Lu-PSMA, le radiopharmaceutique qui s'attaque au cancer de la prostate
MERCREDI 27 NOVEMBRE 2024
Le traitement du cancer métastatique de la prostate se fait désormais par injection intraveineuse de 177Lu-PSMA. Il s’agit d’une avancée majeure contre ce cancer de la prostate métastatique, selon une cure intraveineuse toutes les six semaines avec un suivi spécifique indispensable et avec une émission de rayonnements γ qui permettent le suivi de la dose administrée par scintigraphie.

Le cancer de la prostate, notamment, le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRPC) présente un défi thérapeutique important. Le diagnostic de cette pathologie, ainsi que l’arsenal thérapeutique pour la combattre, se fait désormais par la radiothéranostique de l’antigène membranaire spécifique de la prostate (PSMA) en médecine nucléaire. La Revue Radiographics vient de publier un article qui fait le point sur l’état de l’art dans la prise en charge moderne du cancer de la prostate. Il annonce en préambule que, jusqu'en 2010, le docétaxel était la seule option disponible pour gérer les patients atteints de mCRPC, qui est caractérisé par une surexpression, une amplification et des mutations du récepteur aux androgènes.
L’injection de 177Lu-PSMA, une avancée majeure contre le cancer de la prostate métastatique
Suite à la mise en place de divers essais cliniques, dont l’essai VISION, la Food and Drug Administration (FDA) a approuvé l'agent thérapeutique 177Lu-PSMA, en mars 2022, pour les patients ayant progressé après un traitement par une chimiothérapie. La cible moléculaire est le PSMA, qui est fortement exprimé dans plus de 80 % des cas de cancer de la prostate. Le TEPScan diagnostique ciblant le PSMA est utilisé pour confirmer l’expression du PSMA et évaluer l’adéquation au traitement.
Il existe cependant des critères d'exclusion, comme les lésions viscérales PSMA négatives mesurant plus de 1 cm (par exemple, métastases hépatiques ou pulmonaires), les lésions osseuses avec une composante des tissus mous supérieure à 1 cm et les ganglions lymphatiques métastatiques supérieurs à 2,5 cm.
Une cure intraveineuse toutes les six semaines avec un suivi spécifique indispensable
Le 177Lu-PSMA, radiopharmaceutique émettant des rayonnements β-moins, est administré selon une cure par voie intraveineuse à une activité de 7,4 GBq (200 mCi) toutes les 6 semaines, jusqu'à un maximum de six cures, qui peuvent être interrompues précocement en cas de progression de la maladie ou de toxicité importante. Pour qu’il supporte au mieux le traitement, le patient doit être suffisamment préhydraté avec une solution saline intraveineuse ou une hydratation orale et doit s’assurer d’une bonne hydratation pendant les premiers jours suivant le traitement. Des prises de sang dans les 5 jours avant chaque cycle et 3 semaines après chaque cycle sont utilisées pour surveiller la fonction de la moelle osseuse, des reins et du foie.
En termes de toxicité, les organes dans lesquels les doses de rayonnement absorbées les plus élevées sont les glandes lacrymales et salivaires, le colon, les reins et la paroi de la vessie. Les patients sont encouragés à augmenter leur consommation de liquide et à uriner aussi souvent que possible afin de réduire l'exposition aux radiations du système urinaire. Les effets secondaires les plus courants sont la fatigue, la bouche sèche et les nausées, ou, plus grave, une myélosuppression, qui peut se manifester par une anémie, une thrombocytopénie, une leucopénie et une neutropénie graves et potentiellement mortelles.
Des rayonnements γ qui permettent le suivi de la dose administrée par scintigraphie
L'évaluation de la réponse au traitement doit prendre en compte les symptômes cliniques (par exemple, douleur osseuse, état fonctionnel), les tests biochimiques (par exemple PSA et phosphatase alcaline), ainsi que l'imagerie conventionnelle et fonctionnelle. Le 177Lu a une demi-vie de 6,65 jours, émettant principalement des particules β-moins responsables de l'effet thérapeutique, mais également un rayonnement γ qui permet l'imagerie post-thérapeutique, pour le suivi de la dose administrée. Le SPECT/TDM post-thérapeutique est utilisé dans ce cadre pour une évaluation à la fois qualitative et quantitative, de même qu’un TEPScan PSMA dans les 3 mois suivant le début du traitement, afin de surveiller l’apparition d’éventuelles tumeurs parfois agressives durant cette période.
La pertinence du traitement au 177Lu-PSMA est maintenant étudiée dans les stades précoces du cancer de la prostate, si bien que les métastases ne sont plus les seules indications à ce traitement. Les essais en cours comparent ce traitement aux autres classiquement utilisés pour le cancer primitif de prostate, des patients ayant présenté une qualité de vie améliorée et un taux plus faible d'événements indésirables grâce au 177Lu-PSMA.
Bruno Benque