La TDM révèle nombre de nodules pulmonaires chez les personnes à faible risque
VENDREDI 30 AOûT 2024
Une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology portant sur plus de 10 000 adultes non-fumeurs a révélé que des nodules pulmonaires solides étaient présents chez une un grand nombre de personnes à faible risque. Cette étude engage à identifier une nouvelle population qui nécessiterait un suivi TDM particulier.

Les nodules pulmonaires accidentels apparaissent souvent, dans les groupes à haut risque, notamment chez les gros fumeurs, dans les images de tomodensitométrie (TDM) comme des signes d'un cancer du poumon à un stade précoce.
La survenue de nodules pulmonaires solides ne concerne pas seulement les gros fumeurs
La plupart des études se concentrent sur le dépistage du cancer du poumon chez de gros fumeurs, et les guidelines actuelles en matière de suivi des nodules reposent principalement sur des populations de patients à haut risque. Une étude récente publiée dans la Revue Radiology montre que la découverte fortuite de nodules pulmonaires solides par TDM peut également concerner des personnes à faible risque.
« Cette étude est révolutionnaire car elle fournit la première analyse complète de la prévalence et de la distribution de la taille des nodules pulmonaires solides dans une cohorte de non-fumeurs basée en Europe du Nord, annonce l'auteur principal de cette étude, le Pr Rozemarijn Vgehenthart, radiologue et professeur d'imagerie cardiothoracique au centre médical universitaire de Groningen et à l'université de Groningen (Pays-Bas). Contrairement aux études antérieures qui ciblaient principalement les cohortes de dépistage du cancer du poumon à haut risque ou les cohortes asiatiques, cette recherche fournit des données fondamentales pour la population générale non-fumeur d'Europe du Nord. »
Un aperçu de la prévalence réelle des nodules pulmonaires et de leurs caractéristiques
L'étude a inclus 10 431 fumeurs ou anciens fumeurs et non fumeurs âgés de 45 ans et plus, issus de l'étude Imaging in LifeLines (ImaLife), la première étude d'imagerie basée sur la population conçue pour établir les valeurs de référence des biomarqueurs d'imagerie pour les stades précoces de la maladie coronarienne, du cancer du poumon et de la maladie pulmonaire obstructive chronique (BPCO) dans une population générale composée majoritairement de non-fumeurs.
Parmi les participants à cette étude, 56,6% étaient des femmes (âge médian 60,4 ans), 46,1% n'avaient jamais fumé et 53,9% étaient d'anciens fumeurs. « En incluant une large cohorte d'hommes et de femmes non-fumeurs âgés de 45 ans et plus, cette recherche offre un aperçu de la prévalence et des caractéristiques des nodules pulmonaires dans un groupe de population qui n'a jamais été étudié auparavant », ajoute le Pr Vlichenthart.
La proportion européenne de fumeurs en baisse, mais pas les taux de nodules pulmonaires
Les participants ont fait l’objet d’une TDM du thorax à faible dose. Sept lecteurs formés ont enregistré la présence et la taille de nodules pulmonaires solides. Au moins un nodule pulmonaire a été trouvé chez 4 377 (42,0%) des participants (47,5% des hommes ; 37,7% des femmes). La prévalence des nodules pulmonaires augmente avec l'âge. Des nodules pulmonaires cliniquement pertinents (nodules mesurant 6 à 8 mm) étaient présents chez 11,1% des participants, la prévalence augmentant à nouveau avec l'âge. Les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’avoir des nodules pulmonaires et les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’avoir plusieurs nodules.
« Notre étude a révélé la présence de nodules cliniquement pertinents chez 11,1% d'une cohorte non-fumeur, traditionnellement considérée comme à faible risque, conclut le Pr Vlichenthart. C'était plus élevé que prévu et même similaire à la prévalence signalée dans les populations de fumeurs à haut risque. Ces dernières années, la proportion de fumeurs dans les populations occidentales a diminué en raison du succès des programmes d'abandon du tabac. Ce changement rend notre étude, qui fournit des données fondamentales et complètes sur les nodules pulmonaires chez les non-fumeurs, encore plus critique. »
Une nouvelle population à faible risque qu’il faudra identifier et qui pourrait nécessiter d’un suivi particulier
Les résultats impliquent que, compte tenu du nombre croissant de TDM thoraciques pratiquées pour diverses indications cliniques, ces nodules accidentels augmenteront le nombre d'examens et de bilans de suivi lors de l'utilisation des lignes directrices actuelles en matière de suivi des nodules. À mesure que les patients sont suivis dans la cohorte LifeLines au fil du temps, il est possible de recueillir davantage de données pour déterminer si une population de patients à faible risque pourrait nécessiter une gestion de suivi spécifique.
« Nous savons que l'incidence du cancer du poumon dans cette population (cohorte LifeLines) est très faible (0,3%), ce qui suggère que la plupart des nodules cliniquement pertinents et même exploitables dans une cohorte de non-fumeurs sont bénins, conclut la Pr Vlichenthart. Les futures données sur le diagnostic du cancer du poumon chez les participants à ImaLife présentant des nodules cliniquement pertinents et exploitables pourraient aider à optimiser les recommandations de gestion des nodules pour les personnes considérées à faible risque. »
Paolo Royan