La cryoabation, alternative efficiente pour traiter l'endométriose pariétale
MARDI 20 JUIN 2023
Les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg ont présenté, le 16 juin 2023, un retour d’expérience sur la cryoablation de l’endométriose pariétale. Les patriciens de cette institution impliqués dans cette pratique, le Pr Afshin Gangi en tête, ont vanté les apports de cette procédure efficiente et générant peu d’effets secondaires.

Les applications de la radiologie interventionnelle sont tous les jours plus nombreuses et diversifiées, au point que ces différentes techniques thérapeutiques s’en trouvent insuffisamment diffusées. C’est la raison pour laquelle les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg ont organisé, le 16 juin 2023, une journée dédiée à la prise en charge de l’endométriose pariétale.
Des nodules d’endométriose pariétale très douloureux et handicapants pour les patientes
Le Pr Afshin Gangi, le Pr Catherine Roy et le Dr Luigi Cazzato, respectivement Chef du service de radiologie interventionnelle, Chef du service d’échographie et onco-radiologue au CHRU de Strasbourg, faisaient partie des praticiens venus présenter les nouvelles solutions thérapeutiques pour soulager les patientes de cette affection liée à la présence de tissu semblable à celui de l’endomètre hors de l’utérus, et même hors du pelvis. Cliniquement plus rare que l’endométriose classique, l’endométriose pariétale est la forme la plus fréquente d’atteinte extra-pelvienne, touchant la paroi abdominale. Cette forme clinique reste relativement superficielle, sous forme de nodules apparaissant le plus souvent dans un pli inguinal ou près du nombril et très douloureux pour la patiente à chaque retour des règles.
Un traitement classique hormonal ou chirurgical qualifié de délabrant
Les gynécologues et chirurgiens présents ce jour-là à Strasbourg ont évoqué des études de cas observant que l’endométriose pariétale se déclarait majoritairement au regard ou à proximité d’une cicatrice, généralement dans les deux années qui suivent une intervention chirurgicale abdomino-pelvienne. Elle se manifeste, à l’IRM, par des nodules fibreux à contours irréguliers ponctués de microfoyers hémorragiques. L’IRM permet dans ce cas le diagnostic différentiel avec une autre masse musculaire ou une tumeur desmoïde, par exemple.
La thérapie de référence, en première intention, repose sur la prise d’un traitement hormonal continu, ce qui n’est pas très populaire auprès des patientes. L’alternative est l’ablation chirurgicale des nodules douloureux, une opération considérée comme délabrante et générant des risques significatifs de hernie ou éventration notamment. Afin d’éviter aux patientes de telles contraintes, le Pr Gangi et son équipe ont pris le parti, en 2017 de proposer l’ablation des nodules pariétaux par cryothérapie, une technique déjà utilisée avec succès à la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota, USA). Réalisée tout d’abord exceptionnellement, cette procédure est devenue le traitement de référence de l’endométriose pariétale, depuis 4 ans, au CHRU de Strasbourg.
La cryoablation comme alternative efficiente et générant peu d’effets secondaires
Proposée en priorité lorsque la douleur des patientes est forte, quelle que soit la taille des nodules, la cryoablation n’est contre-indiquée que dans de rares cas où l’endométriose pariétale envahit la peau et pour les patientes sous traitement anticoagulant, chez qui l’on ne pourrait arrêter un saignement éventuel.
Elle est réalisée en ambulatoire en unité de radiologie interventionnelle, généralement sous anesthésie locale, et dure une heure environ. Le radiologue introduit d’abord sous contrôle échographie une ou plusieurs fines aiguilles de cryothérapie, à travers la peau de l’abdomen préalablement anesthésié, au travers desquelles les nodules seront soumis à une température de -40°C pour une destruction rapide.
Avec quatre ans d’expérience, l’équipe strasbourgeoise objective un taux de récidive inférieur à 5 %, en nette amélioration depuis que des marges de 1 à 2 mm autour des nodules sont appliquées. Ce succès a conduit une dizaine d’autres centres de radiologie interventionnelle français à proposer cette procédure aux patientes éligibles, le geste n’étant pas très différent des techniques de cryoablation qui se pratiquent dans d’autres régions anatomiques.
Bruno Benque avec les HUS