Le scanner double énergie compare les effets des différentes chirurgies du poumon
MERCREDI 09 NOVEMBRE 2022
Selon un article publié dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), les mesures dérivées de la tomodensitométrie (TDM) double énergie (DECT) peuvent donner un aperçu des changements physiologiques pulmonaires après la résection chirurgicale du cancer du poumon. Ce travail montre que le DECT peut apporter des informations supplémentaires à celles fournies par les examens de fonction pulmonaire (PFT) et de scanner conventionnel.

Lors de la chirurgie du cancer du poumon, une résection limitée est théoriquement avantageuse par rapport à la lobectomie, en termes de préservation de la fonction pulmonaire compte tenu de la moindre étendue de parenchyme supprimé. Néanmoins, des études ont montré que la préservation fonctionnelle résultant d'une résection limitée était limitée en termes de qualité et de durée, de sorte que ce bénéfice potentiel est d'un impact discutable, notamment selon le lobe réséqué.
Les apports du scanner bi-énergie dans l’exploration anatomique et de la perfusion du poumon
Des examens conventionnels tels que l’évaluation de la PFT et la scintigraphie de perfusion sont de nature à évaluer l'impact de l'approche chirurgicale et du lobe réséqué sur les modèles de changements postopératoires de la fonction pulmonaire régionale. Mais la TDM bi-énergie (DECT) permet la décomposition de la matière et peut obtenir simultanément des informations sur l'anatomie pulmonaire et la perfusion pulmonaire.
Chez les patients atteints d'un cancer du poumon, la DECT a un potentiel supplémentaire pour quantifier les changements globaux et régionaux post-chirurgicaux du volume pulmonaire et de la perfusion. Ces changements peuvent varier en fonction du type de chirurgie et de l'emplacement de la tumeur réséquée. Une étude coréenne publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR) a pour but de comparer grâce au DECT les changements postopératoires du volume pulmonaire et de la perfusion entre les patients subissant une résection chirurgicale du cancer du poumon par lobectomie et une résection limitée, et d'évaluer les associations de ces changements avec l'emplacement lobaire de la tumeur réséquée.
Une étude pour comparer, par DECT, les suites postopératoires des différentes techniques de résection du poumon
« Le DECT décrit les modèles de volume pulmonaire et de changements de perfusion après une chirurgie du cancer du poumon, en fonction de l'approche chirurgicale (lobectomie vs résection limitée) et de l'emplacement lobaire de la tumeur », remarque l'auteur correspondant de l’étude, le Pr Young Jin Kim, du Research Institute of Radiological Science au Korea’s Yonsei University College of Medicine à Séoul (Corée du Sud).
Dans cet article, 81 patients (38 hommes, 43 femmes ; âge moyen : 60,5 ans ; lobectomie chez 43 patients et résection limitée chez 38 autres) en attente d'une chirurgie de résection du cancer du poumon entre mars 2019 et février 2020 ont été inclus. Les patients ont subi une évaluation DECT thoracique et PFT avant l'opération et 6 mois après l'opération. Les lobes pulmonaires ont été segmentés et les rapports de volume et de perfusion lobaires, tous deux relatifs aux valeurs pulmonaires entières, ont été calculés. Les mesures de perfusion reflétaient la teneur en iode dérivée du DECT. Les patients ont ensuite rempli des questionnaires de qualité de vie postopératoire à 6 mois.
Des résultats significatifs pour évaluer par DECT la physiologie pulmonaire après résection
Les chercheurs ont conclu de ce travail que les augmentations du rapport de perfusion pulmonaire étaient plus importantes après la lobectomie qu’après la résection limitée pour le ou les lobes homolatéraux non réséqués (39,9 ± 20,7 % vs 22,8 ± 17,8 %) et le poumon controlatéral (20,9 ± 9,4 % vs 4,3 ± 5,6 %). Après une lobectomie du lobe inférieur droit, les augmentations postopératoires les plus importantes du rapport de volume pulmonaire se sont produites dans le lobe moyen droit (44,1 ± 21,0 %), tandis que la plus grande augmentation postopératoire du rapport de perfusion pulmonaire s'est produite dans le lobe inférieur gauche (53,9 ± 8,6 %).
Notant que certains changements postopératoires dans les paramètres de volume et de perfusion dérivés du DECT ont montré une corrélation avec les scores de qualité de vie postopératoire rapportés par les patients, les chercheurs indiquent que « les résultats montrent un rôle potentiel des mesures dérivées du DECT pour comprendre les impacts physiologiques variables des chirurgies de résection du cancer du poumon ».
Bruno Benque avec AJR