LES MOLÉCULES DBait S'ATTAQUENT AUX MÉLANOMES MÉTASTATIQUES
MERCREDI 01 JUILLET 2015
Les molécules DBait pourraient pultiplier par quatre l'efficacité de la radiothérapie sur les mélanomes métastatiques. Ce résultat fait partie des conclusions de l'étude DRIMM, présentée lors du Congrès ASCO 2015 à Chicago.

Les molécules DBait, dont nous avons déjà fait état dans nos colonnes, sont en passe de trouver de nouvelles applications. Fruit des recherches de l’équipe de Marie Dutreix à l’Institut Curie, elles ont fait l’objet de l'essai clinique DRIMM, présenté lors de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) le 30 mai 2015.
Un processus de réparation sélective de l'ADNLes résultats de cet essai, coordonné par le Dr Christophe Le Tourneau à l’Institut Curie et financé par DNA Therapeutics, sont très prometteurs. Le principe de ces molécules est de booster la radiothérapie pour en augmenter l’efficacité. Les DBAIT « trompent » les cellules tumorales qui meurent sans que le tissu sain ne soit endommagé. Les molécules DBait sont une nouvelle classe de médicaments issue de la recherche fondamentale de l’Institut Curie. Découvertes en 2002 par Marie Dutreix, ces molécules sont en réalité des fragments d’ADN qui agissent comme des « leurres ». Lorsque ces fragments arrivent dans la cellule tumorale, tous les mécanismes de réparation mis en œuvre par la cellule tumorale pour réparer les dommages de son ADN vont se focaliser sur ces fragments d’ADN en particulier et oublier de réparer l’ADN de la tumeur, ce qui conduit à la mort de la cellule cancéreuse.
Une stratégie innovante pour contrer la résistance aux traitementsCes mécanismes de réparation de l’ADN sont particulièrement activés lorsque les cellules cancéreuses sont exposées à des agents cherchant à les détruire, comme les chimiothérapies et les rayonnements de la radiothérapie et certains patients atteints de cancer ne sont parfois pas sensibles du tout à ces traitements, alors que d’autres deviennent résistants au bout d’un certain temps. Les molécules DBait sont donc particulièrement intéressantes pour le traitement du cancer, en particulier en association avec la chimiothérapie ou la radiothérapie afin d’en augmenter l’effet. Toutes ces hypothèses ont été vérifiées en préclinique sur des lignées tumorales et dans des modèles animaux.
Une efficacité multipliée par quatre sur les mélanomes
Dans les cas de mélanomes, certains patients atteints développent parfois des métastases cutanées que l’on peut traiter par radiothérapie. Mais on sait que ce traitement n’est pas très efficace, avec un taux de réponse complète de 9% seulement. Dans l’essai DRIIM, 23 patients ayant des métastases cutanées de mélanome ont ainsi été traités avec la radiothérapie et des injections de molécules DBait. Cet essai a montré que cela ne produisait pas d’événements indésirables majeurs, ce qui confirme les travaux réalisés dans les organismes modèles. En termes d’efficacité, le taux de réponse complète (disparition des nodules tumoraux) était 4 fois supérieur (37%).
Enfin, cet essai a montré qu’une partie des molécules DBait passait dans la circulation sanguine et que l’efficacité était corrélée à l’intensité de ce passage. Le développement des molécules DBait sous forme intraveineuse est donc prévu très prochainement et cette stratégie sera évaluée avec la chimiothérapie cette fois. A l’avenir, d’autres tumeurs pourraient en bénéficier puisque cette stratégie innovante concerne un mécanisme commun à tous les types de cancers.
Théma Radiologie avec l'Institut Curie