Cicatrices radiales mammaires : de nouveaux standards de classement par tomosynthèse
JEUDI 28 MARS 2024
Les cicatrices radiales sans atypie survenant après une biopsie du sein et détectées par le dépistage par tomosynthèse ont un faible taux de progression vers le cancer du sein. C’est ce qui ressort d’une étude, publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), dans laquelle deux chercheuses ont réalisé un suivi des cicatrices avec et sans atypie.

Les cicatrices radiales sont des lésions mammaires idiopathiques qui, en histopathologie, ont une configuration étoilée ou en forme de rosette, constituée d'un noyau fibreux et de canaux et lobules rayonnants.
L’avènement de la tomosynthèse modifie les standards de classement des cicatrices radiales post biopsie
Les cicatrices radiales sont le plus souvent détectées à la mammographie sous forme de distorsion architecturale et sont identifiées plus fréquemment en raison de l'amélioration de la visualisation de la distorsion architecturale sur la tomosynthèse numérique du sein. Plus rarement, les cicatrices radiales se présentent à la mammographie sous forme de calcifications, de masse ou d'asymétrie.
Historiquement, la prise en charge recommandée pour les cicatrices radiales était l'excision chirurgicale, mais une méta-analyse comprenant 49 études publiées de 1999 à 2018 a rapporté des taux d'élimination chirurgicale allant de 0 à 45%. Des études plus récentes ont fait état de taux de reclassement globalement inférieurs mais néanmoins variables, allant de 1 à 12%. Ces travaux, rapportant des cicatrices radiales détectées principalement par mammographie numérique, excluant certaines patientes (par exemple celles ayant déjà reçu un diagnostic de cancer du sein), et incluant les cicatrices radiales sans atypies (c'est-à-dire de cicatrices radiales pures) présentent de nombreuses limites.
Une étude tente d’apporter des informations supplémentaires quant au reclassement des cicatrices radiales
C’est la raison pour laquelle des chercheuses du Massachussetts Genaral Hospital de Boston (USA) ont initié une étude, publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), dans le but de comprendre si des sous-ensembles spécifiques de cicatrices radiales peuvent être gérés en toute sécurité par surveillance radiologique plutôt que par chirurgie. De telles informations éclaireraient les futures stratégies de prise en charge et remédieraient à l'absence de telles lignes directrices pour la gestion des cicatrices radiales à l'ère de la tomosynthèse. Elles se proposent ainsi de déterminer les taux de reclassement des cicatrices radiales détectées par tomosynthèse, avec et sans atypies, et d'identifier les caractéristiques liées au risque de reclassement.
« La surveillance par imagerie plutôt que la chirurgie est une approche raisonnable pour les cicatrices radiales sans atypies, en particulier pour celles qui se présentent sous la forme de calcifications », précisent le Dr Manisha Bahl et le Dr Claire Crowley, du Massachusetts General Hospital, co-auteures de l’article.
Diverses caractéristiques susceptibles de provoquer un sur-classement des lésions cicatricielles
Les chercheuses ont étudié des patientes ayant subi une biopsie et présentant une cicatrice radiale après un dépistage par tomosynthèse mammaire numérique et par mammographie numérique, du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2020. Les patientes sans excision chirurgicale ou sans suivi d'imagerie d'au moins 2 ans après biopsie ont été exclues. Les taux de passage au cancer du sein [carcinome canalaire in situ (CCIS) ou maladie invasive] ont été comparés entre les cicatrices radiales avec et sans atypie.
Ce travail a permis de montrer que, parmi les cicatrices radiales détectées par le dépistage par tomosynthèse, le taux de cancer du sein pour les femmes sans atypie était de 1,6% (2/129) et pour celles avec atypie, de 20,0% (6/30). Sur 34 cicatrices radiales se présentant comme des calcifications, aucune n’a été éclipsée par un cancer. Dans leur article, les chercheuses ont également identifié des caractéristiques autres que les atypies qui sont associées à un risque de sur-classement, notamment l’âge, un diagnostic antérieur de cancer du sein et des antécédents familiaux de cancer du sein.
Bruno Benque avec AJR