La TDM pour identifier la silicose pulmonaire provoquée par la silice cristalline
LUNDI 02 DéCEMBRE 2024
Un sujet présenté au RSNA 2024 traite des ouvriers américains qui travaillent la pierre artificielle et sont sujets à de la silicose pulmonaire. Cette pathologie difficilement identifiable, car faisant l’objet de diagnostics alternatifs, peut être différentiée par la tomodensitométrie par rapport à la forme historique.

Le travail de la pierre artificielle, très populaire auprès de la ménagère notamment pour le rendu qu’il permet d’acquérir dans la conception des plans de travail des cuisines, est susceptible de causer des pathologies chez les professionnels du secteur.
Les ouvriers qui travaillent la pierre artificielle sujets à de la silicose pulmonaire
La poussière de silice cristalline qui se dégage de ces matériaux provoque en effet de la silicose pulmonaire lorsqu’on l’inhale, avec un pronostic très préoccupant. Les travailleurs présentent souvent une détérioration progressive de la fonction pulmonaire rendant les patients plus vulnérables aux infections pulmonaires, à la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et au cancer du poumon.
Une étude publiée dans la Revue Radiology et traitant de ce sujet a été présentée lors du RSNA 2024 par le Dr Sundus Lateef, résident en radiologie diagnostique à l’Université de Californie à Los Angeles (USA). « Il s’agit d’une épidémie nouvelle et émergente, et nous devons sensibiliser davantage à ce processus pathologique afin d’éviter les retards dans le diagnostic et le traitement de nos patients », précise-t-elle.
Une pathologie difficilement identifiable car faisant l’objet de diagnostics alternatifs
Pour cette étude, le Dr Lateef et ses collègues ont étudié par tomodensitométrie (TDM) 55 ouvriers travaillant dans des comptoirs en pierre artificielle diagnostiqués avec une silicose dans une zone à l’extérieur de Los Angeles où il y avait peu de cas historiques de la maladie. Dans une analyse préliminaire de 21 travailleurs, 100 % étaient des hommes et des hispaniques avec un âge médian de 43 ans et une exposition médiane de 18 ans. Tous les patients étaient symptomatiques. Les patients présentaient généralement des caractéristiques atypiques et avancées de la silicose.
Les cliniciens de premier recours n'ont reconnu la silicose lors de la première consultation que dans quatre des 21 cas (19 %), tandis que les radiologues l'ont reconnue dans sept des 21 cas (33 %). Des diagnostics alternatifs, comme une infection, ont été initialement suggérés dans la plupart des cas. Près de la moitié des patients (48 %) présentaient des caractéristiques d'imagerie atypiques.
La TDM pour différentier ces nouveaux cas de silicose par rapport à la forme historique
« La silicose peut présenter des caractéristiques atypiques qui peuvent surprendre les radiologues dans les régions où la silicose n’est pas traditionnellement diagnostiquée, ce qui peut entraîner des retards dans le diagnostic, ajoute le Dr Lateef. Ces nouveaux cas de silicose démontrent des résultats radiologiques différents de la maladie historique et les médecins peuvent ne pas être conscients du diagnostic lorsqu’ils voient ces images. »
La silicose peut être évitée grâce à des mesures de sécurité sur le lieu de travail telles qu’une ventilation adéquate, une coupe et un ponçage humides et une protection respiratoire. Cependant, des recherches ont montré que plus de la moitié des lieux de travail en Californie dépassent la limite d’exposition maximale autorisée à la poussière de silice lors des inspections sur le lieu de travail. Le fait que de nombreux travailleurs soient des immigrants latinos hispanophones qui sont vulnérables aux conditions de travail dangereuses aggrave le problème.
« Il y a un manque critique de reconnaissance de l’exposition et de dépistage pour les travailleurs de l’industrie de fabrication de pierres reconstituées, conclut le Dr Lateef. Il faut faire un effort pour un dépistage plus précoce pour cette population vulnérable, qui, dans notre cas, était constituée de travailleurs immigrés hispanophones. »
Dans le cadre d’un effort visant à améliorer le dépistage et la défense des droits des travailleurs, le Dr Lateef et ses collègues travaillent sur le projet California Artificial Stone and Silicosis (CASS) qui vise à promouvoir la santé respiratoire des travailleurs vulnérables de l’industrie de fabrication de comptoirs de l’État.
Paco Carmine