Une nouvelle étude promeut le comptage photonique pour l'évaluation de la sténose coronaire calcifiée
VENDREDI 12 JANVIER 2024
Soyez le premier à réagirSelon une étude allemande publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), la tomodensitométrie à comptage de photons avec reconstruction d'imagerie monoénergétique virtuelle (VMI) semble pallier aux limites de la quantification de la sténose sur le coroscanner. Ce travail a utilisé la coronarographie comme référence pour la comparaison.
Dans l’exploration de la maladie coronarienne stable, le coroscanner est la technique clinique de choix largement utilisée. Les mesures du taux de sténose de l'artère coronaire par coroscanner réalisé par un détecteur à intégration d'énergie (EID) conventionnel donnent une faible Valeur Positive Prédictive (VPP) due principalement à des artefacts liés à sa teneur calcique qui conduit à une surestimation de la sténose. Cette surestimation a pour conséquence l’exploration de certains patients sans signe clinique de sténose significatif par coronarographie après le coroscanner.
Les limites de la tomodensitométrie classique pour évaluer précisément une sténose calcifiée
Une des stratégies proposées pour améliorer la précision diagnostique de ce dernier consiste à reconstruire des images monoénergétiques virtuelles (VMI) à keV élevé pour réduire l’impact du calcium et ainsi améliorer la quantification de la sténose, ce qui est possible avec une TDM EID à double énergie. Cependant, cette technique souffre d’une faible résolution temporelle qui nuit à sa notoriété.
Le scanner à comptage de photons (TDM-CP) à double source présente, à cet égard, des avantages par rapport à la TDM EID car elle permet d’obtenir une résolution spatiale améliorée, un bruit d'image réduit et des données spectrales disponibles en continu. Compte tenu de ces avantages, la TDM-CP a le potentiel d'améliorer la précision de la quantification de la sténose et ainsi réduire le biais de surestimation dans la quantification de la sténose coronarienne grâce à l'utilisation de reconstructions VMI à des niveaux d'énergie optimaux.
Une étude allemande prend la coronarographie comme référence pour évaluer le résultat du coroscanner à comptage photonique
C’est pour valider cette hypothèse que des chercheurs allemands ont réalisé une étude, publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), dans le but d'évaluer l'impact de la reconstruction VMI sur la quantification de la sténose de l'artère coronaire à l'aide d'un système de TDM -CP à double source.
« Lors de la réalisation d'un coroscanner par TDM-CP, la sélection du niveau de VMI influence l'évaluation de la sténose dans les plaques calcifiées et mixtes, impactant ainsi potentiellement la prise de décision clinique », a écrit l'auteur de l’étude, le Dr Tilman Emrich, du département de radiologie diagnostique et interventionnelle du Centre médical universitaire de Mayence (Allemagne).
Pour ce travail, un fantôme contenant deux vaisseaux sur mesure (sténoses à 25 % et 50 %) a subi des acquisitions de TDM-CP sans et avec mouvement cardiaque simulé. Une analyse rétrospective a été réalisée sur 33 patients (7 femmes, 26 hommes ; âge moyen 71 ans ; 64 sténoses de l'artère coronaire) qui ont fait l’objet d’une angiographie coronarienne par TDM-CP suivie d'une 
coronarographie. Les scans ont été reconstruits à neuf niveaux de VMI, de 40 à 140 keV. Le pourcentage de sténose a été mesuré et le biais a été déterminé à partir du pourcentage de sténose calculé dans les mesures quantitatives du fantôme par coronarographie.
Des résultats de plus en plus précis à mesure que l’énergie augmente pour les sténoses calciques
Les chercheurs ont identifié une diminution du pourcentage de sténose et des artefacts calciques au fur et à mesure de l'augmentation du niveau de VMI dans la plaque calcifiée ou mixte. La mesure de la sténose présentait le biais le plus faible, en prenant la coronarographie pour référence, à 100, 140 et 40 keV pour les plaques calcifiées, mixtes et non calcifiées, respectivement.
« À notre connaissance, cette étude est la première étude in vivo à étudier l’influence de différents niveaux de VMI sur la quantification de la sténose par TDM-CP par rapport à la coronarographie comme norme de référence », a conclu le Dr Emrich.
Bruno Benque avec AJR