Bientôt de la perfusion quantitative et de l'imagerie moléculaire froide par scanner
MERCREDI 07 FéVRIER 2018
Parmi les sujets présentés lors du MDCT 2018, le scanner spectral a été l'un des plus suivis. Les applications que cette technologie désormais mature peut encore faire émerger devraient faire évoluer significativement les pratiques radiologiques, selon le Pr Philippe Douek.

Le Symposium Scanner volumique (MDCT) 2018, qui s'est tenu les 29 et 30 janvier 2018 à Nancy, a permis aux nombreux acteurs de l'imagerie médicale présents de découvrir l'évolution d'une technologie d'avenir, le scanner spectral à comptage photonique.
Le Pr Douek, pionnier français du scanner à comptage photonique
Plusieurs présentations y étaient consacrées, signe d'une maturité naissante et d'un intérêt grandissant au sein de la communauté. Le Pr Philippe Douek, qui travaille sur un projet de développement de cette technologie depuis quelques années au Cermep, le centre d'imagerie multimodale in vivo lyonnais dédié à la recherche fondamentale et clinique, est revenu sur les bases physiques de ce système d'acquisition d'images qui cumule l'effet photoélectrique et l'effet Compton. "Les détecteurs du scanner spectral sont capables de transformer directement les photons en énergie et d'obtenir une densité différente selon le niveau d'énergie atteint", a-t-il annoncé en préambule. Ainsi, en une seule acquisition, il est possible d'obtenir différentes visions d'une même coupe, selon le niveau d'énergie, entre 40KeV et 120KeV, qui nous intéresse.
Obtenir des informations essentielles à bas kilovoltage
Cette technologie permet de réaliser également des reconstructions et des recombinaisons itératives, afin de distinguer les images à densité iodée et aqueuse ou de supprimer les densités calciques ainsi que les artéfacts créés par les matériels implantés. "Une des applications les plus intéressante est par exemple le défaut de perfusion pulmonaire, à l'occasion d'une embolie, que l'on visualise parfaitement avec un très bas kilovoltage (40kV) par une coloration noire du vaisseau pulmonaire, a-t-il poursuivi. Mais ce n'est pas tout ! Nous travaillons actuellement sur un prototype utilisant les informations relatives au K-edge, le pic d'absorption présent dans les courbes caractéristiques à chaque énergie. Il peut classer les voxels en niveaux d'énergie atteints."
Perfusion quantitative et imagerie moléculaire froide
Ce nouveau champ de recherche ouvre la voie vers la discrimination des agents de contraste et la découverte de nouveaux niveaux d'opacification selon l'énergie considérée. Un projet européen accompagné par Philips et Bracco se propose ainsi, à l'horizon 2020, de développer des produits de contraste ostéo-articulaires, des procédures d'analyse de stent ou de la quantification de contraste. "Des expériences menées pour réaliser du contraste de lésion cérébrales avec des particules d'or, a annoncé le Pr Douek. On peut ainsi imaginer de nouvelles applications pour des agents de contraste à identifier pour obtenir une perfusion rénale ou réaliser un coroscan au gadolinium !"
Le scanner spectral nous fournira donc bientôt trois niveaux d'informations: photoélectrique, Compton et K-edge, pour une nouvelle réduction des doses de rayons, une résolution encore améliorée et la possibilité de décomposer les matériaux. "Nous pourrons demain, grâce à cette technologie, faire de la perfusion quantitative ou de l'imagerie moléculaire froide, a conclu le Pr Douek. La seule contrainte, s'il y en une, est le volume de données généré par le scanner spectral à comptage photonique, de l'ordre d'1To par acquisition."
Bruno Benque