Grève des radiologues libéraux, vent debout contre la PL Valletoux
LUNDI 02 OCTOBRE 2023
Alors que les radiologues libéraux viennent d’annoncer une grève des rendez-vous, dans les cabinets et cliniques, à partir du 13 octobre 2023, nous avons rencontré le Dr Jean-Philippe Masson, Président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR), qui explique en quoi le Projet de Loi Valletoux n’est pas entendable pour eux. L'obligation faite aux praticiens libéraux de participer à la pemanence des soins est, pour lui, incohérente.

Thema Radiologie : Le Projet de Loi visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels, dit « Projet de Loi Valletoux », est rejeté en bloc par les radiologues libéraux. Comment est-il perçu par vos adhérents ?
Dr Jean-Philippe Masson : Tout d’abord, je dois dire que ce texte demande que tous les praticiens libéraux d’un territoire soient rattachés à leur Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS). Or, les radiologues n’y sont pas tous impliqués et ils n’ont qu’un rôle de référent pour leur spécialité. D’autre part, le Projet de Loi Valletoux a fait l’objet de plusieurs habillages pour essayer de calmer le jeu car, à l’origine, il s’agit d’un document favorisant à 100% l’hôpital. Malheureusement, ce Monsieur ne connaît pas bien le système de Santé dans son ensemble et ne raisonne qu’à travers l’hôpital public.
T.R. : Le communiqué du 29 septembre de la FNMR indique que les radiologues libéraux participent déjà, pour la plupart d’entre eux, à la Permanence des Soins en Établissements de Santé (PDSES). Pourquoi donc rejeter ce texte en bloc ?
Dr J-P. M. : Tout simplement parce que nous refusons d’y être obligés, comme ce texte le stipule. Les radiologues libéraux assurent une grosse partie de l’activité radiologique nationale. Il faut rappeler que l’hôpital emploie 70% des MERM mais ne réalise que 30% de l’activité totale. D’autre part, si les radiologues libéraux viennent assurer les urgences à l’hôpital, qui les assurera dans le secteur privé ? Il y a 126 cliniques agréées service d’urgence en France, dans lesquelles des équipes de radiologues assurent des gardes. Sans compter que les radiologues du public ont des repos compensateurs alors que les libéraux n’en ont pas car ils doivent faire tourner leur centre.
T.R. : Mais tous les radiologues libéraux n’exercent pas en clinique. Certains ne travaillent qu’en cabinet. Ce sont eux qui sont ciblés dans ce texte, n’est-ce pas ?
Dr J-P. M. : S’il s’agit d’ouvrir les cabinets de radiologie la nuit, il faut alors le faire dans des conditions décentes de rémunération et de sécurité, ce qui n’est pas gagné. Sans compter que, je me répète, il n’y a pas de repos compensateur dans le libéral. Nous donnons déjà des délais de rendez-vous à un mois, il est impossible de réduire notre temps de travail en heurs ouvrées. Et imaginez qu’un radiologue de garde dans son scanner de ville tombe sur un AVC. Que fait-il de son patient en pleine nuit ? Quant à aller travailler à l’hôpital, dans un contexte qu’il ne connait pas, cela parait un peu dangereux.
Si on veut que les médecins travaillent en bonne intelligence, les obliger de cette manière est contre-productif. Pour régler le problème des urgences, nous le savons tous, il faut responsabiliser les patients en leur faisant payer une avance sur la consultation, par exemple.
T.R. : Vous avez donc annoncé une grève des cabinets de radiologie pour accompagner l’action revendicative des syndicats de médecins libéraux, à partir du 13 octobre. Combien de temps durera-t-elle ?
Dr J-P. M. : Personne ne le sait ! Nous ne prenons plus de rendez-vous jusqu’à nouvel ordre. Nous sommes en train, d’ailleurs de réfléchir à une action lors des JFR afin de nous faire entendre. Et puisque nous évoquons les prochaines JFR, j’ajoute qu’à cette occasion, nous participerons au plateau télé et organiserons trois débats sur des sujets majeurs comme la financiarisation de la radiologie et la réforme du financement des produits de contraste.
Propos recueillis par Bruno Benque