Un registre permettant de prévenir les réactions aux produits de contraste iodés ?
VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2019
Les patients ayant des antécédents familiaux et personnels de réactions allergiques aux produits de contraste iodés sont à risque de réactions futures, selon une vaste étude coréenne publiée dans la revue Radiology. Ce pourrait être le départ d'un registre ciblé pour la prévention à ces réactions.

On évalue à 50% le taux d'examens scanographiques utilisant les produit de contraste iodés (PdCI), notamment aux États-Unis.
Aucun registre disponible pour les réactions associées à l'injection de produit de contraste iodé
Se pose alors la question des réactions d'hypersensibilité ou d'allergie liées à ces solutés, bien que la plupart des symptômes soient légers. Cependant, dans certains cas, les PdCI peuvent provoquer des réactions allergiques graves pouvant mettre la vie du patient en danger. Malgré les complications potentielles, les efforts visant, d'une part, à identifier les personnes à risque de réaction allergique et, d'autre part, à prendre des mesures pour atténuer ces risques, n'ont pas été très efficaces. En Corée du Sud, par exemple, où plus de 4 millions de scanners impliquant l'utilisation de PdCI sont effectués chaque année, il n'existe pas de registre pour les réactions associées à l'injection de PdCI.
Une étude coréenne à grande échelle
Dans le cadre d'une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology, des chercheurs coréens ont examiné l'utilisation de PdCI et l'intérêt des mesures préventives pour les réactions chez près de 200 000 patients âgés de 59 ans en moyenne, ayant fait l'objet d'un scanner injecté en 2017 dans sept centres de radiologie participants. Parmi les 196 081 patients injectés, 1 433, soit 0,73%, ont présenté une réaction d'hypersensibilité. La plupart des événements étaient sans gravité. Cependant, 16,8% des événements ont été classés comme modérés à sévères. Les critères préventifs de la réaction comprenaient les antécédents individuels d’un patient de réaction au PdCI, d’hyperthyroïdie, d’allergie médicamenteuse, d’asthme et d’autres maladies allergiques, ainsi que des antécédents familiaux de réaction au PdCI.
Des mesures préventives efficaces
Les chercheurs ont découvert que l'utilisation d'antihistaminiques et le passage à un produit de contraste iodé avec un profil d'innocuité différent étaient utiles pour réduire la récurrence des réactions. "Nous voulions souligner dans notre étude l’importance de la prémédication et du changement de type de produit de contraste iodé en tant que mesures préventives utiles pour prévenir les réactions d’hypersensibilité récurrentes, précise le co-auteur principal de l’étude, le Dr Min Jae Cha, du Département de radiologie de Chung-Ang University Hospital à Séoul. Les réactions d'hypersensibilité aux produits de contraste iodés ne sont pas rares, mais bon nombre d'entre elles peuvent encore être prévenues."
Une étude qui pourrait être le point de départ d'un registre ciblé
Le lien entre les antécédents familiaux et les antécédents individuels de réaction aux PdCI suggère que certaines personnes ont une prédisposition génétique à une réaction. Les chercheurs étudient ainsi cette susceptibilité génétique potentielle, afin de mieux comprendre les profils génétiques liés aux réactions. Des gènes de susceptibilité à d'autres affections telles que l'asthme, la rhinite allergique et la dermatite atopique ont été identifiés dans ce cadre. Même avec une prémédication adéquate et le changement de produit de contraste, près d’un tiers des patients de l’étude ont tout de même présenté des réactions allergiques – un résultat qui souligne l’importance d’un registre national pour ce type de réaction comme base pour l’élaboration d’une stratégie de prévention des récidives.
"Nous espérons que nous pourrons bientôt mettre en place un registre intégré systématique à l'échelle nationale pour les réactions d'hypersensibilité liés aux PdCI en Corée, et notre étude pourrait constituer un premier pas vers cet objectif, annonce le Dr Cha. Des registres à grande échelle et à long terme impliquant une collecte de données continue avec des protocoles standardisés nous aideront à comprendre tous les aspects des facteurs contribuant à la survenue et à la récurrence de réactions d'hypersensibilité aux produits de contraste iodés."
Bruno Benque avec RSNA