Le dépistage du cancer du sein par échographie seule donne de bons résultats en Chine
MERCREDI 30 OCTOBRE 2024
Un programme chinois de dépistage du cancer du sein ne nécessite qu’une échographie mammaire. Des chercheurs ont évalué les performances de ce processus qui pourrait contribuer à améliorer l’accès au dépistage même dans les régions les plus reculées. Dans un article publié dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), les images échographiques tridimensionnelles réalisées par un MERM transférées à un radiologue expert donnent d’excellents résultats en termes de détection de nouveaux cancers.

L’incidence et la mortalité du cancer du sein ont augmenté dans de nombreux pays grâce au dépistage. Cependant, la mammographie peut être limitée dans les communautés à faibles ressources.
Un programme chinois de dépistage du cancer du sein ne nécessitant qu’une échographie mammaire
En Chine, les obstacles à la mise en œuvre d'un programme de dépistage par mammographie sont nombreux et les femmes chinoises ont un âge maximal de diagnostic du cancer du sein plus jeune et des seins plus denses que les populations d'Amérique du Nord et d'Europe. L’échographie mammaire est une modalité d’imagerie relativement peu coûteuse et qui fait ses preuves pour les seins denses, avec un résultat supérieur à la mammographie seule pour détecter les petits cancers du sein invasifs et diminuer le taux de cancer d'intervalle.
C’est la raison pour laquelle le programme de dépistage (CNBCSP) a choisi l'échographie comme principale modalité de dépistage, recommandant que les femmes âgées de 35 à 69 ans subissent une échographie mammaire de dépistage tous les 2 à 3 ans et que la mammographie soit réservée à une évaluation plus approfondie des évaluations BI-RADS de catégorie 0 ou 3 sur l'échographie de dépistage.
Des images échographiques tridimensionnelles réalisées par un MERM et transférées à un radiologue expert
Face à la pénurie de radiologues, le dépistage automatisé par échographie mammaire (Automated Breast UltraSound - ABUS) a des protocoles d'acquisition standard qui peuvent convenir à ce processus de dépistage, d’autant que la modalité offre la possibilité de double lecture et qu’elle est plus adaptée que l’échographie portative. Enfin, les progrès de la téléradiologie permettent l’envoi de données volumétriques 3D de seins entiers acquises par ABUS pour interprétation, éventuellement par lots, par des radiologues experts d'une institution distante.
Une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR) a inclus des femmes asymptomatiques, âgées de 35 à 69 ans, provenant de 46 centres de santé communautaires répartis dans 18 provinces représentant les six régions de Chine, de janvier à décembre 2021 qui ont fait l’objet d’un ABUS comme seule modalité de dépistage du cancer du sein, avec des images acquises par un MERM exerçant dans un centre de santé communautaire. Les données volumétriques tridimensionnelles ont été transférées via un logiciel présent sur le cloud vers un seul centre de lecture à distance, où les examens ont été interprétés indépendamment par lots par deux radiologues surspécialisés à l'aide de BI-RADS.
Un processus qui pourrait contribuer à améliorer l’accès au dépistage même dans les régions les plus reculées
Ce processus a été complété par un troisième radiologue du centre de lecture à distance sensé résoudre les divergences. Les comptes rendus ont ensuite été renvoyés aux centres communautaires pour aiguiller les traitements des patientes. La norme de référence incorporait une combinaison d'histopathologie et de suivi à 24 mois, avec une mesure du taux de détection du cancer, du taux d'interprétation anormale (AIR), de la sensibilité, de la spécificité, du taux de biopsie et de la VPP.
« La téléradiologie combinée à ABUS pourrait contribuer à améliorer l'accès aux services de dépistage du cancer du sein dans les régions aux ressources limitées ou mal desservies où le dépistage par mammographie n'est pas établi », annonce l'auteur correspondant, le Pr Hongping Song, du département d'échographie de l'hôpital de Xijing, (Université de médecine en Chine).
Ce travail a montré que le dépistage primaire par ABUS avec lecture à distance peut détecter 24 cancers chez 5 978 femmes (4 pour 1 000 femmes). L'AIR était de 11,9 % et la VPP de la biopsie de 24,0 %. Et sur les 24 cancers détectés par ABUS, 95,8 % étaient invasifs (taille médiane, 10,0 mm ; 73,9 % sans ganglions). D’autre part, deux cancers d'intervalle (0,33 pour 1 000 femmes) ont été diagnostiqués au cours du suivi.
Paolo Royan