Les signes radiologiques abdominaux qui pourraient être induits par le COVID-19
MARDI 12 MAI 2020
En plus des affections pulmonaires, les patients atteints de COVID-19 peuvent présenter certaines anomalies intestinales. Une étude publiée dans la Revue Radiology objective une ischémie intestinale allant jusqu’à la nécrose ou des collections aériques porte ou dans la paroi intestinale.

Les répercussions pulmonaires du COVID-19 ne sont plus à démontrer. Mais des études récentes font état de l’apparition de symptômes gastro-intestinaux, de lésions hépatiques ou de signes vasculaires sont courants chez les patients infectés. Cependant, seules quelques études en font état alors que les examens d’imagerie abdominale peuvent aider les médecins les identifier. Dans une étude publiée dans la Revue Radiology, une équipe de chercheurs emmenés par le Dr Rajesh Bhayana, de l’unité d’imagerie abdominale du Massachusetts General Hospital de Boston (USA), a entrepris d'explorer les résultats de l'imagerie abdominale chez les patients atteints de COVID-19.
Recherche sur les images abdominales pouvant apparaître en cas d'infection au COVID-19
L'étude rétrospective a inclus 412 patients consécutivement admis dans un seul centre du 27 mars au 10 avril 2020, qui ont été testés positifs au COVID-19 et atteints d’une pneumonie sévère. La cohorte comprenait 241 hommes (58,5%) et 171 femmes (41,5%), avec un âge moyen de 57 ans.
Les dossiers ont montré que 17% des patients avaient fait l’objet d’examens d’imagerie en coupes transversales, parmi lesquels 44 échographies, 42 tomodensitométries (TDM) et une IRM. Des anomalies intestinales ont été observées dans 31% des TDM (3,2% de tous les patients), le plus souvent chez les patients en unité de soins intensifs. Les images intestinales montraient un épaississement et des signes d'ischémie, de même qu’une pneumatose ou de l’aéroportie. L’observation chirurgicale chez quatre de ces patients a révélé une décoloration jaune inhabituelle de l'intestin chez trois des patients et un infarctus intestinal chez deux patients.
Ischémie intestinale allant jusqu'à la nécrose et collections aériques
Chez deux patients ayant eu une résection intestinale, la pathologie a démontré une ischémie avec une nécrose inégale provoquée certainement par des thrombus de fibrine dans les artérioles sous-muqueuses intestinales. Les résultats de l’examen pulmonaire ont conduit à un diagnostic de COVID-19 chez un patient qui ne présentait que des symptômes abdominaux. Les échographies pratiquées ont objectivé dans 54% des cas une vésicule biliaire dilatée remplie de boues suggérant une cholestase, ou une diminution du flux biliaire.
"Certaines explorations étaient typiques de l'ischémie intestinale ou de nécrose de l'intestin et, chez ceux qui ont subi une intervention chirurgicale, nous avons vu des caillots de petits vaisseaux dans les zones intestinales mortes, explique le Dr Bhayana. Les patients des soins intensifs peuvent avoir une ischémie intestinale pour d'autres raisons, mais nous savons que le COVID-19 peut entraîner une coagulation et des lésions aux petits vaisseaux qui pourraient affecter l'intestin."
Selon les chercheurs, les explications possibles du spectre des signes intestinaux chez les patients atteints de COVID-19 s’orientent vers une infection virale directe, une thrombose des petits vaisseaux ou une ischémie mésentérique non occlusive. "L'expression de l'ACE2 est plus abondante dans les cellules épithéliales alvéolaires pulmonaires, les entérocytes de l'intestin grêle et l'endothélium vasculaire, ce qui suggère que l'intestin grêle et le système vasculaire peuvent être sensibles à l'infection par le COVID-19", ont-ils précisé. Ils ont ajouté que d'autres études sont nécessaires pour confirmer la cause de ces signes intestinaux chez les patients atteints de COVID-19 et pour déterminer si le SRAS-CoV-2 joue un rôle direct dans l'apparition de lésions intestinales ou vasculaires.
"Notre étude est préliminaire et plus de travail est nécessaire pour comprendre la cause des signes intestinaux chez ces patients", conclut le Dr Bhayana.
Bruno Benque avec RSNA