La radiologie privée fortement impactée par la pandémie aux USA
LUNDI 20 JUILLET 2020
Les cabinets de radiologie ont été particulièrement durement touchées par la pandémie de COVID-19 aux USA, et les mesures qu'elles prennent pour atténuer l'impact de la pandémie sur leur pratique façonneront l'avenir de la radiologie. Une étude spéciale de la RSNA COVID-19 Task Force publiée dans la Revue Radiology détaille les déterminants de cette conjoncture.

La pandémie COVID-19 a entraîné une perturbation généralisée de l'économie mondiale. La réduction de la demande de services d'imagerie médicale qui en a résulté a eu un impact brutal et substantiel sur les cabinets privés de radiologie aux USA, à l’instar de ce qui s’est passé en France. Les volumes d'examens dans les cabinets de radiologie ont diminué de 40% à 90%. Et les experts s’attendent à ce que la réduction de volume persiste de quelques mois à quelques années.
Une baisse importante des examens dits « d’imagerie avancée »
Les radiologues privés représentent une part importante de la spécialité aux USA, environ 83% de tous les radiologues en exercice en 2019. Une étude réalisée par la COVID-19 Task force de la RSNA et publiée dans la Revue Radiology décrit les expériences spécifiques des radiologues travaillant dans divers types de cabinets privés pendant le pic initial de la pandémie de COVID-19 et présente une étude de cas détaillée d'une pratique de radiologie privée touchée par la pandémie. Les auteurs décrivent les facteurs déterminant l'impact de la pandémie sur l’activité privés, les défis auxquels les praticiens ont été confrontées et les ajustements financiers apportés pour atténuer les pertes.
« Pour de nombreux praticiens, les soins aux patients atteints de COVID-19 ont augmenté la complexité de l'impact financier, déclare l'auteur principal de l’étude, le Dr Richard E. Sharpe Jr, consultant associé principal à la Mayo Clinic à Scottsdale (Arizona, USA). Les volumes d’examens d'imagerie avancée, qui bénéficient d’un remboursement plus élevé pour de nombreux cabinets, ont été réduits tandis que les services à faible remboursement, comme la radiographie, ont souvent augmenté. Dans le même temps, la prestation de ces services à faible remboursement rendus de manière à minimiser le risque de transmission du virus au personnel et aux autres patients, a augmenté le temps et les ressources nécessaires pour fournir ces services. Ces défis étaient souvent plus prononcés dans les cabinets privés pour la prise en charge de patients atteints de COVID-19 et présentant des symptômes modérés et sévères.
Des coupes franches dans la dotation en personnel, dans les congés ou les dépenses générales
En plus des charges financières, une énorme variabilité dans l’application des recommandations au niveau des États américains existait. Par exemple, certains praticiens à Seattle ont maintenu des rendez-vous d'imagerie, tandis que d'autres groupes ont seulement indiqué des organisations pour reprogrammer les examens de dépistage. D'autres encore ont demandé aux patients de reporter tout examen d’imagerie. Un groupe a, enfin, demandé aux patients de ne reprogrammer que s'ils présentaient des symptômes de coronavirus.
Dans cette étude, le Dr. Sharpe, avec les co-auteurs Brian S.Kuszyk, et Mahmud Mossa-Basha, exposent les efforts stratégiques que les praticiens mettent en œuvre pour planifier à moyen et long terme les flux d’examens tout en gérant la pandémie de COVID-19. Les cabinets de radiologie privés ont élaboré des stratégies à plusieurs niveaux pour répondre à l'impact de la pandémie en utilisant divers leviers de coûts pour ajuster la disponibilité des services, la dotation en personnel, la rémunération, les avantages, les congés et les réductions de dépenses. De plus, ils ont recherché des revenus supplémentaires, dans les limites de leur pratique, pour atténuer les pertes financières récurrentes.
Vers une forte réduction du nombre de petits cabinets dans un futur proche
Certains praticiens peuvent choisir d'ajuster les contrats des médecins employés afin d’atténuer les risques liés à de possibles futures interruptions de volume. Le salaire de base peut comprendre une plus petite partie de la rémunération globale, le solde dépendant de la performance financière globale de l'organisation et / ou de la productivité individuelle. L'impact à long terme de la pandémie modifiera les pratiques existantes, ce qui rendra certaines d'entre elles plus susceptibles de réussir dans les années à venir.
Certains groupes peuvent, d’autre part, s'avérer incapables de survivre à la pandémie du COVID-19, ce qui pourrait alimenter les tendances soit vers la consolidation dans des groupes de radiologie plus grands, soit vers une augmentation de l'emploi dans les hôpitaux. « Nous prévoyons que les petits cabinets de radiologie risquent le plus de se regrouper avec de plus grands groupes de radiologie qui ont un modèle économique plus diversifié comprenant la combinaison de patients hospitalisés-ambulatoires, les lignes de services de surspécialité et la géographie », conclut le Dr. Kuszyk, président de Eastern Radiologists à Greenville (Caroline du Nord, USA).
Bruno Benque avec RSNA