COVID-19 : le Projet STOIC confirme la spécificité du scanner dans le diagnostic de pneumonie
MERCREDI 30 JUIN 2021 Soyez le premier à réagirL’étude à grande échelle STOIC, qui se proposait de confirmer le potentiel du tandem scanner / RT-PCR dans le diagnostic de pneumonie à COVID-19 vient de publier ses résultats. Ces deniers confirment l’hypothèse initiale. Une victoire pour la radiologie française et pour le PR Marie-Pierre Revel qui a piloté ce projet.
Le scanner thoracique est, cela n’est plus à démontrer, l’examen de choix pour le diagnostic et le suivi des répercussions pulmonaire du COVID-19.
Débats autour de la spécificité du scanner dans le diagnostic de la pneumonie à COVID-19
Il existe toutefois des données contradictoires concernant ses performances diagnostiques, l'American College of Radiologists ayant estimé que les résultats d'imagerie dans le COVID-19 n'étaient pas spécifiques, car pouvant être confondues avec d'autres infections. D’autres ont ciblé le risque que les tomodensitométries (TDM) puissent devenir des vecteurs d'infection alors qu’en Italie la TDM a aidé le triage des patients en éliminant du protocole COVID-19 quelques 29% des personnes qui présentaient des anomalies normales ou non COVID-19.
C’est la raison pour laquelle les radiologues français, sous l’égide du Pr Marie-Pierre Revel, ont souhaité participer à une étude à grande échelle pour déterminer plus clairement la valeur diagnostique de la tomodensitométrie. Le projet STOIC, c’est son nom, a recueilli ainsi des TDM et des résultats à 1 mois chez plus de 10 000 individus, dans le but d'évaluer la sensibilité et la spécificité de la TDM interprétée par des lecteurs de différents niveaux d'expérience, avec la RT-PCR comme standard de référence. Un autre objectif était d'évaluer l'influence de l'étendue de la pneumonie et des caractéristiques TDM liées aux comorbidités, sur les résultats des sujets à un mois de suivi.
La TDM et le test RT-PCR, un tandem qui confirme les espoirs qui étaient placés en lui
Cette étude de cohorte rétrospective observationnelle multicentrique a impliqué 20 CHU français. Les sujets éligibles se sont présentés aux urgences des hôpitaux concernés entre le 1er mars et le 30 avril 2020 et ont subi à la fois un scanner thoracique et une RT-PCR pour une suspicion de pneumonie à COVID-19. Les images TDM ont été lues en aveugle par rapport aux rapports initiaux, à la RT-PCR, aux caractéristiques démographiques, aux symptômes cliniques et aux résultats. Les lecteurs ont classé les TDM comme positives ou négatives pour COVID-19, sur la base de critères publiés par la Société française de radiologie. La régression logistique multivariée a été utilisée pour développer un modèle prédisant l'issue sévère (intubation ou décès) à un mois de suivi chez les sujets positifs à la fois pour la RT-PCR et la TDM, en utilisant des caractéristiques cliniques et radiologiques.
Les résultats de l’étude ont été publiés le 29 juin 2021 dans la Revue Radiology. Sur 10 930 sujets sélectionnés pour l'éligibilité, 10 735 (âge médian de 65 ans) ont été inclus et 6 448 (60,0 %) ont eu un résultat positif à la RT-PCR. Avec la RT-PCR comme référence, la sensibilité et la spécificité et la TDM étaient de 80,2 % et 79,7 %, respectivement avec une forte concordance entre les radiologues junior et senior. De toutes les variables analysées, l'étendue de la pneumonie au scanner s’est avéré le meilleur prédicteur d'une issue sévère à un mois. Un score basé uniquement sur des variables cliniques a prédit un résultat sévère avec une AUC de 0,64, un taux montant à 0,69 % lorsqu'il incluait également l'étendue de la pneumonie et le score de calcium coronaire sur la TDM.
Cette étude confirme ainsi les hypothèses avancées par les experts qui faisaient du scanner l’examen de base du diagnostic de la pneumonie à COVID-19, associé au test RT-PCR. Elle montre d’autre part la vitalité de la radiologie française et la capacité de ses membres à collaborer pour faire avancer la recherche médicale. Une mention toute particulière pour le Pr Marie-Pierre Revel qui a piloté de main de maître cette étude et assoit son influence sur l’imagerie thoracique internationale.
Bruno Benque avec RSNA