Des radio-isotopes α pour la radio-embolisation hépatique
MERCREDI 06 SEPTEMBRE 2023
La radio-embolisation hépatique a un potentiel thérapeutique intéressant mais nécessite l’apport de nouveaux radio-isotopes plus efficaces. Des chercheurs américains ont évalué, dans une étude publiée dans l’European Journal of Nuclear Medicine & Molecular Imaging (EJNMMI), la stabilité et la pertinence d’une molécule émettant des particules α dans ce contexte.

Les procédures mini-invasives de destruction tumorale endovasculaire constituent une alternative de choix à la chirurgie, à fortiori pour les lésions situées dans des zones hépatiques difficilement accessibles pour le chirurgien.
La radio-embolisation hépatique nécessite l’apport de nouveaux agents thérapeutiques
Le foie est un site fréquent de métastases pour divers cancers, notamment le cancer colorectal. Les tumeurs hépatiques primaires et secondaires sont irriguées par l'artère hépatique, tandis que le foie sain est irrigué par la veine porte. Les thérapies endovasculaires, telles que l'embolisation transartérielle (TAE), la chimio-embolisation (TACE) et la radio-embolisation (TARE), exploitent ces voies artérielles pour diriger des thérapies localisées vers les tumeurs hépatiques.
La TARE utilisant des microsphères de verre ou de résine d'yttrium 90 a donné des résultats prometteurs avec des effets secondaires réduits, faisant naître de grands espoirs dans la perspective de procédures de radiothérapie ciblée. Mais elle présente des avantages de survie similaires à ceux de la TACE chez les patients atteints d'un carcinome hépatocellulaire (CHC). Cela met en évidence la nécessité de nouveaux agents contre le CHC.
Une étude pour évaluer la stabilité et la pertinence de radio-isotopes émettant des particules α
Au cours de la dernière décennie, le développement et l’utilisation de radio-isotopes émetteurs de particules α ont considérablement élargi le domaine de la radiothérapie ciblée (TRT). Dans une étude publiée dans l’European Journal of Nuclear Medicine & Molecular Imaging (EJNMMI), des chercheurs américains évaluent les apports de l’αTARE dans le traitement du CHC par l’agent αTARE [225Ac]Ac-DOTA-TDA-Lipiodol®. La thérapie alpha ciblée (TAT) est un traitement très puissant en raison de la courte portée (épargnant les tissus normaux adjacents) et de la piste densément ionisante (transfert d'énergie linéaire élevé) des particules α émises.
Des résultats encourageants pour une option thérapeutique supplémentaire
Les résultats de cette étude, réalisée sur des souris et des rats, montrent que le [225Ac]Ac-DOTA-TDA est très stable, avec une stabilité sur table à une pureté radiochimique (RCP) supérieure à 95 % sur une période de 3 jours et une stabilité sérique supérieure à 90 % sur 5 jours. Les données pharmacocinétiques ont montré une rétention de l’agent dans la tumeur et une absence dans les organes normaux.
L'organe limitant la dose est bien le foie et la radioactivité maximale tolérable estimée basée sur le poids corporel total des rongeurs est de 728 à 3 641 Bq/g pour le rat mâle, 396 à 1 982 Bq/g pour la souris mâle et 453 à 2 263 Bq/g pour la souris femelle. De plus, le [225Ac]Ac-DOTA-TDA-Lipiodol® a montré une amélioration significative de la survie des souris mâles et femelles (survie médiane de 47 jours) par rapport aux témoins (26 jours sans traitement et 33 à 35 jours de Lipiodol® seul).
Cette étude montre donc que le [225Ac]Ac-DOTA-TDA-Lipiodol® est un composé stable permettant une fabrication et une distribution généralisée et qu’il s’agit d’une option thérapeutique potentielle pour le traitement des tumeurs hépatiques.
Bruno Benque avec EJNMMI