Une étude lie le changement climatique et l'accroissement de l'activité radiologique
MERCREDI 20 NOVEMBRE 2024
À l’aide de données recueillies sur une période de 10 ans auprès de quatre services d’urgence, des chercheurs de l’Université de Toronto ont découvert qu’une exposition à court terme à la chaleur ambiante et aux niveaux de pollution atmosphérique était associée à une utilisation accrue des radiographies et de la tomodensitométrie (TDM). Les résultats de cette étude, qui ont été publiés dans la Revue Radiology, pourraient permettra aux centres de radiologie de mieux planifier leur activité.

Les données relatives au changement climatique sont tous les jours plus révélatrices de l’urgence d’agir pour le contrer, en raison notamment de son impact sur la Santé des populations.
Des chercheurs canadiens identifient des variations d’activité radiologique liées au changement climatique
C’est ainsi que des chercheurs de l’Université de Toronto ont découvert qu’une exposition à court terme à la chaleur ambiante et aux niveaux de pollution atmosphérique était associée à une utilisation accrue des radiographies et de la tomodensitométrie (TDM). Ils ont consigné leurs observations dans un article publié dans la Revue Radiology.
« Les expositions climatiques extrêmes sont associées à une demande plus élevée de soins de santé, en particulier dans les services d'urgence, annonce le Pr Kate Hanneman, professeure agrégée au département d'imagerie médicale de l'Université de Toronto et responsable adjointe de la durabilité au Joint Department of Medical Imaging de l'Hôpital général de Toronto (Canada). Cependant, l’impact de l’exposition environnementale liée au climat sur l’utilisation de l’imagerie médicale est actuellement inconnu. »
Une étude pour corréler l’augmentation de patients aux urgences aux aléas environnementaux
Dans cette étude rétrospective, l'équipe de recherche a analysé les liens entre le nombre d'utilisations quotidiennes de l'imagerie dans quatre services d'urgence d'hôpitaux universitaires de Toronto et les données environnementales quotidiennes locales entre 2013 et 2022. Une conception stratifiée dans le temps et croisée des cas a été utilisée pour contrôler la saisonnalité, les tendances temporelles, l'influence du jour de la semaine et les covariables, notamment l'âge, le sexe, la race et les facteurs de risque comportementaux.
Aux fins de l’étude, une chaleur élevée a été définie comme une température ambiante moyenne supérieure à 20 degrés et un niveau élevé de pollution atmosphérique a été défini comme la présence de particules fines (PM2,5) à des niveaux supérieurs à 12 μg/m3. Sur la période d’étude, 1 666 420 examens d’imagerie médicale ont été réalisés dans les quatre services d’urgence, soit une moyenne de 428 examens quotidiens. La moyenne des visites quotidiennes aux urgences était de 659. La température ambiante quotidienne moyenne était de d’environ 9 degrés et la quantité moyenne de particules ambiantes quotidiennes était de 7,9 μg/m3.
Plus de radiographies et de tomodensitométries les jours de forte chaleur et de pic de pollution
Les chercheurs ont découvert que les expositions à court terme (moins de sept jours) à une chaleur extérieure plus élevée et à une pollution atmosphérique plus élevée en PM2,5 étaient associées à une augmentation globale de l’utilisation de l’imagerie (5,1 % et 4,0 %, respectivement). Les jours d'exposition à une chaleur élevée et à une pollution atmosphérique élevée étaient associés à un risque absolu excédentaire de 5,5 et 6,4 examens d'imagerie pour 1 million de personnes à risque par jour, respectivement.
« Bien que les effets quotidiens individuels que nous avons observés soient modestes, l'augmentation cumulée des volumes totaux d’examens d'imagerie est substantielle », ajoute le Dr Hanneman.
La pollution de l’air recule au Canada mais les températures continuent de grimper
Au cours de la période d’étude, il y a eu 602 jours d’exposition à une chaleur élevée et 552 jours de pollution atmosphérique élevée et malsaine. L'exposition à une chaleur élevée a augmenté de 0,6 % (2,2 jours) par an, tandis que les jours à forte concentration de PM2,5 ont diminué de 0,4 % (1,3 jours) par an au cours de la période d'étude.
« Cela concorde avec l’amélioration globale de la qualité de l’air au Canada et aux États-Unis au cours des deux dernières décennies, un phénomène attribué aux politiques visant à réglementer la pollution atmosphérique et à l'élimination progressive des centrales au charbon en Ontario, poursuit le Dr Hanneman. Malgré la diminution des jours de forte pollution atmosphérique, les PM2,5 restent une menace pour la santé. »
Des données qui pourraient aider les centres de radiologie à mieux planifier leur activité
La chaleur et la pollution de l’air étaient associées à une utilisation accrue des radiographies et de la TDM, mais pas des ultrasons ou de l’IRM. Les températures élevées ont eu un effet plus important sur l'utilisation des rayons X, tandis que des niveaux élevés de PM2,5 ont été associés à une utilisation plus élevée du scanner. Les deux expositions environnementales étaient associées à une utilisation accrue de l’imagerie thoracique, neurologique et musculo-squelettique.
« Les données de l'étude pourraient aider les services de radiologie à se préparer et à renforcer leur résilience face aux impacts actuels et futurs du changement climatique, conclut le Dr Hanneman. À mesure que les températures mondiales continuent de croître, la fréquence et la gravité des vagues de chaleur et des événements météorologiques extrêmes devraient augmenter. Connaître l'impact sur nos services nous permettra de planifier de manière proactive. »
Paolo Royan