Le protocole TDM surrénales inapproprié pour identifier la malignité des nodules hétérogènes
MARDI 12 MARS 2024
Selon une étude publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), la tomodensitométrie suivant le protocole surrénalien a une utilité limitée dans l'évaluation des nodules surrénaliens hétérogènes. La sensibilité et la spécificité identifiées dans ce type de nodules est faible, comparées à celles appliquées aux nodules de petit volume et homogènes.

La tomodensitométrie (TDM) surrénalienne est couramment réalisée pour distinguer les adénomes surrénaliens des autres tumeurs surrénaliennes telles que les métastases et les carcinomes primaires de la corticosurrénale (CPC), grâce à l’évaluation du lavage au du nodule.
Le protocole TDM surrénales usuellement suivi pour identifier la malignité des nodules surrénaliens
Le livre blanc de l'American College of Radiology sur la prise en charge des masses surrénaliennes accidentelles recommande l'utilisation d'une TDM selon le protocole surrénalien – sans injection ; phase veineuse ; phase retardée à 15min - pour évaluer plus en détail les nodules surrénaliens indéterminés mesurant plus de 4cm, qu'ils soient détectés accidentellement ou chez un patient ayant des antécédents personnels de cancer.
Environ 70 % des adénomes surrénaliens présentent une baisse de densité de 10 HU ou moins, les 30 % restant, appelés pauvres en lipides, présentant une baisse de densité supérieure à 10 HU et ne pouvant pas être différenciés de manière fiable des autres tumeurs surrénaliennes par TDM sans injection. Dans ces nodules, un lavage absolu de 60 % ou plus était initialement signalé comme ayant une sensibilité et une spécificité élevées pour les adénomes pauvres en lipides. Cependant, des études récentes ont montré que la TDM surrénalienne avait des performances diagnostiques inférieures à ce que l'on croyait historiquement.
Des performances inégales pour l’exploration des nodules volumineux ou hétérogènes
Ses performances diagnostiques pour caractériser les nodules volumineux ou hétérogènes ne sont en effet pas bien établies. Les nodules hétérogènes peuvent contenir à la fois des zones de faible atténuation due à un changement kystique ou nécrotique et des zones de rehaussement important. La méthode la plus appropriée pour placer les ROI dans des nodules hétérogènes, afin de déterminer l’atténuation des nodules, n’est pas clairement définie. Néanmoins, la TDM de lavage présente une spécificité élevée pour l'adénome lors de l'utilisation d'une grande ROI standard ou d'une ROI placée sur la partie de plus faible d'atténuation du nodule sur la phase veineuse, mais une sensibilité élevée (100 %) pour l'adénome lors de l'utilisation d'un ROI placé sur la partie la plus atténuante du nodule sur la phase veineuse.
Une étude multisites pour tester ce protocole des contextes divers
Pour approfondir la question, une équipe américaine a travaillé sur une étude, publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), dont le but est de déterminer les performances diagnostiques de la TDM selon le protocole surrénalien pour distinguer les adénomes des non-adénomes parmi les nodules surrénaliens hétérogènes.
« La TDM surrénalienne a de mauvaises performances diagnostiques pour distinguer les adénomes des non-adénomes parmi les nodules surrénaliens hétérogènes, quelle que soit la méthode utilisée pour le placement du ROI », précise le Dr Michael T. Corwin, du centre médical Davis de l'Université de Californie à Sacramento.Cette étude a inclus 164 patients (âge moyen, 59,1 ans ; 61 hommes, 103 femmes) provenant de sept établissements, avec un total de 164 nodules surrénaliens hétérogènes évalués par TDM selon le protocole surrénalien.
Un travail qui contraint les chercheurs à ne pas favoriser ce protocole pour distinguer les adénomes dans les nodules hétérogènes
Dans chaque établissement, un seul chercheur a évalué les images tomodensitométriques et les ROI ont été placées sur les images de la phase veineuse porte via quatre méthodes de ROI : standard, simple grand centre du nodule ; élevé, unique sur la zone d’atténuation la plus élevée du nodule ; faible, unique sur l'atténuation la plus faible du nœud ; moyenne : moyenne de trois ROI sur les tiers supérieur, moyen et inférieur du nodule en utilisant l’approche standard. Après avoir placé les ROI à des endroits identiques sur des phases non injectées, puis retardées, un lavage absolu a été déterminé pour toutes les méthodes.
Les présents résultats indiquent que la TDM selon le protocole surrénalien ne doit pas être utilisée pour distinguer les adénomes des non-adénomes parmi les nodules hétérogènes. En fait, les nodules surrénaliens hétérogènes ont plus de chances d'être une tumeur maligne ou un phéochromocytome que les nodules homogènes. Ainsi, l'hétérogénéité au sein d'un nodule surrénalien est en soi une caractéristique suspecte qui peut justifier une évaluation plus approfondie. Ce travail a montré que la TDM selon le protocole surrénalien avait de mauvaises performances diagnostiques (sensibilité, 57 à 68 % ; spécificité, 51 à 85 %) pour distinguer les adénomes des non-adénomes parmi les nodules surrénaliens hétérogènes, quel que soit la méthode utilisée pour le placement du ROI.
Bruno Benque avec AJR