La radiothérapie pré-opératoire pour bien préparer la reconstruction mammaire
LUNDI 22 AVRIL 2024
Le Journal of American Medical Association (JAMA) vient de publier une étude qui évalue de nouveaux protocoles de radiothérapie pour le cancer du sein. Il s’agit de pratiquer une radiothérapie pré-opératoire avant la mammectomie et le reconstruction mammaire.

Les patientes atteintes d'un cancer du sein et candidates à la mastectomie et à la radiothérapie (RT) font l’objet d’une réflexion pointue si elles souhaitent bénéficier d’une reconstruction mammaire.
Quel protocole de radiothérapie appliquer pour une mammectomie suivie d’une reconstruction mammaire ?
Cette reconstruction se faisant souvent par étapes avec mise en place d'un expanseur tissulaire (ET) temporaire, la RT postmastectomie (PMRT) se devra en effet éviter l’administration de radiations jusqu'à la reconstruction définitive afin d'éviter les effets toxiques tardifs de la procédure. La reconstruction retardée est généralement réalisée environ 6 à 12 mois après la PMRT. Mais la reconstruction mammaire immédiate (IMBR) au moment de la mastectomie présente de nombreux avantages par rapport à cette dernière, pami lesquels la réalisation de deux gestes au cours de la même intervention, un traitement moins coûteux et des résultats esthétiques et psychosociaux améliorés.
La radiothérapie pré-opératoire en réponse aux éventuels effets secondaires de la RT sur la reconstruction mammaire
La RT préopératoire (Premastectomy RT - PreMRT) est une nouvelle approche séquentielle de l'administration de la RT dans le cancer du sein pour faciliter l'IMBR. Elle est délivrée au sein et aux lymphatiques régionaux avant la chirurgie, en vue d’une IMBR définitive au moment de la mastectomie tout en évitant les effets indésirables de la RT.
Cette procédure pose tout de même la question de la sécurité de la reconstruction microvasculaire dans le cadre d'une irradiation ganglionnaire régionale (RNI) dans le cas d’un cancer du sein avec ganglions positifs. De plus, l'effet de la RT pré-opératoire sur les transformations esthétique et oncologique n'est pas résolu.
Une étude évalue la RT hypofractionnée et la RT conventionnellement fractionnée pré-opératoire
C’est la raison pour laquelle des chercheurs de l’University of Texas MD Anderson Cancer Center de Houston (Texas – USA) ont réalisé un essai clinique prospectif randomisé de phase 2, publié dans le Journal of American Medical Association (JAMA), à notre connaissance, sur le PreMRI chez les patientes atteintes d'un cancer du sein. Les patients ont été randomisés pour recevoir une RNI hypofractionnée ou fractionnée de manière conventionnelle, suivie d'une mastectomie et d'un IMBR. L'objectif était d'examiner les taux de complications afin de combler les lacunes dans les connaissances sur la faisabilité et la sécurité de l'IMBR dans le cadre de la RNI.
Parmi les 49 patientes évaluables, l'âge médian était de 48 ans (extrêmes : 31-72 ans) et 46 patients (94 %) ont reçu un traitement systémique néoadjuvant. Vingt-cinq patientes ont reçu une RT conventionnelle de 50 Gy en 25 fractions dans le sein et 45 Gy en 25 fractions dans les ganglions régionaux, et 24 patientes ont reçu une hypofractionnée de 40,05 Gy en 15 fractions dans le sein et 37,5 Gy en 15 fractions dans les ganglions régionaux, y compris les ganglions lymphatiques mammaires internes.
Des résultats concluants qui entrainent la mise en place d’un essai plus large
48 patientes ont subi une mastectomie avec IMBR, dans un délai médian de 23 jours (IQR, 20-28,5 jours) après la radiothérapie. 41 patientes ont eu une reconstruction par lambeau autologue microvasculaire, 5 ont subi une reconstruction par lambeau pédiculé du grand dorsal et 2 ont reçu la mise en place d'un expanseur tissulaire. Il n’y a pas eu de perte complète de lambeau autologue et 1 patient a subi une explantation par expansion tissulaire. Huit des 48 patientes (17 %) ont eu une nécrose du lambeau cutané du sein traité après une mastectomie, dont une a subi une réintervention. Au cours du suivi, il n'y a eu aucune récidive locorégionale ni métastase à distance.
Cet essai clinique randomisé a révélé que la pré-MRT et la RNI suivies d'une mastectomie et d'un lambeau autologue microvasculaire IMBR étaient réalisables et sûres. Sur la base de ces résultats, un essai clinique randomisé plus large comparant la PreMRT hypofractionnée à la PreMRT conventionnellement fractionnée a été lancé.
Bruno Benque avec JAMA