La téléimagerie scrutée par l’ANAP
SAMEDI 25 MAI 2013 Soyez le premier à réagirLa téléimagerie se place comme une alternative sérieuse à la présence des radiologues dans certains hôpitaux, dans l’optique d’assurer une continuité des prestations en imagerie. C’est ce que nous révèle l’étude, réalisée par l’ANAP en 2012, de 4 projets régionaux de mutualisation des images médicales.
L'ANAP a passé à la loupe 25 projets de télémédecine matures, sur tout le territoire, afin de réaliser un retour d'expériences susceptible d'aider les porteurs de projets similaires[1]. Parmi ces 25 initiatives, 4 sont dédiées à la permanence des soins en imagerie, dont 2 en région Nord-Pas-de-Calais – TELURGE et Fédération interhospitalière d'imagerie (FIHI) Flandres-Lys –, 1 en Martinique – Téléimagerie au CHU Fort-de-France (CHUFF) –, la dernière se trouvant sur le territoire Aquitain – ATR-Aquitaine Téléradiologie (ATRA).
Responsabilités et compétences étendues pour les manipulateurs
Bien que tous ces projets soient différents, ils ont un dénominateur commun : la pénurie de radiologues en structures publiques et la difficulté à assurer la continuité des prestations d'imagerie en périodes ouvrées. L’organisation et la gouvernance des projets d’origine publique diffèrent peu. En pratique, il s'agit de faire réaliser les examens par des manipulateurs hospitaliers, à la demande de médecins urgentistes la plupart du temps, et d'en assurer les interprétations par des radiologues délocalisés. Ceci provoque quelquefois (FIHI et CHUFF) de la résistance de la part de certains manipulateurs, qui voient leurs responsabilités étendues. Mais, généralement, l’autonomie avec laquelle leur mission est effectuée, dans ce cadre, les satisfait et une relation de confiance s’installe entre les personnels médicaux et paramédicaux.
Des 4 projets, seul ATRA a été initié par un radiologue privé et se caractérise par une gouvernance et une organisation centralisées. Créé pour mutualiser uniquement les images, il a évolué vers la télémédecine dans un deuxième temps. Il présente quelques particularités, comme le nombre important de radiologues impliqués (18), l'utilisation d'un réseau hertzien, la structure juridique (SCM) et la commercialisation de prestations. Il assure la prise en charge de quelque 160 000 patients par an, répartis sur 11 structures publiques et privées, ce qui en fait le projet le plus abouti, avec TELURGE.
Des coûts de fonctionnement disparates
Ce dernier est le plus ancien (1996) et couvre un bassin plus large. En effet, il mutualise aujourd’hui, autour de l’unité de neurochirurgie du CHRU de Lille, les examens dédiés d'une vingtaine d'établissements. Il concerne 219 urgentistes, ainsi que 17 neurochirurgiens. Sa montée en puissance, conjuguée à la forte augmentation du nombre d’images en coupe (scanner et IRM), ont eu pour effet, en 2004, de saturer le réseau. Dès lors, un réseau haut débit a été mis en place, qui est utilisé également par l’autre projet régional, FIHI. Celui-ci, bien que plus modeste que le précédent, couvre la totalité des urgences radiologiques du bassin de population d’Armentières et alentour.
Quant au projet martiniquais, après plusieurs années de fonctionnement en routine, il a vu ses flux d’échanges d’images décroître progressivement, depuis le recrutement de nouveaux internes au CHU de Fort-de-France et faute de financements suffisants. Ce type d’initiative requiert en effet un engagement budgétaire non négligeable, en matériels et en coûts de fonctionnement.
Ainsi, pour ATRA, l’investissement de départ, pour le serveur et autres matériels, s’est élevé à 15 000 €, tandis que l’abonnement au réseau se chiffre à 400 € par mois. Pour TELURGE, il a fallu investir, pour chaque établissement, près de 12 000 €, les frais de fonctionnement représentant environ 10 000 € par an.
L’ensemble de ces 4 projets a démontré qu’une alternative à la pénurie de médecins est possible, et qu’en optimisant l’organisation de chacun d’eux, on pourra, à l’avenir, assurer une permanence des prestations d’imagerie sur tout le territoire.
[1]Le document peut être téléchargé : http://www.anap.fr/uploads/tx_sabasedocu/ANAP_Telemedecine_en_action_tome2.pdf
Paco Carmine