Victor Despeigne, l'inventeur de la radiothérapie réhabilité

Entre le 4 et le 23 juillet 1896, Victor Despeignes a effectué la première radiothérapie anticancéreuse validée par des publications et des faits pratiques incontestables. 

De grands projets de carrière pour finir médecin de canton

Victor Despeignes est né à Lyon en 1866. Fils du plus proche conseiller du maire-médecin de Lyon, Antoine Gailleton, il vécut dans un environnement tout acquis aux idées pasteuriennes et à l’hygiénisme. Il devint médecin et chercheur en parasitologie en travaillant sur la qualité des eaux de ville de Lyon, sous la direction de Louis Lortet, doyen de la toute jeune Faculté de Médecine de Lyon. En 1893, alors qu’il a le soutien de Lortet, Despeignes postule au titre de Directeur du laboratoire mais c’est le gendre des Frères Lumière, René Koehler, qui obtient le poste. Meurtri, Despeignes abandonne brutalement la recherche pour devenir simple médecin de canton, d’abord à Buis-les-Baronnies (Drôme) puis aux Echelles (Savoie). 

La première radiothérapie réalisée sur un de ses patients

Les rayons X furent découverts par Roentgen en décembre 1895 et de mars à juin 1896, Lortet réalise des expériences d’irradiation X sur des cobayes auxquels des extraits tuberculiniques ont été injectés. La survie des cobayes irradiés est prolongée. Aux Echelles, le voisin de Despeignes se plaint de maux d’estomac et Despeignes diagnostique une tumeur. Convaincu que le cancer est une maladie parasitaire, comme la tuberculose, Despeignes entreprend d’irradier la tumeur de son voisin. Ainsi, du 4 au 23 juillet, il applique matin et soir une dose sur la tumeur. Il constate alors la diminution du volume tumoral. Alors que le patient succombe, Despeignes décrit dans deux articles ses observations. La communauté scientifique de l’époque n’est pas convaincue, si bien qu’aujourd’hui attribue l’invention de la radiothérapie à l’américain Emil Grubbe. Despeignes ne réalisera plus aucun traitement avec les rayons X. 

Les « Journées Despeignes » pour commémorer les 120 ans de cette expérience

A partir de 1907, il devient directeur du Bureau d’Hygiène de la Ville de Chambéry en y menant une action majeure en santé publique (création des carnets de santé, des HLM, des visites gratuites pour les plus démunis, etc.). Il meurt à Chambéry en décembre 1937 d’un ulcère à l’estomac. Il repose aujourd’hui au cimetière de Vinsobres (Drôme). 

À l’occasion  des 120 ans de cette première radiothérapie documentée, les sociétés savantes de a discipline ont organisé, durant trois jours début juillet 2016, les « Journées Despeignes », une série de commémorations et de conférences dédiées à ce m »dessin pas comme les autres. Une cérémonie s’est tenue le 3 juillet aux Echelles, localité savoyarde où résidait le premier patient traité par rayons X. Le lendemain, c’est le Centre Léon Bérard qui a organisé un séminaire sur l’histoire de la radiothérapie et son évolution jusqu’à l’avènement des techniques d’aujourd’hui. Le 5 juillet enfin, une plaque commémorative a été posée tout près de sa tombe dans le cimetière de Vinsobres.