Le dépistage annuel du cancer du sein à partir de 40 ans validé dans une étude
MARDI 20 FéVRIER 2024
Le dépistage annuel du cancer du sein commençant à 40 ans et se poursuivant jusqu'à au moins 79 ans réduirait significativement la mortalité des femmes par rapport à la procédure biannuelle à partir de 50 ans. Cette constatation a été faite à partir d’une étude dédié publiée dans la Revue Radiology et qui suggère de suivre les nouvelles recommandations en ce sens.

Le cancer du sein est la deuxième cause de décès par cancer chez les femmes aux États-Unis. Malgré des recherches démontrant qu'une participation régulière à une mammographie de dépistage peut réduire les décès par cancer du sein de 40 %, seulement 50 % ou moins des femmes éligibles participent réellement au dépistage annuel, à l’instar des autres pays dits développés.
Réflexions sur la périodicité et l’âge du début du dépistage du cancer du sein
« Il y a un débat en cours sur les recommandations en matière de dépistage du cancer du sein, en particulier sur le moment où commencer et la fréquence du dépistage », indique le Dr Debra L. Monticciolo, professeur de radiologie à la Dartmouth Geisel School of Medicine à Hanovre (New Hampshire – USA).
Une recommandation de l’U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF) en 2009 ciblait un dépistage chaque année, ou tous les deux ans, à partir de 50 ans, ce qui a entraîné une baisse de la participation au dépistage à l'échelle nationale. L'USPSTF a rédigé de nouvelles recommandations en 2023, suggérant aux femmes de participer à un dépistage biennal entre 40 et 74 ans. L'American College of Radiology, la Society of Breast Imaging et le National Comprehensive Cancer Network recommandent ainsi un dépistage annuel pour les femmes présentant un risque moyen de cancer du sein à partir de l'âge 40 ans.
Une étude évalue le passage à un dépistage annuel à partir de 40 ans
Dans une étude publiée dans la Revue Radiology, le Dr. Monticciolo et ses collègues ont effectué une analyse secondaire des estimations médianes du Cancer Intervention and Surveillance Modeling Network (CISNET) sur les résultats du dépistage du cancer du sein en 2023. Les données de modélisation CISNET donnent aux chercheurs la possibilité d'estimer les résultats du dépistage à différentes fréquences et âges de départ à l'aide des données américaines.
Les chercheurs ont comparé les avantages du dépistage, notamment la réduction de la mortalité, les années de vie gagnées, les décès évités par cancer du sein, ainsi que les risques inhérents, comme les biopsies bénignes ou inutiles et les taux de rappel, pour quatre scénarios différents : dépistage biennal des femmes de 50 à 74 ans (le recommandation historique de l'USPSTF), le dépistage biennal des femmes de 40 à 74 ans (le nouveau projet de recommandation du groupe de travail), le dépistage annuel de 40 à 74 ans et le dépistage annuel de 40 à 79 ans. CISNET ne propose pas de modélisation au-delà de 79 ans.
Une réduction significative de la mortalité et du nombre de faux positifs
Ce travail a montré que le dépistage annuel des femmes de 40 à 79 ans par mammographie numérique ou tomosynthèse entraîne une réduction de la mortalité de 41,7%. Ce taux passe à 25,4% pour le dépistage biennal des femmes de 50 à 74 ans et à 30% pour les femmes de 40 à 74 ans. En outre, le dépistage annuel des femmes de 40 à 79 ans a montré le plus faible nombre de faux positifs par mammographie (6,5 %) et de biopsies bénignes (0,88 %) par rapport aux autres scénarios de dépistage.
« Le principal point à retenir de notre étude est que le dépistage annuel commençant à 40 ans et se poursuivant jusqu'à au moins 79 ans donne la plus forte réduction de mortalité, le plus grand nombre de décès par cancer évités et le plus grand nombre d'années de vie gagnées, ajoute le Dr. Monticciolo. Il y a un énorme avantage à effectuer un dépistage annuel jusqu'à au moins 79 ans et encore plus si les femmes sont dépistées après 79 ans. »
Ne pas amplifier les risques inhérents aux suites du dépistage par rapport à ses avantages
Elle remarque également que, bien que l'USPSTF utilise la modélisation CISNET pour formuler ses recommandations, cette institution considère les taux de rappel et les biopsies bénignes comme des préjudices plutôt que comme des risques. « Pour équilibrer les inconvénients et les avantages de la mammographie de dépistage, ils sont prêts à renoncer à certains avantages en matière de mortalité pour éviter que les femmes ne soient orientées vers des images supplémentaires et des biopsies bénignes », poursuit-elle.
Selon les conclusions des chercheurs, le risque qu’une femme subisse une biopsie bénigne après un dépistage annuel est inférieur à 1 %, et tous les taux de rappel pour une mammographie de dépistage sont inférieurs à 10 %. Lorsque le dépistage est réalisé annuellement par tomosynthèse, le taux de rappel diminue à 6,5 %.
« Les risques du dépistage ne sont pas mortels et sont gérables pour la plupart des femmes, conclut le Dr Monticciolo. Mais le cancer du sein avancé est souvent mortel. Le cancer du sein est plus facile à traiter s’il est détecté plus tôt. Nous pouvons ainsi épargner les femmes d’interventions chirurgicales et de chimiothérapies supplémentaires. C’est simplement une meilleure idée de passer à une détection précoce, et c’est ce que fait le dépistage. »
Bruno Benque avec RSNA