéressés. C’est ainsi que la région Centre a par exemple atteint un taux d’adoption de 100% à l’automne 2010 ! Ses 7 établissements ont en effet opté pour une solution centralisée, sur un serveur commun. Projet facilité par le fait que tous utilisent le même système de dossier médical, fourni par l’éditeur norvégien DIPS[1]. La réussite de Max Manus repose également sur l’attention apportée à la prise en main par les utilisateurs, qui impose trois sessions de formation de 3 heures. Au-delà du secteur hospitalier, la reconnaissance vocale peut maintenant se développer plus largement dans les cabinets médicaux. La mise en place du réseau NHN[2] a en effet levé un frein logistique en ouvrant la voie à une diffusion de type Saas (Software as a service). Nuance accompagne en tout cas la progression du marché avec détermination. « La demande est telle que nous avons décidé d’y répondre en étendant la reconnaissance vocale au Nynorsk, explique Anne Durand-Badel, Directeur Marketing International. Il s’agit de la deuxième langue écrite reconnue officiellement en Norvège, outre le Bokmal, qui correspond au norvégien le plus courant ».
Légende illustration (carte)
L’adoption de la reconnaissance vocale en milieu hospitalier s’établit à 70% en moyenne. Ce taux recouvre les situations les plus diverses, de la région Nord, qui n’est pas équipée mais ne représente que 5% du marché, aux régions Ouest et Centre, les premières à avoir atteint 100%.
[1] Deux éditeurs se partagent le gros du marché norvégien : DIPS et Siemens.
[2] National Health Network. Devenu obligatoire pour les échanges de messages électroniques, il relie 3100 établissements et cabinets médicaux ainsi que 80% des municipalités.
Dominique Lehalle