Étude sur le taux de rappel après mammographie de dépistage
MARDI 03 AVRIL 2018
Selon une nouvelle étude majeure publiée en ligne dans la revue Radiology, les taux plus bas de rappels de mammographies sont associés à des taux plus élevés de cancers du sein détectés entre les dépistages ou pour des cancers d'intervalle. Un taux de rappel minimum est considéré comme raisonnable et potentiellement important pour les programmes de dépistage du cancer du sein.

Le rappel de patientes pour des examens supplémentaires après mammographie est une garantie importante contre l'omission de cancers du sein invasifs, mais la pratique entraîne des contraintes et de l'inquiétude pour la patiente, ainsi que des dépenses supplémentaires pour le système de santé. Afin de minimiser ces désagréments, les programmes de dépistage du cancer du sein spécifient systématiquement des taux de rappel maximum après la mammographie de dépistage.
De l'utilité de définir un taux de rappel minimum dans les programmes de dépistage
Le Royaume-Uni a établi un objectif de taux de rappel maximal inférieur à 7% pour le premier dépistage d'un patient, appelé aussi dépistage prévalent, et inférieur à 5% pour les dépistages incidents ou ceux pour lesquels des résultats de dépistage antérieurs existent. Cependant, aucun consensus n'existe quant à un taux de rappel minimum, en dessous duquel d'autres cancers seraient manqués. Pour en savoir plus sur les compromis potentiels entre des taux de rappel inférieurs et des cancers d'intervalle, le Dr Elizabeth S. Burnside, de University of Wisconsin School of Medicine and Public Health à Madison, Wisconsin, et Stephen W. Duffy, de la Queen Mary University of London, et leurs collègues, ont analysé, dans une étude publiée en igne dans la revue Radiology, 5 126 689 examens de dépistage du cancer du sein au Royaume-Uni (NHSBSP). Les données ont été tirées d'une période de 36 mois avec un suivi de trois ans chez les femmes de 50 à 70 ans.
Des taux de rappel différents selon l'âge des patientes et la période de dépistage
Le taux de rappel était en moyenne de 4,56%, avec un taux de cancer d'intervalle de 3,1 pour 1 000 femmes dépistées. Les cancers d'intervalle sont associés à un pronostic plus sombre que les cancers identifiés par dépistage. Les taux de rappel inférieurs sont en rapport avec des taux de cancer d'intervalle plus élevés. Les chercheurs ont estimé que, dans l'ensemble, 80 à 84 rappels supplémentaires seraient nécessaires pour éviter un cancer d'intervalle, un ratio qui varie selon le groupe d'âge ou la période de dépistage, prévalent ou incident. Les résultats du dépistage par mammographie fondés sur l'âge ont démontré que les taux de détection du cancer et d'identification de cancer d'intervalle étaient plus faibles dans les groupes d'âge plus jeunes.
Maximiser les programmes de dépistage par l'édition de taux de rappel minimum
"Le taux de rappel a eu plus d'impact sur le cancer d'intervalle chez les patientes plus âgées, précise le Dr Burnside. Le nombre moins élevé de rappels requis pour cancer d'intervalle évité chez les femmes âgées, comparé au cas des femmes plus jeunes et aux dépistages prévalents, démontre une valeur légèrement différente en termes d'arbitrage entre taux de rappel et cancers d'intervalle. L'étude fournit des preuves de l'importance potentielle de l'application d'un seuil inférieur de taux de rappel", a-t-elle insisté. Bien que l'étude ait porté uniquement sur le NHSBSP britannique, le Dr Burnside a souligné que les méthodes utilisées permettent à d'autres programmes de déterminer un seuil minimal de rappel qui maximiserait son potentiel pour les femmes subissant un dépistage du cancer du sein.
Assurance qualité et prise en compte de l'expérience issue de la pratique
L'étude souligne également l'importance cruciale de la collecte de données complètes et précises des cancers d'intervalle dans les programmes de dépistage, comme institué dans le système au Royaume-Uni. "Un déterminant important, dans notre étude, est la puissance d'une infrastructure d'assurance qualité rigoureuse pour aider les programmes de dépistage du cancer du sein à tirer des leçons de la pratique et à utiliser ces informations pour faire évoluer les programmes dans l'avenir", conclut le Dr Burnside.
Des recherches supplémentaires aideront à déterminer un seuil minimum spécifique pour le taux de rappel, ainsi qu'à évaluer l'impact de la mammographie numérique sur la relation entre le taux de rappel et les cancers d'intervalle.
Bruno Benque avec RSNA