Le programme Ségur Vague 2 pour l’imagerie connaît aujourd’hui son premier point d’étape avec l’enregistrement définitif des candidats au référencement RIS et DRIMbox. Nous avons rencontré Jean-Marc Chevilley, Directeur de Projet au sein de la Délégation au Numérique en Santé, qui est le pilote principal de ce programme. Il trace pour nous les enjeux de ce processus pour le système de Santé dans son ensemble.
Thema Radiologie : Vous êtes, en tant que Directeur de projet, à l’origine de toutes les dispositions réglementaires qui entourent l’arrivée de la DRIMbox dans le cadre du programme Ségur vague 2. Pouvez-vous nous rappeler les points importants de ce programme ?
Jean-Marc
Chevilley : Le Ségur
vague 2 est un programme d’incitation, et non une obligation, à faire évoluer
les logiciels dédiés à l’échange et au partage des données de Santé. Basé sur
le volontariat, il permet aux éditeurs d’être financés par l’État pour le
développement de solutions avec, en contrepartie, l’obligation d’implémenter
les fonctionnalités qui leur sont demandées de fournir aux clients. Ces
derniers, qui sont donc les établissements de Santé,
les centres de radiologie et médecine nucléaire pour le cas qui nous intéresse,
perçoivent le financement de l’État pour l’achat de ces solutions.
T.R. : Les contraintes envers les éditeurs sont alors très formalisées, je suppose...
J-M C. : Tout à fait. Nous avons un cahier des charges qui nous sert à référencer les solutions. Pour la DRIMbox, la prise en charge de l’État concerne également le matériel à 100%. La date butoir pour que les éditeurs se portent candidats était le 10 septembre, je peux donc vous fournir, en avant-première, les chiffres exacts : onze d’entre eux se sont portés candidats pour le RIS et treize pour la DRIMbox. Le cahier des charges porte aussi sur l’évolution des RIS, par exemple la capacité d’interroger le DMP avec la capacité de rapatrier les documents présents dans le DMP. Cela peut concerner par exemple les résultats du laboratoire ou la lettre de sortie d’hospitalisation.
T.R. : Quel est le cahier des charges concernant la DRIMbox ?
J-M C. : L’un des points
majeurs, et ça concerne également le RIS, est la cybersécurité. Si les éditeurs
veulent être référencés, ils doivent faire des tests d’intrusion et nous en
fournir les résultats. La DRIMbox est une interface de communication. Elle a
tout d’abord une fonction source, qui permet de partager les liens qui
conduisent vers les images contenues dans un PACS, partout sur le territoire.
Elle a ensuite une fonction consommation par laquelle elle interroge le DMP
pour identifier les images disponibles ainsi que leur localisation. Les flux
d’image, eux, passent de DRIMbox à DRIMbox. De même, un lien existe dans le DMP
qui permet, depuis le compte rendu d’un examen, de voir les images
correspondantes.T.R. : Dès lors, qui sont les utilisateurs de la
DRIMbox en pratique ?
J-M C. : Ce sont tout d’abord les patients, puisqu’ils sont au centre du processus, qui, en cliquant sur le lien du compte rendu, pourront consulter leurs images. Le deuxième usage est le médecin demandeur, généraliste ou spécialiste, qui pourra accéder aux images depuis le compte rendu ou depuis le DMP. Enfin, le troisième acteur est le radiologue qui pourra consulter les images de DRIMbox à DRIMbox. Vous le voyez, les deux enjeux de ce dispositif sont l’interopérabilité et la cybersécurité.
T.R. : Pourriez-vous affirmer, au travers de ce
que vous venez d’évoquer, que les éditeurs ayant déjà participé à un PACS
régional possèdent un temps d’avance par rapport à leurs concurrents pour le
référencement DRIMbox ?
J-M C. : L’avantage pourrait venir du fait qu’ils ont déjà une base installée avec des usages mais ils n’ont pas d’avantage d’ordre technologique, l’équité est un des principes du Ségur. [JC1] Il faut savoir que le prérequis technologique pour les établissements de santé et les centres de radiologie est Prosanté Connect, qui assure l’authentification et la communication auprès du DMP. Les cabinets privés connaissent, pour la plupart, mais cela sera une contrainte nouvelle pour les établissements de Santé qui utilisent aujourd’hui une autre technologie pour leur communication avec le DMP.
T.R. : Quel est le timing, désormais pour l’avancement de ce programme Ségur Vague 2 RIS et DRIMbox ?
J-M C. : La date de réception des dossiers de référencement pour les éditeurs de DRIMbox est fixée au 16 septembre 2026. Un établissement ou un centre de radiologie qui souhaiterait passer commande a jusqu’au 10 novembre 2026 à midi. Si la commande est formulée à 13h, l’établissement paiera la totalité de l’équipement. Pour le déploiement RIS, les éditeurs ont jusqu’au 9 juin 2027, tandis que pour le déploiement de la DRIMbox, ils ont jusqu’au15 septembre 2027. Vous l’avez compris, le RIS doit être opérationnel avant afin que la DRIMbox puisse fonctionner. Les acteurs auront éventuellement tout l’été 2027 pour finir de régler les derniers RIS.
T.R. : Pour finir, quelles sont les perspectives que
nous pourrions entrevoir pour le système de Santé avec le déploiement de la
DRIMbox ?
J-M C. : Les perspectives, pour les patients, est de pouvoir de nouveau accéder à leurs images, comme lorsqu’ils rentraient chez eux avec leurs films radiologiques. Pour les praticiens, on va traiter avec force la redondance des examens. A l’avenir Un médecin sera obligé de s’informer de l’existence d’un examen dans le DMP, avant de faire une demande d’imagerie. De même, le radiologue, avant de réaliser un examen radiologique, devra au préalable s’assurer que cet examen n’existe déjà pas pour le même patient. Avec la DRIMbox, nous allons agir fortement sur la pertinence et la redondance. De plus, le médecin demandeur sera obligé, à partir du 31 décembre 2025, de faire transiter sa demande d’imagerie par le DMP. Nous sommes impatients, et le G4 nous accompagne dans cette démarche, d’évaluer les bénéfices du dispositif pour le système de Santé.
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