Les USA souhaitent améliorer les critères d'éligibilité au dépistage du cancer du poumon
LUNDI 27 SEPTEMBRE 2021
Un article publié dans la Revue Radiology objective des anomalies dans les directives établies pour l'admissibilité au dépistage du cancer du poumon par scanner low dose. Il existe encore, en effet, des disparités pour les minorités raciales/ethniques dans ce cadre. Les chercheurs préconisent de prendre exemple sur les critères d’aligibilité au dépistage du cancer du sein.

En 2014, le groupe de travail américain sur les services de prévention, un groupe indépendant d'experts médicaux, a recommandé le dépistage du cancer du poumon par tomodensitométrie thoracique low dose pour les personnes à haut risque afin de réduire la mortalité liée au cancer. Les lignes directrices d'éligibilité initiales avaient des limites, car elles étaient dérivées d'études dans lesquelles seulement 4 % des participants étaient des fumeurs afro-américains.
Élargir la base d’éligibilité au dépistage du cancer du poumon par TDM low dose
En mars 2021, ce groupe de travail a élargi l'éligibilité, abaissant le seuil d'éligibilité au dépistage du cancer du poumon de 55 à 50 ans et d'au moins 30 à au moins 20 paquets-années de tabagisme. Mais ces nouvelles directives ont soulevé des inquiétudes quant à leur dépendance continue aux seuils d'âge et de paquet-année. "C'était formidable d'élargir l'éligibilité, mais de simplement changer l'âge et les packs-années ne traite pas pleinement le risque de cancer du poumon, précise en effet le Pr Anand K. Narayan, radiologue dans le Département de radiologie de l'Université du Wisconsin à Madison. Nous savons depuis longtemps que certaines minorités raciales/ethniques sont confrontées à un risque plus élevé de cancer du poumon et ce niveau de risque n'est pas correctement reflété dans les nouvelles directives."
Les minorités raciales/ethniques sous représentées selon une enquête de 2019
Pour en savoir plus sur l'impact des changements sur les disparités dans l'éligibilité au dépistage du cancer du poumon, le Pr Narayan et ses collègues ont examiné les données de l'enquête 2019 sur le système de surveillance des facteurs de risque comportementaux, qui comprenait plus de 77 000 répondants. Les résultats de l'enquête, publiés dans un article de la Revue Radiology, ont montré que la proportion de répondants éligibles au dépistage du cancer du poumon est passée de 10,9 % avant les révisions à 13,7 % après les révisions. Cependant, les Afro-Américains, les Hispaniques et les Asiatiques/Insulaires du Pacifique sont restés moins susceptibles que les Blancs d'être éligibles au dépistage. Selon les nouvelles directives, 14,7% des Blancs étaient éligibles pour le dépistage du cancer du poumon, contre 9,1% des Afro-Américains, 4,5% des Hispaniques et 5,2% des Asiatiques/Insulaires du Pacifique.
Prendre exemple sur les critères d’éligibilité au dépistage du cancer du sein
Une meilleure façon de remédier aux disparités consisterait à incorporer des modèles de risque dans les lignes directrices d'éligibilité, pouvant aller au-delà de l'âge et des paquets-années pour inclure des variables telles que les antécédents familiaux et la présence d'une maladie pulmonaire obstructive chronique ou les déterminants sociaux de la santé tels que l'emploi, le niveau d'instruction et l'insécurité alimentaire. « Si nous intégrons les déterminants sociaux de la santé dans notre modèle, nous pourrons alors refléter plus précisément le risque, ajoute le Pr Narayan. Cela peut nous donner des outils pour orienter nos ressources vers les patients en termes de risque qu'ils encourent et de soins dont ils ont réellement besoin. Nous pouvons ensuite cibler les patients à haut risque pour des services de dépistage et de diagnostic plus pertinents. »
Le Pr Narayan a noté que dans le dépistage du cancer du sein, les femmes sont éligibles pour une imagerie supplémentaire avec IRM si leur risque de développer un cancer du sein est supérieur à 20 %. Un modèle similaire pourrait, selon lui, être utilisé dans le dépistage du cancer du poumon, rendant potentiellement plus de minorités raciales/ethniques éligibles au dépistage du cancer du poumon. « Dans un pays si diversifié et avec des patients vivant dans des conditions si différentes, j'ai l'impression que nous avons besoin de nouvelles solutions pour améliorer l’égibilité au dépistage du cancer du poumon », conclut le Dr Narayan.
Bruno Benque avec RSNA