Dépistage du cancer du sein : discriminants sociaux et ethniques persistants aux USA
LUNDI 15 JANVIER 2024
Les populations américaines ne sont pas toutes égales quant à leur accès aux soins de Santé. Ceci se vérifie sur le champ du dépisatge du cancer du sein par mammographie. Un article publié dans la Revue RadioGraphics fait une synthèse du problème qui est lié aux déterminants sociaux et à l'environnement des patientes. Les femmes noires, plutôt jeunes, sont aussi plus à risque que leurs congénères.

La Revue RadioGraphics a publié une revue de la littérature relative aux inégalités d’accès au dépistage du cancer du sein par mammographie aux États-Unis.
Des disparités d'accès au processus de dépistage du cancer du sein dues aux déterminants sociaux de Santé
Le cancer du sein représente, dans cette région du monde, près d’un tiers (31 %) de tous les cas de cancer incidents chez les femmes, avec un taux de mortalité qui s’est réduit à 42% depuis son pic en 1989. Néanmoins, toutes les femmes ne bénéficient pas également de cette amélioration de la survie car certaines populations de femmes sont confrontées à des disparités en matière de résultats du cancer du sein, notamment à un stade plus avancé au moment du diagnostic et à des taux de mortalité accrus.
Le profil de ces femmes défavorisées sur ce champ fait état de faibles revenus, d’un faible niveau d’éducation, de connaissances en matière de santé insuffisantes, ainsi que d’une insuffisance ou d’un manque d’assurance maladie. Ces déterminants sociaux de la santé (SDoH) comprennent donc des facteurs socio-économiques, notamment le revenu, le statut d'assurance, l'éducation, les comportements liés à la santé, l'environnement physique et le logement et peuvent contribuer à plus de 80 % des disparités en matière prise en charge.
Le cas spécifique des femmes noires jeunes
D’autres déterminants concernent notamment la race et l’origine ethnique ou le lieu de vie en zone rurale. Selon les données issues du programme Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER) du National Cancer Institute, les femmes noires sont plus susceptibles de mourir de leur maladie que les autres, avec un taux de mortalité par cancer du sein 40,7 %, malgré un taux d'incidence plus faible. Et ce sont les femmes noires jeunes qui présentent un risque disproportionné de cancer du sein entre 15 et 39 ans, par rapport à toute autre race ou origine ethnique, et sont plus susceptibles de mourir d'un cancer du sein à tout âge.
Cette spécificité est attribuée à des facteurs biologiques et à des facteurs génétiques, notamment depuis l’identification de BRCA1 et BRCA2, qui surviennent plus fréquemment chez les patientes noires et hispaniques atteintes d'un cancer du sein. En outre, la prévalence des mutations BRCA1 est la plus élevée chez les jeunes femmes noires (<35 ans) (16,7 %), par rapport aux jeunes femmes hispaniques (8,9 %) blanches non hispaniques (7,2 %).
Retards de diagnostics et examens de suivi pas toujours respectés
Mais cet article met en garde de ne pas minimiser l’interaction potentielle entre biologie des tumeurs et SDoH. Plusieurs études ont montré que des facteurs tels qu’un environnement social défavorable et des niveaux élevés de facteurs de stress individuels contribuent à ce risque accru. Des disparités persistent également dans le dépistage du cancer du sein en fonction de la race et de l’origine ethnique également. Les femmes noires, amérindiennes non hispaniques, autochtones de l'Alaska et hispaniques présentent des taux d'utilisation du dépistage inférieurs à ceux des femmes blanches non hispaniques. Les disparités concernent, de plus, les la qualité des modalités d’imagerie utilisées pour le dépistage, puisque l'accès et l'utilisation de la tomosynthèse, par exemple, est très inégal, notamment les femmes ayant un SDoH faible.
Les disparités concernent enfin les retards de diagnostic et de traitement, les femmes hispaniques et noires étant plus susceptibles de manquer d'imagerie de suivi et également de connaître des retards dans l'imagerie de suivi que les femmes blanches non hispaniques. Les autorités sanitaires américaines sont au clair avec ces données et tentent de promouvoir le dépistage, le diagnostic et le traitement, ainsi que des stratégies pour les pratiques d'imagerie du sein. Cela peut être accompli grâce à la mise en œuvre de partenariats communautaires-radiologie, de programmes d'éducation communautaire et d'activités de sensibilisation de ces populations. Les auteurs de cet articles semblent significativement impliqués dans ce processus.
Bruno Benque avec RSNA