Étude sur les facteurs de risques liés aux produits de contrastes gadolinés
MARDI 09 JUILLET 2019
Des réactions allergiques aigües ou physiologiques peuvent être provoquées par certains types de produits de contraste gadolinés. C'est ce que conclut une étude publiée dans la Revue Radiology qui évoque également le sexe des patients ou la région anatomique explorée parmi les facteurs de risques.

Les produits de contraste à base de Gadolinuim (GBCA), malgré un profil de risque de pharmacovigilance favorable, sont susceptibles de provoquer des réactions allergiques aigües par hypersensibilité ou des effets secondaires physiologiques de types nausées et vomissements, réponses vagales ou douleurs thoraciques notamment.
Des réactions aigües aux produits de contrastes gadolinés rares mais possibles
Ces réactions aigües sont rares et surviennent le plus souvent dans l'heure qui suit l'injection, avec une incidence rapportée de 7 à 240 par 10 000 injections. De ce fait, les mécanismes de ces réactions sont encore mal comprises, mais des différences significatives entre les classes de produits sont susceptibles d'agir sur la survenue de ces réactions et suggèrent que certains GBCA pourraient être recommandés dans des situations où le risque de réaction allergique aiguë doit être minimisé.
Une étude monocentrique pour identifier les facteurs de risques
Dans une étude publiée dans la Revue Radiology, une étude élaborée par une équipe des Départements de Radiologie et de neurochirurgie de la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota, USA) se propose de comparer les taux de réaction entre les quatre types GBCA: gadodiamide, gadobutrol, gadobénate de diméglumine et gadoterate de méglumine et de déterminer les facteurs de risque potentiels de réactions du chacun d'eux. Cette étude rétrospective a identifié toutes les injections intraveineuses de GBCA pour les examens IRM effectués dans un seul établissement du 1er juin 2009 au 9 mai 2017, soit un total de 158 100 patients (âge médian, 55 ans [intervalle interquartile, 40 à 67 ans], 51% de femmes) ayant reçu un total de 281 945 injections de GBCA (140 645 gadodiamide, 94 109 gadobutrol, 39 138 gadobénate, et 8053 gadoterate).
Des réactions aigües ou physiologiques selon le type de produit
Les réactions ont été identifiées en examinant les dossiers du manipulateur en IRM, du personnel infirmier, du radiologue, du service des urgences et du prestataire. Elles ont été classées comme allergiques ou physiologiques, ainsi que légères, modérées ou graves, en utilisant les critères de l'American College of Radiology. Les taux de réaction au GBCA et à d'autres facteurs de risque potentiels ont été examinés. L'analyse des données a montré que le gadobénate ou le gadobutrol présentait des taux plus élevés de réactions de type allergique par rapport au gadodiamide (gadobénate: odds ratio [OR], 3,9 [intervalle de confiance à 95% {IC}: 3,0, 5,1]; P <0,001; gadobutrol: OR , 2,3 [IC 95%: 1,8, 2,9]; P <0,001) ou gadoterate (gadobénate: OR, 4,8 [IC 95%: 1,0, 23]; P = 0,049; gadobutrol: OR, 2,8 [IC 95%: 0,6, 14]; P = 0,20).
Les réactions physiologiques ont été plus fréquemment observées avec le gadotérate (OR, 7,7 [IC 95%: 2,3, 25; P = 0,001), le gadobénate (OR, 1,8 [IC 95%: 1,3, 2,5; P <0,001) et le gadobutrol ( OR, 1,6 [IC 95%: 1,3, 2,1; P <0,001) par rapport au gadodiamide. Six réactions allergiques graves (trois gadobutrol, trois gadobénate) ont nécessité une hospitalisation.
Des facteurs de risques inhérents au sexe du patient ou à la région anatomique explorée
Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs de risque apparents de réactions aiguës, notamment le fait d'être une femme âgée de 21 à 50 ans (par rapport aux patients plus âgés), d'être examiné en ambulatoire (comparé aux patients hospitalisés) ou de la région anatomique explorée (taux plus élevés pour les examens IRM de l'abdomen et/ou du bassin comparés aux IRM cérébrales). Ils ont d'autre part observé une composante potentielle de saisonnalité pour les réactions physiologiques (taux médian maximum en février [23 pour 10000 injections] et en août [15 pour 10 000 injections]), mais pas pour les réactions allergiques.
Au final, le gadobénate et le gadobutrol sont associés à des taux plus élevés de réactions de type allergique par rapport au gadodiamide ou au gadoterate, et le gadoterate, le gadobénate, ainsi que le gadobutrol sont associés à des taux plus élevés de réactions physiologiques par rapport au gadodiamide. Cette étude suggère également que le sexe du patient, son âge, son environnement et la région anatomique explorée sont parmi les critères en corrélation avec les taux de réaction aiguë.
Bruno Benque avec RSNA