Un nouveau radiotraceur pour dépister l'inflammation pulmonaire ?
MARDI 22 SEPTEMBRE 2020
Les syndromes inflamatoires ont peut-être trouvé leur radiotraceur, le Galuminox allié au Gallium-68. Les chercheurs responsables de la création de cette molécule présentent leur démarche pour détecter l'inflammation pulmonaire chez la souris et les promesses de leur étude.

Des chercheurs de la faculté de médecine de l'Université de Washington à Saint-Louis (Missouri, USA) ont mis au point un radiotraceur expérimental qui met en évidence la localisétion et l'intensité d’une inflammation. L'agent, connu sous le nom de Galuminox, s'est révélé prometteur dans l'imagerie par TEP du processus inflammatoires des poumons de souris atteintes de lésions pulmonaires aiguës, rapportent les chercheurs dans Redox Biology.
Le Galuminox lié au Gallium-68 comme nouveau traceur de syndromes inflammatoires
« Les médecins ne disposent pas d’un bon moyen d’évaluer une inflammation dès les premiers stades, ce qui peut entraver le diagnostic et le traitement de la maladie, remarque l’auteur principal, le Pr Vijay Sharma, professeur de radiologie, de neurologie et de génie biomédical à l’university’s Mallinckrodt Institute of Radiology (MIR). Nous nous sommes concentrés sur les lésions pulmonaires dans cet article, mais en principe, ce traceur pourrait être appliqué à d'autres organes sujets à une inflammation comme l’athérosclérose, la toxicité cardiaque et pulmonaire causée par la chimiothérapie ou le rejet de greffe notamment. Si nous avions l'approbation aujourd'hui, ce traceur pourrait même être utilisé pour le COVID-19. »
Les inflammations persistantes liées à des maladies chroniques n’ont pas de radiotraceur qui soit approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) ciblant spécifiquement les signes moléculaires de l'inflammation. Pour combler cette lacune, le Pr Sharma et ses collègues ont créé Galuminox, un composé chimique qui détecte les espèces réactives de l'oxygène, et l'ont lié au gallium-68. La production d'espèces réactives de l'oxygène indique une inflammation et a été associée au développement de nombreuses maladies aiguës et chroniques. Le radiotraceur ainsi constitué émet un signal radioactif en présence d'espèces réactives de l'oxygène qui peuvent être visualisées par PET scan.
Pouvoir agir en amont de l’insuffisance respiratoire pour les transplantés pulmonaires
Pour évaluer l'utilisation potentielle de ce radiotraceur dans un contexte de maladie, le Pr Andrew Gelman, professeur de chirurgie et co-auteur de l’étude, et ses collègues ont modélisé le syndrome de détresse respiratoire aiguë. Pour ce faire, ils ont injecté à des souris du lipopolysaccharide, pour stimuler la production d'espèces réactives de l'oxygène et qui est un composant de nombreux types de bactéries connues pour causer cette maladie. Les examens TEP ont révélé que le radiotraceur était concentré dans les poumons des souris qui avaient reçu du lipopolysaccharide, avec des mesures de la fonction pulmonaire médiocre associée à cette maladie.
Les chercheurs étudient actuellement si le Galuminox peut être utilisé pour étudier des maladies caractérisées par une inflammation chronique, comme l'échec de la transplantation pulmonaire. « Presque tous ceux qui reçoivent une transplantation pulmonaire finissent par être rejetés, et nous pensons que cela a à voir avec les espèces réactives de l'oxygène, poursuit le Pr Gelman. La transplantation pulmonaire typique ne dure qu'environ cinq à six ans. Nous pensons qu'un grand nombre des changements irréversibles dans les poumons se produisent avant que le patient ne présente des symptômes. Au moment où ils commencent à avoir des difficultés à respirer, il peut être trop tard pour un traitement efficace. Si nous pouvions détecter précocement les signes d'inflammation, nous pourrions être en mesure d'intervenir plus tôt et prolonger la durée de vie de la greffe. C’est ce que nous examinons actuellement. »
Bruno Benque