Hypertrophie du VG : signe avant coureur de maladie coronarienne
VENDREDI 13 SEPTEMBRE 2019
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Radiology, l'hypertrophie ventriculaire gauche est un facteur prédictif de la mortalité et de l'insuffisance cardiaque liés à la maladie coronarienne. Dans ce cadre, l'IRM du VG serait plus prédictive que le coroscanner.
Dans une étude, dirigée par le Dr Nadine Kawel-Boehm, radiologue à l’hôpital Graubünden de Coire (Suisse) et publiée dans le Revue Radiology, une équipe de chercheurs a analysé les données recueillies dans le cadre de l’étude multi-ethnique sur l’athérosclérose (MESA) en cours, parrainée par le National Heart, Lung aud Blood Institute, sur un échantillon de 6 814 hommes et femmes âgés de 45 à 84 ans et ne présentant aucune maladie cardiaque connue.
Des données issues de l'étude multi-ethnique sur l'athérosclérose
Selon le Dr Kawel-Boehm, peu de recherches ont été menées pour prédire le risque à long terme d'événements cardiovasculaires chez des patients d'ethnie diverse présentant une hypertrophie ventriculaire gauche (VG) identifiée par IRM. "Des études antérieures utilisaient l'ECG ou l'échocardiographie, qui présentent une sensibilité plus faible dans le diagnostic de l'hypertrophie du VG et ne suivent généralement les patients que pendant plusieurs années, précise-t-elle. L'étude MESA a utilisé l'IRM, qui est la méthode de référence pour quantifier la masse du VG, et a fait l'objet d'un long suivi de 15 ans." Les chercheurs ont étudié des individus en bonne santé impliqués dans l’étude MESA. 4 988 participants au programme MESA ont subi une IRM cardiaque de base entre 2000 et 2002 et ont participé au suivi sur une période de 15 ans. L'IRM a montré que 247 participants au groupe d'étude avaient une hypertrophie du VG.
Une corrélation significative entre hypertrophie du VG et possible syndrome coronarien
L'âge moyen de tous les participants au départ était de 62 ans et 52% étaient des femmes. 39% d'entre eux étaient blancs, 13% asiatiques, 26% afro-américains et 22% hispaniques. Après un suivi de 15 ans, l'équipe de recherche a constaté que 290 patients avaient un événement de maladie coronarienne important, dont 207 infarctus du myocarde, et 95 décès. D'autre part, des décès liés aux maladies cardiovasculaires sont survenus chez 57 patients et 215 patients ont présenté une insuffisance cardiaque. Une analyse statistique des données a montré que l’hypertrophie du VG était un facteur prédictif indépendant d’événements coronariens importants, notamment l’infarctus du myocarde, le décès par insuffisance coronarienne et l’insuffisance cardiaque.
L'IRM du VG mieux que le coroscanner pour prédire les accidents cardiaques ?
Selon l'analyse, 22% des participants à l'étude présentant une hypertrophie du VG avaient un événement de coronaropathie important, contre 6% des participants sans hypertrophie du VG. Les patients présentant une hypertrophie du VG avaient 4,3 fois le risque de décès lié à une coronaropathie par rapport aux participants sans hypertrophie du VG. Les décès dus à des causes cardiovasculaires d'origine coronarienne ou non coronarienne étaient plus fortement liés à l'hypertrophie du VG qu'à l'identification de calcium dans l'artère coronaire par scanner. "Contrairement au calcium, dont on ne sait pas s'il régresse sous traitement médical, une masse LV élevée est potentiellement réversible sous traitement", remarque le Dr Kawel-Boehm.
En raison de la longueur du suivi de l’étude, celle-ci a identifié un risque d’événements cardiovasculaires augmentant chez les participants atteints d’hypertrophie du VG, en particulier après cinq ans. "Nos résultats fournissent davantage de preuves et de motivation pour un suivi et une prise en charge réguliers des personnes présentant une hypertrophie ventriculaire gauche, conclut-elle. Une masse plus élevée du VG par IRM peut, dans certains cas, avoir plus d'importance qu'un score de calcium élevé."
Bruno Benque avec RSNA