Disparités communautaires dans le dépistage du cancer du colon par coloscopie virtuelle
LUNDI 14 AOûT 2023
Selon un article publié dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), l'absence de couverture Medicare pourrait contribuer à de plus grandes différences dans le recours à la coloscopie virtuelle pour le dépistage du cancer du colon. Cet examen,bien que plébiscité par les patients, n’est en effet pas remboursé et les communautés les moins favorisées utilisent, seon cette étude, d’autres stratégies de dépistage.

Le cancer colorectal (CCR) fait l’objet d’un consensus, aux États-Unis (USA), de l’U.S. Preventive Services Task Force, l'American College of Gastroenterology et l'American Cancer Society quant à son dépistage par coloscopie optique (CO) tous les 10 ans, coloscopie virtuelle par tomodensitométrie (CTC) tous les 5 ans, et sigmoïdoscopie tous les 5 ans, ainsi que des tests fécaux.
La coloscopie virtuelle, une alternative plébiscitée par les patients pour le dépistage du cancer du colon
Toutes ces stratégies de dépistage du CCR sont couvertes par Medicare, le système d’Assurance maladie aux USA, à l'exception de la CTC. Parmi ces stratégies de dépistage, la CO offre la sensibilité de détection la plus élevée et est la seule à permettre la biopsie ou la résection de la lésion. Les patients peuvent être réticentes à subir une CO en raison du caractère invasif de l’examen, de la nécessité d'une anesthésie ou du risque de complications. L’utilisation d’autres stratégies peut augmenter le pourcentage d'individus bénéficiant d’un dépistage du CCR conforme aux directives parmi ceux qui ne veulent pas subir la préparation intestinale associée à l'OC, à la sigmoïdoscopie ou au CTC. De même, la sigmoïdoscopie ou le CTC peuvent être préférés par les personnes qui souhaitent éviter l'anesthésie et préfèrent un test moins invasif.
Un recours à la coloscopie virtuelle inhomogène selon le niveau d’Assurance maladie
Cependant, l'efficacité d'un test de dépistage du CCR est un équilibre entre la sensibilité et la spécificité, l'observance du patient et l'accès ou la disponibilité à la stratégie donnée. Parmi la population adulte américaine éligible au dépistage du CCR, les données d'enquête indiquent qu'environ un tiers (31,2 %) n'ont pas subi de dépistage conforme aux directives. Ce pourcentage varie selon la race et l'origine ethnique (29,0 % [Blanc] à 43,9 % [Hispanique]), l'éducation (24,4 % [niveau universitaire] à 47,0 % [niveau inférieur aux études secondaires]), le revenu annuel du ménage (23,9 % [≥75 000 $] à 42,0 % [< 15 000 $]), et l’assurance (28,8 % [assuré] à 59,9 % [non assuré]).
La couverture par l'assurance maladie de la CTC peut accroître la conformité aux directives de dépistage du CRC car cet examen est une alternative rentable au CO en raison notamment de l'utilisation réduite des services de d’anatomo-pathologie et de l'absence de besoin d'anesthésie. Des chercheurs américains ont tenté, dans une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), de comparer le CTC et d'autres examens de dépistage du CCR en termes de situation des patients concernant le revenu, la race, l'origine ethnique et l'urbanité.
Une étude pour comparer le niveau de dépistage suivant les communautés
Ce travail montre que la non-couverture de Medicare pour le dépistage du CTC peut expliquer une moindre adhésion aux directives de dépistage parmi les bénéficiaires à faible revenu. « La couverture du CTC par Medicare pourrait réduire les disparités basées sur le revenu pour les personnes refusant la coloscopie optique en raison du caractère invasif, du besoin d'anesthésie ou du risque de complication, » commente le premier auteur de l’étude, le Pr Eric W. Christensen, du Harvey L. Neiman Health Policy Institute de Reston, (Virginie, USA).
Cette étude a utilisé les fichiers de la base CMS, qui contient les données de remboursements Medicare, du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2020. Elle a extrait les personnes âgées de 45 à 85 ans, en excluant les personnes présentant un risque élevé de CCR. Des modèles ont ensuite été construits pour déterminer la probabilité de subir un dépistage du CCR par CTC en fonction du revenu, de la race, de l'ethnicité et de l'urbanité. Les données ont été contrôlées pour le sexe, l'âge, l'indice de comorbidité de Charlson, la région de recensement aux USA, l'année de dépistage et les conditions et procédures connexes.
Ce travail montre que les communautés dont le revenu était supérieur ou égal à 100 000 $ étaient 5,7 fois plus susceptibles de subir un dépistage CTC. Il objective une différence plus importante que celle observée pour d'autres stratégies de dépistage du CCR ou pour le CTC diagnostique.
Bruno Benque avec AJR