Une prise en charge pluridisciplinaire du cancer de l'ovaire
LUNDI 12 MAI 2025
Détecter le cancer de l’ovaire plus tôt fait partie des objectifs de la communauté scientifique pour en améliorer le pronostic. Dans un article publié dans la Revue European Radiology, le référentiel IRM O-RADS est présenté comme la base de la stratification du risque pour cette pathologie. Une prise en charge pluridisciplinaire faisant la part belle à l’imagerie y est décrite, de même que les protocoles de personnalisation des traitements pour améliorer les chances de survie des patientes.

Un article publié dans la Revue European Radiology met en lumière la collaboration multidisciplinaire comme pierre angulaire d'une prise en charge optimale du cancer de l'ovaire, donnant une place prépondérante à l'évaluation radiologique tout au long du parcours des patientes.
Détecter le cancer de l’ovaire plus tôt pour en améliorer le pronostic
Le cancer de l'ovaire est largement représenté par le carcinome épithélial de l’ovaire (CEO), qui se développe à partir des cellules épithéliales des trompes de Fallope et des ovaires. Citons également les tumeurs germinales ovariennes, les tumeurs stromales ovariennes et le carcinome à petites cellules de l'ovaire. Il n'existe pas de dépistage efficace de la population.
Sur le plan thérapeutique, la meilleure compréhension de la biologie et de la composition génomique du cancer de l'ovaire, ainsi que l'amélioration des techniques chirurgicales et des traitements plus ciblés, ont entraîné des changements de paradigme dans la prise en charge de la maladie. Dépourvu de symptômes spécifiques, cette pathologie est souvent identifiée à un stade avancé, c’est pourquoi une détection plus précoce fait l’objet de travaux scientifiques.
Le référentiel IRM O-RADS comme base de la stratification du risque
Pour le radiologue, l'essentiel est d'assurer un taux de détection élevé des tumeurs malignes sans surtraiter les lésions bénignes, par échographie ou tomodensitométrie (TDM). Mais c’est l’IRM qui permet une stratification du risque, via le référentiel IRM O-RADS qui utilise un protocole d'IRM standardisé, avec des séquences fonctionnelles pour classer les lésions en cinq groupes de risque. Les groupes de risque les plus élevés sont le score 4 (dont 50 % sont des cancers borderline ou invasifs) et le score 5 (dont 90 % sont des cancers borderline ou invasifs).
Dans le cancer propagé en péritonéal, le rôle clé de l'imagerie est de cartographier l'étendue de la maladie, de planifier le traitement optimal, ainsi que de faciliter la biopsie, l'évaluation de la réponse et la détection des récidives. Le principal défi pour les radiologues est de détecter les lésions disséminées de faible volume, qui peuvent être difficiles à détecter en TDM. L’IRM permet de mieux délimiter l'étendue de la maladie péritonéale et pourrait contribuer à améliorer la sélection des patientes à l'avenir.
Une prise en charge pluridisciplinaire qui fait la part belle à l’imagerie
Sur le plan thérapeutique, la prise en charge pluridisciplinaire joue un rôle déterminant. Contrairement à de nombreuses autres tumeurs malignes, la résection chirurgicale est souvent réalisée sans biopsie, car une biopsie sur une masse pelvienne isolée risquerait de surévaluer le stade de la maladie. Il existe des critères d'imagerie contre la résection chirurgicale, parmi lesquelles une atteinte des organes du système digestif ou du tronc cœliaque. La chimiothérapie entre alors en jeu, conditionnée par le sous-type pathologique, mais aussi par le stade (FIGO) de la maladie.
À l'avenir, l'utilisation du score O-RADS IRM dans l'évaluation des masses annexielles indéterminées à l'échographie permettra d'utiliser des approches conservatrices de la fertilité chez les jeunes patientes présentant des masses solitaires. Les lésions annexielles avec un score de 2, identifiées avec spécificité par l’IRM, sont très probablement bénignes et peuvent être prises en charge en conséquence en évitant les surtraitements tout en garantissant une détection précoce des tumeurs malignes.
Développer les protocoles de personnalisation des traitements pour améliorer les chances de survie
Parmi les nouveaux traitements, citons le ciblage de la voie de la protéine kinase activée par les mitogènes dans le cancer séreux de bas grade [ou les orientations thérapeutiques combinant les anticorps et l'immunothérapie. Sur le plan diagnostique, la radiomique est un domaine prometteur de l'imagerie pour la stratification du risque via l'intégration de modèles prédictifs de récidive de la maladie, avant le traitement, dans la pratique clinique pourraient accroître la personnalisation des traitements et améliorer les résultats pour les patientes.
Paco Carmine