IRM mammaire de diffusion : STIR ou SPAIR pour la suppression de graisse ?
LUNDI 17 FéVRIER 2025
L’IRM mammaire de diffusion présente quelques critères de qualité qui font débat. Après avoir exploré l’effet du bruit ce type d’exploration, des experts internationaux étendent leurs recherches sur la saturation de graisse. Un groupe de travail international compare, dans un article publié dans la Revue European Radiology, les méthodes STIR et SPAIR pour le sat fat de diffusion sur le sein. Ils voient en la méthode SPAIR un protocole plus sensible et propice à une étude quantitative.

En 2020, le Pr Denis Le Bihan, accompagné de confrères internationaux experts en IRM, ont posé les bases, dans un article publié dans la Revue European Radiology, de la pertinence de l'IRM de diffusion (DWI) mammaire.
Après l’effet du bruit sur l’IRM de diffusion mammaire, des experts étendent leurs recherches sur la saturation de graisse
Parmi différentes observations, ils ont montré notamment que les effets du bruit pourraient conduire à des interprétations ou des conclusions erronées des données acquises. Dans un nouvel article publié dans la même revue, ils étendent leur exploration à un autre problème qui n’avait pas été abordé, à savoir l’imagerie IRM de la graisse. La contamination des signaux DWI par les graisses peut en effet, elle aussi, avoir des effets pernicieux, en particulier au niveau du sein, qui présente souvent une teneur élevée en graisses.
La suppression du signal de graisse est essentielle pour l'imagerie par résonance magnétique de diffusion du sein (DWI) car le très faible coefficient de diffusion de la graisse a tendance à diminuer les valeurs du coefficient de diffusion absolu (ADC). Ce piège est connu depuis longtemps dans le foie, notamment dans le contexte de la stéatose hépatique, mais il est également préoccupant pour la DWI mammaire.
Un groupe de travail international compare STIR et SPAIR pour le sat fat de diffusion sur le sein
Les valeurs faibles d'ADC sont le plus souvent associées à des tumeurs malignes, ce qui a conduit le groupe de travail international sur l'imagerie mammaire DWI de la Société européenne d'imagerie mammaire (EUSOBI) à suggérer que des valeurs seuils d'ADC pourraient être utilisées pour classer les lésions mammaires. Par conséquent, la contamination par les graisses peut conduire à des faux positifs.
L’objectif de ce nouvel article est de montrer comment le signal de graisse affecte l’imagerie de DWI, qualitativement et quantitativement, et comment les effets de la graisse peuvent être corrigés. En effet, plusieurs méthodes existent pour la suppression des graisses dans l’acquisition de la DWI. Les approches les plus populaires de loin pour la suppression du signal de graisse dans l'imagerie de diffusion du sein sont les méthodes STIR (short-tau inversion recovery) et SPAIR (spectral attenuated inversion recovery) car elles sont efficaces et cliniquement faciles à mettre en œuvre.
Les chercheurs voient en la méthode SPAIR un protocole plus sensible et propice à une étude quantitative
Cet article se concentre donc sur ces deux techniques pour illustrer l’importance d’une suppression appropriée des graisses (fat sat) dans l’imagerie de diffusion mammaire.
Les chercheurs montrent ici, par simulation et données acquises dans un fantôme DWI mammaire dédié constitué de flacons contenant de l'eau et diverses concentrations de polyvinylpyrrolidone (PVP), comment les valeurs ADC obtenues avec DWI STIR peuvent être biaisées en faveur des composants tissulaires présentant les valeurs T1 les plus longues. Les valeurs ADC obtenues avec la suppression des graisses STIR peuvent être surestimées ou sous-estimées en fonction du profil T1 et ADC des tissus étudiés.
Les auteurs de l’article préfèrent ainsi la méthode SPAIR, qui offre une sensibilité plus élevée que la méthode STIR pour la détection des lésions, notamment pour obtenir des données quantitatives. Ils préviennent toutefois que la suppression efficace du signal de graisse avec SPAIR nécessite un bon calage de B0 pour éviter une sous-estimation de l'ADC due à une contamination résiduelle par les graisses.
Paolo Royan