Bientôt des équipes développement durable dans les centres de radiologie ?
JEUDI 25 AVRIL 2024
Un groupe de radiologues international, dirigé par des auteurs de l'Université de Toronto, a développé une approche permettant aux unités et cabinets de radiologie de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et de devenir plus résilients aux effets du changement climatique. Ils ont présenté leur plan d'action dans la Revue Radiology.

La préservation de l’environnement et la réduction de l’empreinte carbone sont devenues des items récurrents lorsque l’on évoque l’avenir du système de Santé. Dans ce contexte, les services de radiologie hospitaliers et les cabinets d’imagerie médicale se doivent de réduire, à moyen terme, leurs émissions de gaz à effet de serre et de devenir plus résilients aux effets du changement climatique.
Des radiologues Nord-américains développent une approche pour créer une unité de radiologie écoresponsable
C’est la raison pour laquelle un groupe de praticiens Nord-américains, dirigé par des auteurs de l'Université de Toronto, a développé une approche susceptible de répondre à ces nouvelles contraintes et publié les résultats de ces travaux dans la Revue Radiology.
L’objectif de cet article est de sensibiliser à la relation interconnectée entre la santé planétaire et la radiologie, de souligner pourquoi les radiologues devraient se soucier de la durabilité, de présenter les actions qui peuvent être mises en œuvre pour atténuer notre impact et de préparer les services et cabinets à s’adapter aux effets du changement climatique.
La combustion de combustibles fossiles et d’autres activités humaines qui augmentent les niveaux atmosphériques de gaz à effet de serre sont les principaux moteurs du changement climatique. On estime que la radiologie, pour la production et l’utilisation d’équipements d’imagerie médicale et de fournitures connexes, génère jusqu’à 1 % des émissions globales.
Constituer une équipe de durabilité dans chaque service d’imagerie
« Nous proposons une approche coordonnée et des actions concrètes que les radiologues peuvent mettre en œuvre pour contribuer à maintenir la santé de la planète et, en retour, améliorer la santé de leurs communautés et de leurs patients », précise l'auteur principal de cet article, le Pr Kate Hanneman, vice-présidente de la recherche, professeure agrégée à l'Université de Toronto et directrice adjointe de la durabilité au Département mixte d'imagerie médicale de l'Hôpital général de Toronto (Canada).
Les auteurs suggèrent que les services de radiologie commencent par établir une équipe de durabilité et un tableau de bord pour suivre et mesurer les paramètres clés et les indicateurs de performance. « Les unités d’imagerie devraient constituer une équipe diversifiée comprenant toutes les parties prenantes clés, notamment les radiologues, les MERM, la direction, l'informatique et la gestion des installations », poursuit-elle.
Éteindre les modalités d’imagerie en coupe inutilisées et optimiser les plannings d’examens
Les interventions à fort impact recommandées pour améliorer la durabilité en radiologie comprennent le passage des fournitures médicales jetables aux fournitures médicales réutilisables, la désactivation des systèmes de climatisation dans les zones inoccupées et la mise hors tension des équipements lorsqu'ils ne sont pas utilisés.
Le Pr Hanneman rappelle qu'en éteignant les modalités d’imagerie en coupe ou en réduisant leur consommation d'énergie lorsqu'ils ne sont pas utilisés, les émissions globales de gaz à effet de serre peuvent être réduites jusqu'à 33 % pour l'IRM et entre 40 % et 80 % pour la tomodensitométrie (TDM). L’optimisation de la planification de ces modalités peut également réduire les temps d’inactivité et les émissions moyennes de gaz à effet de serre par examen pour les unités d’IRM et de TDM. « Utiliser un scanner 24h/24 et 7j/7 avec un temps d'inactivité minimal est plus efficace que d'utiliser trois scanners de neuf à cinq heures », ajoute-t-elle.
Choisir la modalité la moins gourmande en énergie et développer les usages de l’IRM à faible champ
Une autre action potentielle consiste à mettre en œuvre des outils d’aide à la décision pour choisir des examens d’imagerie à plus faible énergie, le cas échéant. L'équivalent en émissions de CO2e, varie selon la modalité d'imagerie et est plus élevé pour l'IRM et la TDM que pour les ultrasons et les modalités de radiologie conventionnelle. « Lorsque plusieurs examens d'imagerie sont appropriés pour répondre à une question clinique, ceux provoquant des émissions plus faibles peuvent être priorisés", affirme le Pr Hanneman.
Les auteurs suggèrent également d’abréger les protocoles d’imagerie et d’élargir l’utilisation des applications cliniques d’IRM à faible champ. « L’expansion des applications cliniques de l’IRM à faible champ réduira non seulement les émissions pendant la phase d’utilisation, mais pourrait également potentiellement améliorer l’accès mondial à l’IRM, poursuit-elle. Les modalités d’IRM à faible champ ont tendance à être plus petits et moins coûteux, et il est de plus en plus reconnu qu’ils peuvent contribuer à lutter contre les inégalités en matière de santé. »
Faire preuve de créativité pour déterminer les pratiques les plus écoresponsables
Les auteurs recommandent également de travailler avec les fabricants pour mettre à jour ou remettre à neuf les équipements plutôt que d'acheter de nouveaux équipements d'imagerie, lorsque cela est possible. Pour réduire les déchets d'emballage, ils suggèrent de passer des systèmes d'injection de produit de contraste à dose unique aux systèmes d'injection de produit de contraste multi-patients et d'établir des programmes durables de gestion des déchets.
Nous n’avons pas trouvé, dans cet article, de solution révolutionnaire qui puisse être mise en œuvre dans ce cadre, l’essentiel des recommandations qui y sont éditées ayant fait déjà l’objet de plusieurs articles dans nos colonnes Le Pr Henneman précise toutefois : « Toutes les actions suggérées ne seront pas applicables ou réalisables à mettre en œuvre dans chaque service de radiologie. Les équipes de développement durable devront faire preuve de créativité pour déterminer quelles actions auront le plus grand impact dans leur département. »
Cet article faisait partie d’un numéro spécial de Radiology sur le thème de la durabilité en l’honneur du Jour de la Terre. Nous reviendrons, dans un futur proche, sur d’autres interventions présentées dans ce numéro spécial.
Bruno Benque avec RSNA