EDITO - HARO SUR LA LIMITATION DE PRESCRIPTION DES IRM
LUNDI 09 FéVRIER 2015
En réponse au récent sondage révélant qu'une partie des médecins étaient favorables à une limitation des prescriptions d'IRM, la SFR s'insurge contre leur renoncement à proposer une prise en charge radiologique de qualité et s'interroge sur les motivations du JIM, instigateur de cette enquête.

Un sondage réalisé par le site du Jounal International de Médecine (JIM), du 22 décembre 2014 au 12 janvier 2015, révèle que 59 % des professionnels de santé seraient favorables à une limitation des indications de l’IRM pour rendre l’examen plus accessible aux cas urgents.
Le double langage des prescripteurs
Cette tendance est tout à fait étonnante, étant donné que la plupart des sondés sont les prescripteurs eux-mêmes. Cela pose la question, également, de savoir ce que l'on entend par examen urgent. Si l'on ne considère en effet que les patients dont le pronostic vital est engagé, même partiellement, sont considirés comme nécessitant un examen urgent, le problème de listes d'attente pour l'obtention d'une IRM est alors réglé de fait ! Car ce sont les prescripteurs qui sont responsables de la situation, demandant des explorations d'imagerie pour un oui, pour un non, souvent sous la pression de leurs patients, d'ailleurs. Il faudrait que les praticiens, exceptés les 39% n'étant pas favorable à la limitation, cessent de parler un double langage, tantôt aux tutelles, tantôt aux malades "imaginaires".
A qui profite le crime ?
Les radiologues, on le sait, ne cessent d'envoyer des signaux aux pouvoirs publics afin que les autorisations de nouvelles installations puissent enfin être délivrées en plus grand nombre. On se souvient que les orateurs des Journées Françaises de Radiologie 2014 avaient tiré la sonnette d'alarme - ils le font depuis quelques années déjà -, la prise en charge des urgences radiologiques ne pouvant pas être totalement assurée dans les hôpitaux à cause d'un taux d'IRM par habitant inférieur à la moyenne européenne d'une part, et de la progression des indications mettant en jeu ctte technologie d'autre part. La Société Française de Radiologie s'est fendue, quant à elle, d'un communiqué, en réponse au sondage initié par le JIM. Elle "s'insurge contre de tels renoncements et s'interroge sur la finalité (de celui-ci)". Elle ajoute qu'il ne profite "sûrement pas aux patients français, ni au difficile combat pour promouvoir la pertinence et la justification des actes d’imagerie pour chaque situation clinique dans le respect des bonnes pratiques".
Nous sommes en droit de s'interroger, en effet, sur les motivations du JIM à donner une telle image de l'organisation sanitaire. Ce n'est certainement pas la bonne manière de promouvoir la profession de mécedin, à l'heure où la démographie médicale est en crise...
Bruno Benque