Dépistage du cancer du poumon : des taux de survie à 20 ans de 81% !
MARDI 07 NOVEMBRE 2023
Une étude internationale à grande échelle sur 20 ans publiée dans la Revue Radiology, montre que les patients diagnostiqués avec un cancer du poumon par tomodensitométrie low dose ont un taux de survie à 20 ans de 81 %. Cela prouve une nouvelle fois la pertinence de ce dépistage, réalisé avant l’apparition des symptômes, pour la survie à long terme des patients atteints par cette pathologie.

La tomodensitométrie (TDM) low dose vient une nouvelle fois montrer son efficacité dans le diagnostic du cancer du poumon à un stade précoce. Une nouvelle étude internationale à grande échelle sur le dépistage durant vingt ans, publiée dans la Revue Radiology, vient d’en donner la preuve la plus solide.
Un taux de survie de 81% à 20 ans pour les patients explorés par dépistage TDM low dose
« C'est la première fois que des taux de survie à 20 ans issus d'un dépistage annuel sont rapportés, précise l'auteur principal de l'étude, le Pr Claudia Henschke, professeur de radiologie et directrice du programme d'action pulmonaire et cardiaque précoce à l'École de médecine Icahn Mont Sinaï School of medicine de New York (USA). Ce taux de survie à 20 ans de 81 % est le taux de guérison estimé de tous les participants atteints d'un cancer du poumon diagnostiqué lors d'un dépistage annuel. C’est un énorme avantage par rapport à l’attente d’un diagnostic qui, dans les soins habituels, est déclenché par les symptômes. »
Selon l’American Lung Association, le taux de survie moyen sur cinq ans au cancer du poumon est de 18,6 %. Seulement 16 % des cancers du poumon sont diagnostiqués à un stade précoce, et plus de la moitié des personnes atteintes d’un cancer du poumon décèdent dans l’année suivant le diagnostic. Bien que les traitements des cancers à un stade plus avancé par thérapie ciblée et immunothérapie aient parcouru un long chemin, le meilleur outil dans la lutte contre les décès par cancer est le diagnostic précoce grâce à un dépistage par TDM low dose avant l'apparition des symptômes.
Des taux de guérison à vingt ans identiques à ceux établis au bout de dix ans
Depuis 1992, le Pr Henschke et ses collègues étudient l'efficacité de ce dépistage, ce qui a conduit à la création du Programme international d'action contre le cancer du poumon précoce (I-ELCAP) qui a inscrit plus de 89 000 participants dans plus de 80 institutions à travers le monde. Ce programme international poursuivra ses collaborations en 2024 avec des organisations cliniques et gouvernementales pour déployer des programmes de dépistage pulmonaire pour les pays mal dotés et à faible revenu sur deux continents supplémentaires.
En 2006, les chercheurs ont identifié un taux de survie à 10 ans de 80 % pour les patients dont le cancer a été identifié par TDM. Pour cette étude, ils ont examiné les taux de survie à 20 ans. « Nous étions ravis de constater que le taux de guérison estimé que nous avions signalé en 2006 persistait après 20 ans de suivi », ajoute le Pr Henschke. Cette nouvelle étude a également révélé que parmi les 1 257 participants à l’I-ELCAP diagnostiqués avec un cancer du poumon, 81% souffraient d’une maladie de stade I avec un taux de survie à long terme de 87%. Ces résultats démontrent l’importance du dépistage par TDM low pour la détection précoce du cancer du poumon.
L’importance de respecter le programme de dépistage annuel pour optimiser les chances de survie
Les chercheurs ont également inclus des participants qui fumaient moins de 10 paquets-années, y compris ceux qui n'avaient jamais fumé de cigarettes mais qui avaient été exposés passivement à la fumée de cigarette. « Les moins de 10 paquets-années de tabagisme incluent les personnes qui n'ont jamais fumé, poursuit le Pr Henschke. Aux États-Unis, environ 25 % des cancers du poumon sont diagnostiqués chez des personnes qui n'ont jamais fumé. » Les résultats de cette étude montrent qu’après 20 ans, les patients diagnostiqués à un stade précoce d’un cancer du poumon via un dépistage par TDM obtiennent des résultats nettement meilleurs. En traitant le cancer lorsqu’il est petit, on peut guérir efficacement les patients à long terme.
« Le cancer du poumon peut être guéri si vous vous inscrivez à un programme de dépistage annuel utilisant un protocole bien défini et un système de gestion complet, conclut le Pr Henschke. Il est important de revenir pour un dépistage annuel. » Pour rappel, le groupe de travail américain sur les services préventifs recommande un dépistage annuel du cancer du poumon par TDM low dose chez les adultes âgés de 50 à 80 ans qui ont un historique de tabagisme de 20 paquets-années et qui fument actuellement ou ont arrêté au cours des 15 dernières années.
Bruno Benque avec RSNA