Marie Curie racontée par sa petite-fille
JEUDI 20 JUIN 2019
C'est une salle émue et respectueuse qui a écouté, lors du 12ème congrès de la SFRP, le récit de la vie de Marie Curie raconté par sa petite-fille Hélène Langevin-Jolliot. Un discours empli d'admiration et de fierté pour l'œuvre de cette femme brillante, tenace et emplie d'humanité.

C'est à un vif moment d'émotion qu'ont été invités à vivre les participants à la 12ème édition du congrès de la Société Française de RadioProtection ce mercredi 19 juin 2019 à La Rochelle.
Un couple uni dans les premières recherches sur la radioactivité
Car ce n'est autre que la petite-fille de Marie Curie, Hélène Langevin-Jolliot, physicienne nucléaire elle-même, à qui il a été donné de s'exprimer sur ses illustres grands-parents. Elle a, à cette occasion, évoqué avec insistance les liens forts que Pierre et Marie Curie entretenaient, sur le plan personnel bien sûr, mais également dans la conduite de leurs recherches respectives. "L'un était chimiste et l'autre physicienne, a-t-elle expliqué, mais leurs disciplines de confondaient dès qu'il s'agissait de travailler sur la radioactivité. C'est grâce à cette collaboration qu'ils ont mesuré pour la première fois, en 1898, l'activité d'un échantillon d'uranium".
La première femme à intégrer la communauté scientifique internationale
Hélène Langevin-Jolliot a exprimé son admiration devant son aïeule qui, à une époque où ses contemporaines étaient considérées comme les assistantes des recherches des hommes, a su s'imposer comme une scientifique à part entière. "Ma grand-mère a réussi ce tour de force, sans doute parce que son mari avait pris le parti de la mettre en avant pour promouvoir ses découvertes, mais également parce que c'était quelqu'un de "têtu" qui ne baissait jamais les bras", a-t-elle poursuivi. Ce trait de caractère a été mis en avant notamment lorsque, en 1903, à la mort de Pierre Curie, elle avait obtenu un poste d'enseignant universitaire à la Sorbonne, la première femme française à accéder à ce statut, afin de pouvoir poursuivre ses recherches, et la première à intégrer la communauté scientifique internationale aux côtés d'Albert Enstein ou d'Antoine Béclère.
Elle impose aux militaires les premiers appareils radiogènes médicaux à proximité des champs de bataille
"Ses qualités de battante lui ont ensuite permis de quitter le petit laboratoire de la rue Cuvier (Paris Vème) et de créer l'Institut du Radium dans l'enceinte de l'Institut Pasteur, a ensuite annoncé Hélène Langevin-Jolliot. Elle a également développé les nouveaux systèmes de radiologie diagnostique et les a imposés, grâce aux réseaux qu'elle avait pu constituer pour l'occasion, aux officiers lors de la guerre de 14-18, pour pouvoir les installer près du front et contribuer aux soins prodigués aux soldats blessés". Sans compter les deux Prix Nobel qui lui ont été attribués, de physique en 1903 avec Pierre Curie, et de chimie en 1911.
C'est avec le plus profond respect que l'assistance a écouté cette femme de 91 ans racontant avec fierté et parfois avec malice le parcours de sa grand-mère tout en délivrant un message incitant les jeunes générations, qu'elle trouve quelque peu individualistes, à s'ouvrir à l'autre. Car, nous a-t-elle dit en conclusion, les grandes réalisations sont le résultat de collaborations et d'ouverture sur l'autre. Pierre et Marie Curie en sont l'illustration parfaite.
Bruno Benque