Les lymphadénopathies post vaccination ne doivent pas retarder les mammographies de dépistage
MERCREDI 09 FéVRIER 2022
Une étude publiée dans la Revue Radiology suggère de ne pas retarder les mammographies de dépistage après la vaccination contre le COVID-19, même en raison de lymphadénopathie. Les chercheurs estiment que ces dernières doivent être, à minima, surveillées et être interprétée dans le contexte des facteurs de risque de chaque patiente.

Les ganglions lymphatiques grossissent généralement en réponse à une infection ou à un vaccin, mais une lymphadénopathie unilatérale peut également évoquer un cancer, ce qui pose un problème diagnostique en imagerie oncologique en période de pandémie de COVID-19.
Des faux positifs de lymphadénopathie après vaccination contre le COVID
Les patientes ont souvent été appelées à retarder leurs examens de mammographie dans cette situation, pour éviter les faux positifs et les suivis inutiles. Cependant, il est vite devenu évident que l’augmentation de volume ganglionnaire pouvait prendre plusieurs semaines pour disparaître. C’est la raison pour laquelle le Dr Stacey Wolfson, du Département de radiologie de la Grossman School of Medicine de l'Université de New York et de la NYU Langone Health, et ses collègues ont entrepris de déterminer les résultats de la lymphadénopathie après la vaccination COVID-19 lors d'examens d'imagerie mammaire.
Ils ont consigné leurs résultats dans une étude publiée dans la Revue Radiology. « Il s'agit de la plus grande étude pour évaluer la lymphadénopathie axillaire après la vaccination contre le COVID-19, avec des données de suivi à long terme, précise le Dr Wolfson. C'est important car cela nous donne une meilleure idée du comportement naturel de cette lymphadénopathie réactive et nous permet d'élaborer des directives plus larges concernant le suivi. »
Des ganglions qui grossissent peu de temps après le vaccin
Les chercheurs ont identifié des patientes vaccinées COVID-19 et explorées par mammographie entre le 30 décembre 2020 et le 12 avril 2021, dans 17 sites d'un même établissement. Sur les 1 217 patientes incluses, 537 (44 %) avaient une adénopathie identifiée sur au moins un examen d'imagerie, 823 patientes (68 %) ont eu des examens de dépistage et 334 patientes ont fait l’objet d’une mammographie et d’une échographie le même jour. Parmi celles-ci, 29 (9 %) patientes avaient une lymphadénopathie identifiée à la mammographie seule, 203 (61 %) à l'échographie seule et 102 (30 %) patientes aux deux examens.
« D'autres études avec une incidence rapportée plus faible de lymphadénopathie sont basées sur des symptômes autodéclarés ou sur la détection uniquement par mammographie. En revanche, notre étude a eu une incidence de 44 % », poursuit le Dr Wolfson. Les patientes ont développé une lymphadénopathie dès le premier jour suivant la première dose de vaccin et jusqu'à 71 jours après la deuxième dose. Une lymphadénopathie axillaire persistante a été observée jusqu'à 43 semaines après la vaccination.
Des résultats à distance diagnostiqués comme bénins d'emblée à près de 80%
« J'ai été surprise par la rapidité avec laquelle les ganglions lymphatiques ont grossi et par le temps durant lequel ils ont persisté après avoir été détectés lors d'examens échographiques de dépistage, remarque le Dr Wolfson. Nous avons constaté que des ganglions lymphatiques réactifs bénins étaient toujours présents malgré le retard des examens de dépistage de 4 à 6 semaines en fonction de diverses directives. Ces ganglions lymphatiques étaient inchangés avec les examens de suivi à trois mois, et certains ganglions lymphatiques hypertrophiés ont persisté pendant plus de 10 mois. »
Huit pour cent (43/537) des patientes atteintes de lymphadénopathie ont subi une biopsie, révélant 34 (79%) résultats bénins et 9 (21%) résultats malins. D’autre part, quatre patientes ont été diagnostiquées avec un cancer du sein métastatique. Les patientes atteintes d'un cancer métastatique présentaient toutes des résultats mammographiques suspects dans le sein homolatéral. À distance, 387 (72 %) patients atteints de lymphadénopathie ont eu 407 examens de suivi, en moyenne 15,7 semaines après les examens initiaux. Lors de l'imagerie de suivi, 323 examens sur 407 (79,4 %) ont été évalués comme bénins et 84 (20,6 %) ont été évalués comme probablement bénins avec recommandation de subir un suivi supplémentaire, pour aucun diagnostic ultérieur malin.
Continuer les mammographies de dépistage même après la vaccination contre le COVID
« Ces résultats nous permettent d'élaborer des directives plus larges suggérant que l'imagerie de suivi à court terme n'est pas recommandée, conclut le Dr Wolfson. Nous n'avons trouvé que 9 ganglions lymphatiques cancéreux dans notre étude, et ils n'ont été trouvés que chez des femmes atteintes d'un cancer connu, des découvertes suspectes simultanées dans le sein et/ou l'aisselle controlatérale. »
Sur la base des conclusions, les chercheurs ont conclu qu'il ne devrait y avoir aucun retard dans les mammographies de dépistage en raison de la vaccination récente contre la COVID-19 et que la lymphadénopathie devrait être interprétée dans le contexte des facteurs de risque avec vigilance chez les patientes présentant des résultats mammographiques suspects simultanés dans le sein inilatéral.
Bruno Benque avec RSNA