Rencontre avec un manipulateur LMD
VENDREDI 24 JUIN 2016
Manipulateur fraîchement diplômé, Dévine Nebor a choisi de continuer ses études en intégrant un Master. Rencontre avec un jeune professionnel passionné qui participe activement, dans le cadre de son cursus, à un protocole de recherche en imagerie médicale.

Le passage des formations paramédicales au processus LMD issu des accords de Bologne impacte désormais le métier de manipulateur. Cela ouvre aux jeunes professionnels des possibilités d'évolution que les anciennes générations avaient plus de difficultés à concrétiser.
Une évolution motivée par des manipulateurs passionnés
C'est ainsi que Dévine Nebor, diplômé de l'Institut de Formation des Manipulateurs d'Électroradiologie Médicale (IFMEM) de Marseille en 2015 en 2015, a fait le chois, après une courte période d'exercice du métier, d'intégrer le Master Ingénierie de la santé de Grenoble. "J'ai beaucoup apprécié mes années de formation à l'IFMEM, déclare-t-il. Le contenu des cours était très dense et a ouvert ma curiosité, même si j'aurais aimé que certaines matières soient plus développées que d'autres. Par exemple, l'interventionnel, les nouvelles technologies ou les pathologies médicales n'ont pas été assez approfondies à mon goût, alors que l'éthique notamment, qui fait plus appel à une réflexion personnelle, a pris beaucoup de place dans l'agenda." Mais ce qui l'a motivé à continuer son cursus universitaire c'est le contact avec des manipulateurs passionnés mais qui aspiraient à quelques évolutions dans leurs pratiques.
Un pont entre l'hôpital et l'industriel
Le voilà donc étudiant en Master, avec trois thématiques principales à l'ordre du jour: radioprotection, ouvrant la voie à la fonction de Personne Compétente en Radioprotection (PCR); physique médicale, qui mène au métier de radiophysicien; ingénierie de la santé, pour devenir professionnel expert et embrasser la carrière d'ingénieur d'application. C'est d'ailleurs sur cette voie qu'il voudrait s'engager. "L'ingénieur d'application est pour moi un pont entre l'hôpital et l'industriel, poursuit-il. Cette fonction a une composante humaine très importante et est susceptible d'améliorer les pratiques des professionnels par un recueil de leurs besoins et une remontée des informations vers le constructeur ou le fournisseur. Si je pouvais rendre, par ce biais, aux manipulateurs l'aide qu'ils m'ont apportée en stage, j'en serais très heureux."
Une participation active à un authentique protocole de recherche
Dans le cadre de son cursus de formation, Dévine effectue un stage au sein du CERIMED, la plateforme de recherche en imagerie médicale installée sur le Campus Timone à Marseille. Il participe à un protocole de recherche sur la sauvegarde du foie d'un donneur vivant. "Les greffes de foie sont possibles par le don d'organe issu d'une personne décédée, seulement 5% étant issus d'un donneur vivant, remarque-t-il. Le prélèvement d'une partie du foie d'un donneur vivant entraine la plupart du temps des complications sur la partie restante et l'objet de ce protocole de recherche est de remédier à ce problème". Les expériences se font sur deux groupes de cochons sur lesquels Dévine réalise des scanners à intervalles réguliers, 14 jours avant l'hépatectomie et jusqu'à 30 jours après, et mesure la volumétrie du foie restant. "L'hypothèse de cette étude propose d'augmenter le volume du foie du donneur un pré-requis avant l'hépatectomie pour limiter les complications, précise-t-il. Le chirurgien réalise sur le cochon, au préalable, une sténose de la veine sus-hépatique gauche pour faire grossir le foie droit qui restera en place. Mon rôle est ensuite de réaliser des scanner afin d'étudier l'évolution de ce foie avant et après l'hépatectomie."
Visiblement passionné par cette expérience, Dévine s'investit énormément à cette tâche. Il apprécie de pouvoir suivre l'ensemble du processus de recherche et, surtout, d'y participer activement. "Je tiens à remercier d'ores et déjà l'ensemble de l'équipe METH, menée par le Dr Émilie Grégoire au CERIMED qui œuvre pour ce protocole, les Prs Vincent Vidal et Guillaume Gorincour en tête", conclut-il. Voilà en tout cas un jeune professionnel qui sait ce qu'il veut et tire bénéfice des nouvelles perspectives qui s'offrent à ses congénères.
Bruno Benque